(L'Express 15/03/2011)
L'opposant Mahamadou Issoufou a été élu ce lundi président de la République du Niger, face à son rival, et héritier de l'ex-président Tandja, Seïni Oumarou.
Elu à 57,95% des voix ce lundi, Mahamadou Issoufou incarne l'espoir d'une sortie de crise au Niger, née d'un coup d'Etat militaire en février 2010.
L'opposant historique Mahamadou Issoufou, 59 ans, a largement remporté l'élection présidentielle au Niger: après un an de junte militaire, ce civil sera le nouvel homme fort de ce pays parmi les plus pauvres du monde et sous la menace croissante d'Al-Qaïda.
Pour sa cinquième candidature, Mahamadou Issoufou, chantre de la "renaissance" du Niger, a obtenu quelque 1,8 million de voix, soit 57,95%, a déclaré ce lundi Gousmane Abdourahamane, président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), lors d'une cérémonie à Niamey. Son rival, l'ex-Premier ministre Seïni Oumarou, 60 ans, s'est donc incliné avec 1,3 million de voix (42,05%).
Pour rappel, les deux finalistes avaient des profils radicalement différents: le vainqueur a été l'éternel adversaire de l'ex-président déchu Mamadou Tandja, alors que son rival malheureux est l'"héritier" autoproclamé du chef de l'Etat déchu, dont il fut Premier ministre comme Hama Amadou.
Issoufou salue le "doigté" de la junte militaire
Lors de sa première déclaration à la presse, à son domicile, Mamadou Issoufou a "remercié" les Nigériens de l'avoir "désigné pour cinq ans pour (les) servir".
Le "peuple nigérien a arbitré avec beaucoup de sagesse dans le calme, dans la transparence, en faisant preuve d'une grande maturité politique, d'un sens élevé des responsabilités", a-t-il dit, vêtu d'un grand boubou blanc et coiffé d'un bonnet traditionnel rouge.
Entouré d'un important service de sécurité et de militants, il a également "salué et remercié" la junte pour son "doigté" et sa "responsabilité".
Issoufou a rendu hommage aux militants de son Parti nigérien pour la démocratie et la socialisme (PNDS), et à ceux du Mouvement démocratique nigérien (Moden) de son allié, l'ex-Premier ministre Hama Amadou. Arrivé en tête (36%) au premier tour, Issoufou est en effet parti favori grâce au soutien d'Hama Amadou (19%).
Objectif n°1: rétablir un régime civil
Une élection saluée par la communauté internationale
Le bon déroulement du scrutin a été salué par les observateurs de l'Union africaine et de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ainsi que par la France. L'ex-puissance coloniale a jugé "indispensable" l'acceptation du résultat. L'Union européenne a également salué l'élection de Mahamadou Issoufou, estimant qu'il s'agissait d'une "étape majeure" dans le processus de transition démocratique et du rapprochement avec l'UE. Dans ce vaste pays sahélien abonné aux coups d'Etat, l'élection était destinée à rétablir un régime civil après un an de transition conduite par le général Salou Djibo, chef de la junte arrivée au pouvoir après son putsch de février 2010 contre Mamadou Tandja, ex-président du Niger (1999-2010).
Détenu depuis un an, Mamadou Tandja avait provoqué une grave crise en cherchant à conserver son fauteuil au terme de son second et dernier quinquennat légal.
Les résultats provisoires de la Céni doivent désormais être transmis au Conseil constitutionnel, qui a 15 jours pour proclamer les résultats définitifs. L'investiture du nouveau président est prévue le 6 avril.
Objectif n°2: endiguer la menace islamiste
Grand producteur d'uranium pourtant classé parmi les pays plus pauvres du monde et soumis à des crises alimentaires chroniques, le Niger doit faire face aussi à la menace grandissante d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui multiplie les rapts d'Occidentaux.
Fin février ont été libérés trois otages - un Togolais, un Malgache et une Française - enlevés en septembre 2010 sur le site minier d'Arlit (nord) avec quatre Français qui sont toujours aux mains des jihadistes.
Qui est qui?
Mahamadou Issoufou: opposant historique à l'ancien président déchu Mamadou Tandja, devenu président du Niger.
Seïni Oumarou: Rival d'Issoufou, Premier ministre de 2007 à 2009.
Hama Amadou: allié de Mahamadou Issoufou, ancien Premier ministre de Tandja.
Mamadou Tandja: ancien président du Niger, de 1999 à 2010, renversé par une junte militaire.
Salou Djibo: général à l'origine du coup d'Etat de 2010 contre Tandja. Président, jusqu'à cette élection, du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie au Niger.
Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 15/03/2011 à 11:35
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