(Le Monde 25/01/2011)
Le président en exercice de l'Union africaine, le Malawite Bingu wa Mutharika, est arrivé mardi à Abidjan pour "écouter" le chef d'Etat sortant Laurent Gbagbo et son rival Alassane Ouattara, et "aider" à résoudre la crise ivoirienne, à trois jours d'un sommet de l'UA à Addis Abeba.
"Même si des gens (ndlr, médiateurs africains) sont déjà venus (à Abidjan), cela ne signifie pas que je ne peux pas faire de même pour aider" à tenter de résoudre la crise ivoirienne née de la présidentielle du 28 novembre, a déclaré à la presse à Blantyre M. Mutharika, avant de s'envoler pour la Côte d'Ivoire, où sa visite n'a été annoncée que mardi matin.
"Ma responsabilité sera d'entendre les deux (MM. Gbagbo et Ouattara), d'écouter leurs avis de façon à ce que l'on puisse avancer" dans la résolution de la crise, a ajouté le président en exercice de l'Union africaine.
Son déplacement surprise intervient avant un sommet de l'UA prévu de vendredi à samedi à Addis Abeba, où il rendra compte de sa visite en Côte d'Ivoire, a-t-il indiqué.
Arrivé à l'aéroport d'Abidjan, M. Bingu wa Mutharika s'est rendu au palais présidentiel où il a été accueilli par Laurent Gbagbo.
Le président de l'UA devait ensuite rencontrer M. Ouattara, retranché au Golf hôtel d'Abidjan, soumis depuis un mois et demi à un blocus des forces restées loyales au président Gbagbo.
Il aura également un entretien avec le chef de l'opération de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci), Choi Young-Jin, a-t-on appris auprès de l'Onuci.
Depuis la présidentielle du 28 novembre, la Côte d'Ivoire est plongée dans une grave crise politique émaillée de violences qui ont fait 260 morts depuis la mi-décembre, selon l'ONU.
Laurent Gbagbo refuse de céder le pouvoir depuis qu'il a été proclamé vainqueur par le Conseil constitutionnel alors que la Commission électorale a déclaré M. Ouattara élu.
Ce dernier est reconnu comme président ivoirien par la quasi-totalité de communauté internationale, dont l'UA, qui presse le chef d'Etat sortant de lui céder pacifiquement le pouvoir, ce que M. Gbagbo refuse.
Plusieurs médiations africaines pour une solution pacifique ont eu lieu, sans succès, et l'Afrique de l'Ouest a brandi la menace, comme dernier recours, d'une intervention militaire pour pousser M. Gbagbo vers la sortie.
Le 4 janvier, Bingu wa Mutharika avait appelé Laurent "Gbagbo à céder le pouvoir à (Alassane) Ouattara pour (...) éviter un bain de sang", avait déclaré le porte-parole du chef d'Etat du Malawi, Hetherwick Ntaba.
Le président en exercice de l'UA, qui avait déjà appelé le 8 décembre M. Gbagbo à se retirer, s'était aussi déclaré "déçu de la lenteur du processus de médiation en Côte d'Ivoire", avait ajouté son porte-parole.
Le 21 janvier, le Premier ministre kényan Raila Odinga, médiateur de l'UA dans la crise ivoirienne, avait plaidé à Nairobi en faveur d'un isolement diplomatique et de sanctions financières accrues pour contraindre le président Gbagbo au départ.
"Si nous échouons à trouver un accord négocié qui respecte le choix des Ivoiriens, nous pouvons alors nous résoudre à d'autres mesures telles que l'isolement diplomatique et des sanctions économiques et commerciales", avait déclaré M. Odinga de retour de sa mission infructueuse en Côte d'Ivoire.
M. Odinga avait été "récusé" par le camp Gbagbo qui estimait qu'il "prenait parti" pour M. Ouattara.
Le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema va proposer au prochain sommet de l'UA la création d'une "commission spéciale sur le règlement" de la crise en Côte d'Ivoire, privilégiant "une solution pacifique", a annoncé lundi un de ses conseillers.
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