jeudi 8 avril 2010

Nigeria - NOUVEAU GOUVERNEMENT AU NIGERIA: Mister Goodluck imprime sa marque

Environ trois semaines après la dissolution du gouvernement dont il a hérité du président élu, le président intérimaire Goodluck Jonathan vient de former son gouvernement. L’homme qui avait besoin de prendre définitivement les rênes du pouvoir à Abuja vient de franchir une étape importante pour asseoir son autorité et avoir la mainmise sur les leviers du pouvoir. On peut désormais affirmer que la machine Goodluck est lancée.
La composition même du gouvernement est révélatrice de la méthode de gouvernement qu’il entend imposer. Il n’a pas voulu casser la baraque comme on dit, en se débarrassant de toute l’équipe de son prédécesseur. Il en a gardé 14 membres, histoire d’assurer la continuité, mais surtout la cohésion de son camp politique, traversé depuis la maladie de Umaru Yar’Adua par des dissensions internes liées justement à l’intérim. Un savant dosage qui a même vu le neveu du président élu hériter du maroquin de vice-ministre de la Défense.
Mais, le fait marquant de ce gouvernement reste la nomination fracassante et inhabituelle d’une femme au poste très stratégique de ministre du Pétrole. Dans le même temps, le chef de l’Etat a relevé le patron de la société nigériane des hydrocarbures de ses fonctions. Goodluck ne le dit pas, mais il y a comme une reprise en main de ce secteur, gangrené par la corruption. Lors de la prestation de serment des nouveaux ministres au nombre de 38, le président intérimaire a réaffirmé sa volonté de lutter contre cette gangrène et déclaré que la nouvelle équipe allait prendre des mesures courageuses dans tous les secteurs.
Mais, toujours sur le terrain du pétrole, il est attendu sur la résolution de ce conflit permanent entretenu par le MEND sur le partage des revenus pétroliers. Originaire de la région du delta du Niger, on attend de voir quelle orientation il donnera à ce dossier sensible pour la République fédérale du Nigeria dont la cohésion est mise à mal avec le regain de violences ethno-religieuses entre les communautés. Ce ne sont donc pas les chantiers qui manquent. Lui-même voudrait mettre l’accent sur les infrastructures jugées délabrées et résoudre la question de l’électricité, insuffisante pour satisfaire une économie de 150 millions d’âmes.
Le hic , c’est qu’il lui reste à peine une année pour faire la preuve de ses capacités de dirigeant. Il lui faudra obtenir des résultats probants avant la fin du premier semestre de 2011, s’il veut se donner une chance de prétendre à une candidature pour un nouveau mandat, ou à défaut, permettre à son parti de présenter un bilan acceptable pour mériter à nouveau la confiance des électeurs. L’un dans l’autre, Goodluck Jonathan a le dos au mur. Il joue en quelques mois son avenir politique et celui de son parti. Les Nigérians voudraient le voir à l’œuvre maintenant.

Abdoulaye TAO
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