lundi 17 janvier 2011

Gabon - Eramet mis à mal au Gabon

(Le blog finance 17/01/2011)
Après le Niger, le Gabon ? Alors que le géant nucléaire français Areva est vivement critiqué par ONG et populations nigériennes, ces derniers affirmant - notamment - que l'exploitation locale des mines d'uranium présenterait des dangers pour la santé des populations et pour l'environnement, un député gabonais représentant d'une région productrice de manganèse, a annoncé samedi qu'il avait rassemblé des signatures en vue de demander une indemnisation à une filiale du groupe minier français Eramet. Laquelle serait coupable selon lui de dégâts sanitaires et environnementaux. Rappelons à cet égard qu'Areva est détenteur d'environ 26% du capital du second groupe minier français.
"Nous sommes en possession de plus de 300 plaintes individuelles auxquelles seront associées celles de plusieurs ONG nationales et internationales spécialisées dans la protection de l'environnement » a affirmé lors d'une conférence de presse le député Jean-Valentin Leyama.
Nous sommes fondés à réclamer des dommages et intérêts pour la ville et les populations de 480 milliards de FCFA (731 millions d'euros)", a-t-il par ailleurs ajouté. Précisant que ces plaintes - signées par "d'ex-travailleurs, des habitants de la zone industrielle de la Comilog et les populations de façon générale" - seraient déposées au tribunal lundi prochain, en vue d'obtenir réparation du préjudice subi.
Les sociétés visées : "le groupe Comilog (Cie minière de l'Ogooué) et Eramet".
« Il nous est apparu relever de notre rôle de représentation et de défense des populations de Moanda de rompre publiquement ce silence complice, non sans avoir à plusieurs reprises au cours de ces dernières années interpellé en vain, Comilog, le groupe Eramet ainsi que le gouvernement de la République», a rappelé le député du premier siège du département de la Lebombi Leyou.
Selon Jean-Valentin Leyama, «la localité qui héberge le premier exportateur mondial de manganèse, édifie avec tristesse sur le contraste saisissant et inadmissible entre la prospérité tirée par l'entreprise de l'activité d'exploitation du manganèse, d'une part, la condition des travailleurs de Comilog, l'état sinistré de la ville, et les conditions de vie des populations, frappées par le chômage et la précarité, d'autre part».
«Les travailleurs de Comilog sont les premières victimes de l'exploitation du manganèse sans pour autant que les risques encourus soient compensés par une rémunération juste et équitable. Du fait de leur exposition directe et sans équipement de protection pendant la durée de leur carrière professionnelle, ils encaissent de plein fouet toutes les nuisances de l'activité au niveau des organes respiratoires, oculaires, auditifs et sensoriels. Les travailleurs de Comilog subissent une véritable intoxication au manganèse», a-t-il ajouté.
Pour Jean Valentin, l'action en justice intentée contre le groupe Eramet et sa filiale Comilog, est un écho à la déclaration du président français, Nicolas Sarkozy : «Je veux rouvrir le débat de la responsabilité (...) il n'est pas admissible qu'une maison-mère ne soit pas tenue pour responsable des atteintes portées à l'environnement par ses filiales», avait déclaré le Chef de l'Etat lors du Grenelle de l'environnement, en octobre 2007.
Précisons que le Gabon détient 25% du capital de la société Comilog, qui comprend les activités de production du minerai et d'aggloméré au Gabon, ainsi que plusieurs filiales dans le monde opérant dans la transformation du minerai et le recyclage.
Mais le pays ferait-il jouer la concurrence ? La demande d'indmenisation du député gabonais intervient alors qu'à la veille de la nouvelle année, Manganese Ore India Ltd (MOIL), une société Indienne spécialisée dans l'exploitation minière, a entamé des négociations avec les autorités gabonaises en vue de l'exploitation des gisements de manganèse. Cette entreprise indienne tente ainsi de s'investir dans ce secteur fortement dominé par la Compagnie minière de l'Ogooué.
A noter que si MOIL obtient l'accord des autorités gabonaises, le pays pourrait alors passer à une production annuelle comprise entre 7,5 et 8 millions de tonnes de manganèse d'ici à 2012 contre 3 millions produits l'année dernière.
Selon un rapport du ministère des mines, le Gabon dispose de plusieurs réservoirs, encore inexploités, dont ceux d'Okondja, Franceville dans la région du Haut-Ogooué où exerce déjà la COMILOG.
La mise en valeur de tous ces gisements de manganèse pourrait permettre au Gabon d'obtenir le leadership mondial dans la production de ce minerai, place occupée par la Russie à l'heure actuelle.
Actuellement deuxième producteur mondial, le Gabon assure près de 25% du commerce international. Le gisement de manganèse de Moanda dispose des réserves abondantes, soit près de 200 millions de tonnes.

Sources : AFP, Areva, Gaboneco.com, Agence gabonaise de presse (AGP)
Par Elisabeth Studer
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