(L'union.presse.fr 21/04/2010)
MAGENTA (Marne. Le dossier Plysorol serait-il en train de devenir une affaire diplomatique ? Certes, les trois pays concernés (France, Chine et Gabon) suivent de près ce qu'il se passe dans l'entreprise via leurs ambassades respectives au Gabon notamment.
Mais jusqu'à présent, cet aspect sensible concernant les relations entre les pays était simplement supposé par les salariés et leurs représentants. Cette fois, la pression semble pourtant avoir monté d'un cran. Dans un e-mail envoyé hier à quelques journalistes ainsi qu'aux deux administrateurs judiciaires de l'entreprise et à un cadre de Plysorol, François Wu, le directeur général actuellement au Gabon, brandit l'argument diplomatique en des termes à peine voilés.
« Notre dossier a été suivi en Chine à un très haut niveau, écrit-il. On demande au gouvernement français de faire une table ronde pour essayer de trouver une solution définitive avant que cela ne devienne une affaire diplomatique. »
S'agit-il d'une menace ? Hier, les services français au Gabon n'avaient pas eu connaissance de cet e-mail, même si l'on reconnaît sur place qu'il s'agissait déjà avant cela d'une affaire de ce type.
Ne serait-ce, aussi, que parce que l'actionnaire chinois de Plysorol, Guohua Zhang, détenu plusieurs jours par les autorités gabonaises, a été remis en liberté grâce à une intervention diplomatique chinoise.
Quelle est en revanche la réaction officielle de la France face à une telle déclaration ? Contactés hier, les services de Christian Estrosi au ministère de l'Industrie en charge du suivi du dossier, n'avaient pas encore apporté de réponse dans la soirée.
« Ils iront jusqu'au bout »
Par ailleurs, la cour d'appel de Caen a confirmé hier que l'actionnaire avait bien interjeté appel de la procédure de redressement judiciaire décidé par le tribunal de commerce de Lisieux le 9 avril.
Il n'est toutefois pas suspensif. « Ils iront jusqu'au bout de ce dossier tant qu'ils auront des intérêts, constate Me Philippe Brun, l'avocat des salariés des sites d'Epernay, Lisieux et Fontenay-le-Comte. Quoi qu'il en soit, la clé est au Gabon. »
Quant à cette nouvelle ruade du dirigeant chinois, le juriste n'est guère étonné de l'argument désormais mis en avant. « On s'en est douté quand on a vu que l'État ne bougeait pas malgré ce qu'il se passait dans l'entreprise, ce n'était pas logique », déplore-t-il.
Plysorol possède plusieurs centaines de milliers d'hectares de forêt au Gabon via ses filiales Pogab et Leroy Gabon.
Plusieurs documents prouvent que François Wu a tenté de transférer des permis d'exploitation forestiers pour plusieurs centaines de milliers d'hectares il y a quelques semaines à une société inconnue sur place, Concours Bois SARL.
Ces transferts avaient été refusés par le ministre des Eaux et Forêts gabonais.
J.G.-A.
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