(L'Orient- Le Jour 15/04/2010)
Le Parti du congrès national a annoncé que si les urnes lui étaient favorables, il inviterait des groupes d'opposition à entrer au gouvernement.
Le parti du président soudanais Omar el-Béchir a affirmé hier vouloir « inclure » dans un futur gouvernement des partis d'opposition ayant boycotté les élections en cours, marquées par des accusations de fraude et des problèmes techniques. « Nous voulons que notre gouvernement soit le plus ouvert possible. Si nous remportons les élections, si le président est le vainqueur, l'étape suivante sera de former un gouvernement. Et nous allons transmettre une invitation à tous les partis, même ceux qui n'ont pas participé aux élections », a dit le conseiller présidentiel Ghazi Salaheddine à des journalistes à Khartoum.
Le Soudan tient actuellement ses premières élections - législatives, régionales et présidentielle - multipartites depuis près d'un quart de siècle, mais ce scrutin est boycotté par une partie de l'opposition - dont le Oumma, vainqueur des élections de 1986 - accusant le président Béchir de truquer le scrutin. Ce boycott a toutefois été annoncé après l'impression des bulletins de vote, ce qui signifie que les électeurs peuvent encore voter pour des candidats de partis d'opposition, notamment aux législatives où l'opposition a toujours des chances de faire élire des députés. D'abord, des candidats locaux ont refusé de suivre l'appel au boycottage de leur parti et ont ainsi mené jusqu'à la toute fin leur campagne électorale. Ces candidats pourraient être élus directement par les électeurs. En plus, les Soudanais votent aussi pour des listes de partis qui permettent à une formation ayant obtenu plus de 4 % des votes d'avoir un siège à l'Assemblée nationale.
« Je pense qu'il est dans leur intérêt (d'accepter). Si les élections sont reconnues par les grands décideurs internationaux et les institutions internationales, cela voudra dire que le gouvernement est reconnu. Alors s'ils (opposition) décident de ne pas rejoindre le gouvernement, de refuser l'offre, ils s'isoleront eux-mêmes... », a ajouté M. Salaheddine, précisant que le prochain gouvernement serait probablement formé au mois de mai.
Seize millions de Soudanais sont appelés à voter pour ces premières élections qui se déroulent de dimanche à jeudi, après avoir été prolongées de deux jours en raison de problèmes techniques. Elles devraient reconduire au pouvoir le président Omar el-Béchir. Ce dernier, au pouvoir depuis 21 ans, cherche une nouvelle légitimité après le mandat d'arrêt émis contre lui par la Cour pénale internationale (CPI) qui l'accuse de crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour, région de l'ouest du pays en proie depuis sept ans à la guerre civile.
Les électeurs votaient au compte-gouttes hier. La commission électorale (NEC) a fait état mardi d'un taux de participation oscillant entre 40 % et 67 %, selon les États, pour les deux premiers jours de scrutin.
Plusieurs électeurs n'ont pas trouvé leur nom sur les listes électorales, des bureaux de vote n'ont pas reçu les bons bulletins de vote et parfois le nom de candidats ne figurait pas sur les bulletins. Ces problèmes techniques ont par ailleurs contraint la commission électorale à geler la tenue du scrutin dans certaines circonscriptions. « Les logos ont été échangés dans un nombre très limité de circonscriptions », a déclaré le vice-président de la commission, Abdullah Ahmad Abdullah. « Conformément à la loi, (la commission) peut annuler des élections et les organiser à nouveau dans un délai de 60 jours. C'est l'une des options à l'étude. » D'autres membres de la commission et des observateurs étrangers ont expliqué que des problèmes d'impression sur les bulletins de vote avaient été détectés dans 15 à 18 circonscriptions.
L'ex-président américain Jimmy Carter, dont la fondation évalue le processus électoral en cours, s'est entretenu hier avec la NEC à Khartoum et s'est dit « satisfait » des réponses reçues, sans autre précision.
15/04/2010
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