(L'Observateur Paalga 16/03/2011)
Lui ayant remis un exemplaire du journal du 7 février 2011 avec le titre « Poulidor » en tête du sprint final allusion à sa qualification pour le second tour de la présidentielle, Mahamadou Issoufou nous a laissé entendre : « cette fois-ci, je suis premier ».
De cette victoire acquise après des décennies d’opposition, de la Coalition qui vient de lui donner la victoire, des phalangistes de l’AQMI, des « 3N », une des priorités de son programme, de Blaise Compaoré… le futur n°1 nigérien en parle dans cet entretien qu’il nous a accordé le 14 mars dernier dans sa résidence.
Vous venez d’être élu président de la VIIe République du Niger. Quels sont vos sentiments ?
• Je suis très heureux parce que cette victoire est l’aboutissement d’un long combat, d’une longue marche que nous avons débuté il y a plusieurs décennies avec beaucoup de camarades. Certains sont tombés en cours de route et les autres n’ont jamais plié l’échine. Ils sont restés constants, ils ont cru à notre idéal commun. Je suis très heureux de cette étape décisive que nous venons de franchir.
Maintenant il faut regarder l’avenir parce qu’il y a d’autres batailles à livrer pour les 5 prochaines années. J’espère que, comme on l’a déjà fait dans l’opposition, on aura un comportement responsable au service du peuple nigérien.
Cette troisième tentative pour la conquête du pouvoir suprême est la bonne. Est-ce que vous étiez dubitatif au début ?
• Curieusement je n’ai jamais douté parce que je crois en des valeurs et mes camarades de lutte croient aussi en ces valeurs. Et ces valeurs sont invincibles et nous sommes convaincus que ces valeurs deviendront hégémoniques au Niger. J’en suis très fier.
Comment expliquez-vous les 42% du MNSD malgré ce que le Tazartché a suscité comme ressentiment ?
• Le MNSD a eu 42% mais moi j’ai obtenu 58%. Il y a 16 points entre nous et ce n’est pas rien pour un parti qui est resté 20 ans dans l’opposition.
Pour une fois « le Poulidor nigérien » est premier…
• Oui Poulidor est premier !
Quelles sont vos priorités pour le Niger ?
• Mes priorités sont contenues dans mon programme présenté au peuple nigérien. Le peuple a fait confiance à ce programme. Ces priorités sont entre autres :
stabiliser d’abord les institutions républicaines parce que vous savez que le Niger a connu une instabilité ces derniers temps. Le président Tandja avait décidé de se maintenir au pouvoir de façon illégale et c’est cela qui a amené le coup d’Etat. Notre priorité est donc de gouverner autrement et de promouvoir la bonne gouvernance politique afin de stabiliser les institutions démocratiques et républicaines ;
notre deuxième priorité est la question sécuritaire. Le Niger fait partie de la zone du Sahara et notre devoir est de faire face à 3 menaces : la menace de l’AQMI, celle des organes criminelles (drogue, armes) et celle des forces centrifuges qui font la rébellion de temps en temps. Il y a aussi une menace plus incidieuse, les changements climatiques qui entraînent une rareté des ressources, ce qui accroît les tensions entre les groupes humains ;
enfin la troisième priorité est de nourrir les Nigériens. Nous avons ce qu’on appelle l’initiative « 3N » : les Nigériens doivent nourrir les Nigériens. Nous allons promouvoir l’agriculture fluviale et celle irriguée, puisque le Niger possède un potentiel important de terres irriguables et nous pouvons maîtriser l’eau, cela nous mettra à l’abri de la famine et de la sécheresse. Nous allons développer en même temps les bases sociales que sont la santé, l’éducation… Tout cela concourra à réguler le chômage des jeunes. Nous prévoyons de créer 50 000 emplois par an, ce qui nous fera 250 000 emplois pour les 5 ans à venir.
Concernant AQMI est-ce que le Niger a vraiment les moyens de lutter contre cette nébuleuse ?
• En ce qui concerne AQMI, nous prévoyons deux mesures importantes : la première est de concevoir et de mettre en œuvre à moyen et à long terme un vaste plan économique et social pour les zones pastorales. La seconde est la solution militaire. A court terme, il s’agira de créer les moyens pour que les forces de défense nigériennes soient en état de répondre aux attaques afin de pouvoir sécuriser les frontières et l’intérieur du pays. Mais tout cela doit se faire avec les pays voisins de la sous-région et les autres nations engagées contre le terrorisme.
Avec la Coordination des forces démocratiques pour la République (CFDR) vous êtes-vous entendu sur les postes qui reviennent à chacun ?
• Nous ne nous sommes pas entendus sur des postes car cela renvoie à un partage. Nous nous sommes engagés pour le peuple nigérien car c’est le peuple qui mérite d’être récompensé. Le peuple m’a élu pour le servir et nous serons au service de ce peuple.
Je vais être précis : on a entendu parler que vous céderez l’Assemblée nationale et les ministères de la Justice et des Finances au MODEN-Lumana de Hama Amadou.
• Je vous ai dit que la base de notre entente, c’est de servir le peuple nigérien, rien d’autre.
Croyez-vous vraiment que l’attelage PNDS-MODEN-Lumana tiendra les 5 ans ?
• Il tiendra, car nous avons un socle commun. Nous avons le même ciment, celui d’être au service de notre pays. Je voudrai à ce sujet rappeler le mot du président Kennedy : « Ne demande pas ce que ton pays a fait pour toi, mais demande toi ce que tu as fais pour ton pays ». Cette maxime est importante pour nous.
Avez-vous des rapports avec le président burkinabè Blaise Compaoré ?
• J’ai des rapports avec tous les voisins. Le président Blaise Compaoré est un grand frère pour lequel j’ai du respect. J’apprécie aussi sa clairvoyance et sa hauteur de vue. Il a fait de grandes choses et nous nous en inspirerons pour travailler au Niger.
Salif Diallo aussi fait partie de vos amis, si je ne me trompe ?
• Salif Diallo est un vieil ami, un ami de plusieurs décennies.
Interview réalisée à Niamey par
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
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