(L'Expansion 15/04/2010)
Au Gabon, la société familiale Rougier, un des leaders du bois tropical en Afrique, a obtenu le 9 octobre 2008, la certification FSC - Forest Stewardship Council pour sa chaîne de contrôle et pour trois de ses concessions forestières dans le pays, sur près de 700 000 hectares. Cet écolabel garantit une gestion forestière responsable, socialement bénéfique, économiquement viable et respectueuse de l’environnement. Voyage au coeur de la concession du Haut-Abangaau au nord-ouest du pays dans la province du Woleu-Ntem.
Avec près de deux millions d'hectares, le Gabon est le deuxième pays dans le bassin du Congo en terme de surface de forêt certifiée FSC, Forest Stewardship Council, un écolabel fondé en 1993, qui garantit une gestion durable des forêts.
100 % du bois transformé au Gabon
Autre changement majeur au Gabon : la transformation locale de 100 % du bois local. De 12 %, elle est passé à près de 50 % aujourd'hui. L'objectif était d'atteindre 75 % des volumes des grumes de bois transformés en 2012 et 90 % en 2025..., jusqu'à l'arrivée au pouvoir du fils du président défunt, Ali Ben Bongo. Le nouveau patron du Gabon a imposé, presque du jour au lendemain, un objectif de 100 % réalisable dés le 1er janvier 2010..., semant la panique chez les forestiers. Depuis, ils ont obtenu de pouvoir exporter jusqu'à la fin avril les grumes coupées avant le 31 décembre 2009. D'ici là chacun va essayer de décrocher des dérogations auprès du président, qui décidera au cas par cas.
Après une heure de vol au dessus de la forêt gabonaise, le petit avion à hélices se pose cahin-caha sur une piste en latérite. Il fait la navette tous les quinze jours depuis Libreville, la capitale du Gabon, est le seul lien qui relie les forestiers au monde civilisé. Ici, c'est le royaume des animaux. On distingue les traces des buffles le long de la route terreuse. Plus loin dans la forêt, un gorille rappelle à grands cris que l'on est sur ses terres. Dans la fraîche nuit tropicale, ce sont les mandrills qui viennent se réchauffer contre les moteurs des bulldozers. Les petits éléphants de forêt, eux sont mille cinq cents dans cette concession de Rougier Gabon, qui en gère quatre dans le payse(près de 900 000 hectare)s. Pour le groupe français, spécialisé dans la transformation et le négoce des bois tropicaux et exotiques, qui est aussi présent au Cameroun et au Congo voisin, le Gabon, où il travaille depuis les années 60, est un pays clef, avec une production annuelle totale de près de 300 000 m3 de grumes.
La concession du Haut-Abanga s'étale sur 288 000 hectares au nord-ouest du pays dans la province du Woleu-Ntem. Après quelques kilomètres à travers la forêt, émerge le village Babylone, qui abrite les employés et leurs familles. Près de 600 personnes y vivent en totale autarcie : les maisons sont toutes identiques, bien ordonnées le long de la route principale, neuves pour la plupart. Il y a une école, une infirmerie, une épicerie et une boulangerie et même le tri sélectif des déchets. Répartis toutes les quatre habitations, des extincteurs et des fontaines d'eau potable sont accessibles. Les ouvriers qui descendent des camions, de retour du chantier, ont tous la même tenue de travail, désormais payée par la société. C'est aussi cela la certification FSC, Forest Stewardship Council, un écolabel, qui garantit une gestion forestière responsable, socialement bénéfique, économiquement viable et respectueuse de l'environnement. Cette organisation internationale, indépendante, non gouvernementale et à but non lucratif, a été fondée en 1993, suite au Sommet de la Terre de Rio de juin 1992 par des propriétaires forestiers, des entreprises de la filière bois, des groupes sociaux et des associations de protection de l'environnement, en vue de promouvoir dans le monde entier une gestion forestière responsable.
C'est le 9 octobre 2008, que Rougier a obtenu la certification FSC pour sa chaîne de contrôle et pour trois de ses concessions forestières au Gabon, sur près de 700 000 hectares. Le même jour, le groupe suisse Precious Woods a aussi décroché le précieux sésame pour ses activités d'exploitation forestière gabonaises, gérées par la Compagnie équatoriale des bois (CEB), pour l'ensemble de sa concession de 600 000 hectares. Moins d'un an plus tard, le 2 juin 2009, la Compagnie des bois du Gabon (CBG) a elle aussi été certifié FSC sur 568 000 hectares. Ce sont ainsi 1 873 510 d'hectares de la forêt gabonaise, sur les dix millions qui sont concédés aux opérateurs économiques, à être exploités durablement, faisant du Gabon, juste derrière le Congo Brazzaville (1 908 200 hectares), le deuxième pays, en terme de surface de forêts certifiées, du bassin du Congo, qui en totalise un peu plus de 4,3 millions (117 millions d'hectares à travers le monde).
Avec 22 millions d'hectares, soit 80 % de la superficie du pays, et l'Okoumé, qui est utilisé pour la fabrication de contreplaqué, la forêt est un secteur stratégique pour le Gabon, connu pour son pétrole et son ex-président Omar Bongo Ondimba, décédé en juin dernier après 41 ans à la tête du Gabon. En 2001 le gouvernement a ainsi mis en place un nouveau code forestier, avec entre autres objectifs, une gestion durable des forêts et la conservation des écosystèmes.
Sur le terrain, outre le plus grand confort des employés, cela se traduit par une certaine forme de « cueillette », assure Daniel Estoup, 55 ans, le chef d'exploitation, dont trente en Afrique, qui ajoute : « Aujourd'hui, c'est plus élégant que cela ne l'a été ». Du coup, les abatteurs ponctionnent désormais un arbre tous les hectares en moyenne... tous les 25 ans, période de rotation des parcelles. De la même manière, la construction d'une piste à travers la forêt pour atteindre les arbres ciblés est censée être « rentable » : un kilomètre de piste pour 1 000 à 1 500 m3 de bois.
Tout cela a un coût. Un plan d'aménagement revient à 5 euros par hectare. Il s'agit de cartographier tous les arbres dont les troncs dépassent les dix centimètres de diamètres. Pas de quoi effrayer Rougier convaincu d'avoir choisi la bonne stratégie. « La certification FSC est notre chance », car c'est aussi et surtout « un argument de vente » par rapport à la concurrence, comme l'explique Denis Cordel, directeur général adjoint de Rougier Gabon. « C'est un investissement sur le long terme », dit-il. « Un pari sur les consommateurs » de plus en plus soucieux de la provenance de leurs achats, ajoute-t-il optimiste au vu des tendances européennes, des JO 2012 de Londres dont le cahier des charges impose un approvisionnement en bois certifié .... « La première commande de contreplaqué FSC est venue d'Italie, dés la certification en octobre 2008 », se souvient-il tout sourire.
Benjamin Neumann, envoyé spécial au Gabon - 15/04/2010 12:01:00
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