(Xinhuanet 26/01/2011)
BANGUI -- Une coalition de l'opposition comprenant trois candidats à l'élection présidentielle, à savoir l' ex-Premier ministre Martin Ziguélé, l'ex-ministre de la Défense et chef rebelle Jean-Jacques Démafouth et Emile Nakombo, a réclamé lors d'une conférence de presse mardi à Bangui l'annulation des élections présidentielle et législatives de dimanche, jugées irrégulières.
Réunis au siège du Rassemblement démocratique centrafricain ( RDC), parti d'Emile Gros-Raymond Nakombo, le Collectif des forces du changement (CFC) a contesté dans une déclaration lue par son porte-parole, Me Nicolas Tiangaye, la régularité du vote pour cause de « fraudes massives et ostentatoires » du régime du président sortant, François Bozizé.
Ce regroupement rassemble notamment en sein parmi ses membres le RDC, la Convention républicaine pour le progrès social (CRPS) de Me Tiangaye, la Nouvelle alliance pour le progrès (NAP) qui soutenait la candidature de Démafouth puis le Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC) de Ziguélé.
Mettant en cause le « caractère volontairement vicié, du fait exclusif du pouvoir et de la CEI (Commission électorale indépendante, ndlr) du scrutin du 23 janvier 2011, il récusé formellement « toute crédibilité et toute fiabilité » des résultats partiels (encore non officiels) qui, selon lui, « parviennent au niveau des différents états-majors des partis de l' opposition ».
Dans leur position commune, les trois candidats du CFC qui affrontaient François Bozizé, au même titre que l'ex-chef de l' Etat Ange-Félix Patassé, candidat indépendant renversé par celui- ci par un coup d'Etat militaire le 15 mars 2003, ont annoncé l' usage de « toutes les voies du droit pour faire respecter la volonté du peuple centrafricain sorti massivement afin de faire le choix de l'alternance démocratique par les urnes ».
Sur les 868 candidats pour le renouvellement des 105 sièges de députés de l'Assemblée nationale (Parlement), le collectif en a aligné 213. Comme à la présidence où il est déclaré « quasi- systématiquement en tête avec un score qui lui donne toujours plus de 50% des suffrages exprimés, garantissant ainsi son élection dès le premier tour », le président Bozizé et son parti, Kwa na kwa ( KNK), sont crédités d'une large victoire à ce scrutin législatif, remarque le CFC.
« Nous n'avons pas encore des tendances. Sauf que vous avez entendu à radio Ndéké Luka (une radio privée de la capitale centrafricaine, ndlr) que parfois Bozizé a 300 voix et son suivant immédiat 60 voix ». Jusqu'au moment où je vous parle, aucun candidat de l'opposition n'est dans la posture de gagner les élections. C'est la première fois que nous allons aux élections, même dans nos propres fiefs, on n'a pas de victoire », a relevé Emile Gros-Raymond Nakombo.
Le collectif s'est voulu plus démonstratif en brandissant un paquet scellé d'environ « 500 cartes numérotées et recensées » et qui ont été accidentellement remises à un jeune, membre du comité de soutien local du CFC, dans cette localité par un cadre du KNK. Des cartes, de l'avis de Martin Ziguélé, destinées à la machine de fraudes du parti présidentiel.
A en croire le leader du MLPC, il s'agissait au total de « 800 cartes remplies et ventilées » et 300 avaient déjà été utilisées. « Les 500 cartes ont été remises devant un agent d'exécution judiciaire. Le président du tribunal de Berbérati a été saisi. Une plainte collective sera déposée aujourd'hui », a assuré l'ancien chef du gouvernement du régime de Patassé, ajoutant que 5 urnes suspectes, avec 5.000 bulletins de vote, ont été par ailleurs saisies et déposées à la brigade de gendarmerie
« En 2005, je n'étais pas. Plus de 5% de Centrafricains ont voté pour moi à Bangui. Cette fois-ci, je suis là et on ne peut pas dire que je ne puisse pas avoir 3% », a renchéri Jean-Jacques Démafouth, expliquant que dans son terroir, Sibut, dans la préfecture de Kemo, dans le Centre du pays, il n'obtient pas trois voix.
Or, soutient l'ex-ministre et porte-parole de l'Armée populaire pour la restauration de la démocratie (ARPD, groupe rebelle), « à Sibut, mon père a une maison. J'ai mon petit frère qui (y) vit, avec sa femme. Il a des grands enfants. J'ai quatre oncles qui ont chacun deux femmes. Donc, j'ai au moins 20 électeurs ». Il précise que son frère cadet, prétendu non inscrit sur la liste électorale, a été empêché de voter.
« Nous sommes encore sous le choc », a avancé Démafouth expliquant encore qu'à Mbaïki (dans le Sud-ouest, ndlr), les représentants de son parti ont été appréhendés samedi soir, veille des élections, par la gendarmerie, sous prétexte que c'était des rebelles et n'ont été libérés que le lendemain à 10 heures locales (11 heures GMT), soit quatre heures après l'heure d'ouverture officielle du début du vote.
Deux jours après le scrutin, la capitale centrafricaine, en attendant la publication des résultats provisoires « à partir de vendredi » par la Commission électorale indépendante annoncée lundi et confirmée mardi à Xinhua par le porte-parole de cette institution Rigobert Vondo, vivait ce même jour une atmosphère où des patrouilles militaires et policières se montraient plus régulières.
Pour ses recours en annulation des élections, le CFC a annoncé la saisine de la CEI ce même mardi sur des éléments dits factuels conformément à la loi, en attendant éventuellement l'étape de la Cour constitutionnelle en cas de suite non favorable. « Nous sommes des démocrates. Nous sommes des légalistes (..) Pour nous, notre dernière arme restera le peuple au nom duquel les tribunaux sont appelés à se prononcer », a insisté Ziguélé.
Le parti au pouvoir rejette les accusations de fraudes de l'opposition
BANGUI, 26 janvier (Xinhua) -- En réaction aux accusations de fraudes de trois des quatre adversaires du président centrafricain François Bozizé à la présidentielle de dimanche, à savoir Martin Ziguélé, Jean-Jacques Démafouth et Emile Nakombo, le camp présidentiel a rejeté ces accusations en l'absence des résultats partiels et taxé ses adversaires de "mauvaise foi".
"Le message, c'est de relever les tergiversations de l' opposition. Nous avons organisé de manière consensuelle les élections avec l'opposition. Nous attendons les résultats qui seront publiés et proclamés par les instances habilitées à le faire", a déclaré le secrétaire général du Kwa na kwa (KNK, au pouvoir), Elie Ouéifio, lors d'une conférence de presse mardi au siège du parti à Bangui.
Faisant suite à une manifestation similaire organisée quelques heures plus tôt par le Collectif des forces du changement (CFC) dont font partie l'ex-Premier ministre Martin Ziguélé, l'ex- ministre de la Défense et chef rebelle Jean-Jacques Démafouth puis Emile Nakombo, M. Ouéifio a à son tour accusé les trois leaders " de fuite en avant".
"L'opposition a perdu tout son temps à tergiverser ici à Bangui et ils ont laissé le terrain vide (..) Ils sont de mauvaise foi, obnubilés par des gains égoïstes. Le peuple aujourd'hui les sanctionne", a-t-il dit, après avoir indiqué que ces opposants " ont demandé un gouvernement de transition, de large ouverture, se faire un peu de pognon avant d'aller aux élections".
Réunis au siège du Rassemblement démocratique centrafricain ( RDC), parti d'Emile Gros-Raymond Nakombo, les principaux leaders du CFC ont accusé, sur la base de résultats partiels déclarés par leurs différents états-majors et non officiels, le général Bozizé et son parti de "fraudes massives et ostentatoires" pour une réélection au premier tour du chef de l'Etat sortant au terme du scrutin présidentiel de dimanche couplé avec des législatives.
Annonçant des recours en annulation de la "mascarade électorale ", ils ont clairement fait savoir leur détermination à mener le combat pour se faire entendre, indexant au passage la communauté internationale de complicité à l'égard du régime en place. Un discours que le camp présidentiel considère comme un appel à la haine difficilement tolérable.
"C'est des déclarations assez dangereuses. Nul n'a le monopole de la violence", a avisé Elie Ouéfio, par ailleurs secrétaire général de la présidence centrafricaine et ancien ministre d'Etat en chargé de l'Administration du territoire, et qui se refuse par ailleurs à penser que les élections du 23 janvier 2011 soient un échec.
"Ces élections sont le couronnement du dialogue politique et inclusif (de décembre 2008, ndlr). C'est vrai que ça a pris du retard, mais ce retard est dû à l'opposition. Le chef de l'Etat a fait des concessions pour que tout le monde participe aux élections", a-t-il soutenu.
Reportées deux fois en 2010, ce double scrutin mettait en lice pour la présidentielle, en plus de François Bozizé, arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en mars 2003 et élu en 2005, et les leaders du CFC, l'ex-chef de l'Etat Ange-Félix Patassé. Environ 1, 8 million d'électeurs recensés devaient les départager, tout comme les 868 candidats pour les 105 sièges de députés de l'Assemblée nationale (Parlement) dont 213 pour le CFC et 105 pour le KNK.
Publié le 2011-01-26 15:37:40
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