mercredi 21 avril 2010

Togo - Furie populaire contre Gilchrist Olympio, Ingratitude ou exaspération vis-à-vis d’un leader sénile ?

(Afriscoop 21/04/2010)
(AfriSCOOP Analyse) — La vie politique togolaise est de nouveau sous les rampes de l’actualité francophone d’Afrique depuis l’évènement historique qui s’est produit le samedi 17 avril 2010 à un nouveau meeting organisé par le Frac (Front républicain pour l’alternance et le changement) pour contester la « validation par la Cour constitutionnelle des résultats provisoires de la présidentielle du 04 mars » qui font de Faure Gnassingbé le vainqueur de cette joute électorale. L’évènement en question, c’est la furie qui s’est abattue sur le cortège de Gilchrist Olympio, à son arrivée au meeting précité. L’Ufc (Union des forces de changement) est-elle plus que jamais sous la coupe de la division ? Vu de l’étranger, comment va t-on interpréter cette bouderie envers le fils du premier président togolais assassiné en 1963 ?
Il y a plus d’un mois, nul n’aurait prédit dans le landerneau politique togolais que celui que l’on a pris l’habitude d’appeler « opposant historique au régime du défunt Eyadèma Gnassingbé » essuierait une bouderie de la part des militants et sympathisants de son propre parti. Pourtant, c’est cette scène ubuesque que les irréductibles de l’Ufc ont offert au reste du monde samedi dernier. Le cabinet du président national de l’Ufc a beau avancé l’interprétation suivante : « L’incident de ce début d’après-midi à la plage est arrivé à la vue du cortège de M. Olympio escorté par deux camionnettes de gendarmes affectés par les autorités à sa sécurité. Ces gendarmes furent accueillis par des cris hostiles venant des militants souhaitant prendre en charge eux-mêmes la sécurité de leur Président et demandant à ces gendarmes de libérer les lieux. Cette hostilité s’explique par le fait que dans la semaine, le siège de notre parti fut pris d’assaut par des gendarmes qui ont brutalisé et arrêté un certain nombre de militants… Pour des raisons de sécurité, et compte tenu de cette ambiance surchauffée, le convoi de M. Olympio a dû rebrousser chemin ». Difficile de faire avaler cette “couleuvre” aux observateurs de la scène politique togolaise.
Certes, samedi dernier, sur les près de 100.000 irréductibles de l’Ufc qui assistaient à son meeting à la plage de Lomé, il y avait une frange qui a acclamé l’arrivée de leur « leader historique » sur les lieux de leur manifestation. Mais, une chose est désormais évidente ; G. Olympio n’est plus le “bienvenu” dans les grandes manifestations de sa formation politique. « Nous ne voulons pas de ce monsieur sur le lieu de notre meeting », clamaient certains partisans de l’Ufc dans le tohu-bohu qu’a provoqué l’arrivée manquée du fils du père de l’indépendance du Togo sur le lieu du meeting du Frac. Mieux, à la fin de cette manifestation populaire, en rentrant à la maison, « certaines chemises jaunes togolaises » n’ont éprouvé aucune gêne à crier à haute et intelligible voix : « Nous avons chassé M. Olympio quand il est arrivé sur le lieu de notre meeting » ! D’ailleurs, après l’arrivée avortée du président national de l’Ufc au meeting du Frac, les organisateurs ont tenu à représenter, un à un, à leurs milliers de sympathisants, les « leaders du Frac ». Jean-Pierre a en outre déclaré à la fin du même rassemblement populaire qu’« il a suivi de très loin l’incident de ce samedi 17 avril et qu’il va se rendre après auprès de M. Olympio » ! Alors même que dans la cohue indescriptible qui entourait la progression du cortège de G. Olympio au milieu de la foule déchaînée, Jean-Pierre Fabre s’était levé pour essayer d’aller à la rencontre du président de son parti…
G. Olympio et la rançon du mutisme
De toute vraisemblance, les populations togolaises éprises de justice sociale et politique n’ont pas pardonné au « leader historique » son mutisme depuis le 04 mars ainsi que ses écarts de langage avant et le jour du scrutin lui-même !
« Le miraculé de l’attentat de Soudou (nord-Togo) » avait entre autres déclaré le 02 mars, à la faveur d’un retour à Lomé, qu’il « était surtout revenu dans la capitale togolaise pour des affaires familiales » ! Alors même que ses milliers de partisans l’attendaient en terre togolaise pour donner son onction publique au candidat de leur parti, Jean-Pierre Fabre. Ce 02 mars 2010, c’était aussi le dernier jour de campagne sur toute l’étendue du territoire national ; près d’un 1,5 millions de « chemises jaunes togolaises » avaient soit envahi les rues loméennes pour aller réserver un « bon et chaleureux accueil » à M. Olympio. Soit encore pour vanter les mérites de l’Ufc et de son candidat Fabre !!! G. Olympio se rendra coupable d’une nouvelle gaffe verbale en déclarant le 04 mars, peu après son vote, au micro de Tvt (Télévision nationale togolaise) que « même si son candidat ne remportait pas la victoire électorale à l’issue du scrutin, ce n’est pas la fin du monde » ! Alors même que les foules attirées par son parti durant sa campagne laissaient croire en une probable victoire haut la main de Jean-Pierre Fabre.
Dans l’entourage de M. Olympio et de son parti, on a beau fait comprendre à la grande foule de sympathisants et militants que c’est la confusion faite entre la personne du webmaster de l’Ufc et celle du radié Atsu Homawoo qui a déclenché samedi dernier l’ire des « chemises jaunes togolaises ». Cependant, de toute vraisemblance, la roue de l’histoire semble avoir tourné au sein de la première force de l’opposition togolaise. « Le mythe Olympio » est tombé par les soins des inconduites de Gilchrist lui-même depuis que dame nature l’a obligé à être out de la course à la magistra ture suprême en mars dernier. Seule Ago (Amis de Gilchrist Olympio, un groupe créé au sein de l’Ufc) semble n’avoir toujours pas compris que « la voix du peuple, c’est la voix de Dieu ».

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