(Le Progrès 29/01/2011)
Faut-il se contenter du nouveau gouvernement de transition, épuré des principaux ministres de Ben Ali à l’exception du chef du gouvernement Mohammed Ghannouchi, jusqu’à la tenue d’élections générales promises dans six mois au plus tard ? Ou continuer à manifester jusqu’au départ du chef du gouvernement ? La question est désormais posée aux Tunisiens. « Un gouvernement est là. L’économie doit repartir, les gens doivent se remettre au travail », affirmait hier un membre exécutif de la puissante centrale syndicale l’UGTT, qui a joué un rôle central dans la « révolution du jasmin ». « La majorité veut continuer pour dégager Ghannouchi », estime au contraire un étudiant de 22 ans. La concertation a en tout cas pris le pas sur la contestation hier à Tunis, après la formation, avec onction syndicale, du gouvernement de transition remanié. Mais dans l’après-midi, la police anti-émeute a procédé à l’évacuation musclée de l’esplanade de la Kasbah, siège de la primature, au sixième jour d’occupation par des manifestants opposés à Ghannouchi. Bombardée de pierres, la police a répliqué par une pluie de grenades lacrymogènes. Au moins cinq personnes auraient été blessées, selon une source sanitaire. Les militaires sur place se sont contentés d’observer, l’arme au pied.
Depuis le début de l’année, le monde arabe est secoué par des émeutes dans le sillage de la révolution tunisienne.
> Yémen : plusieurs manifestations ont réclamé le départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans. Au moins trois tentatives d’immolation par le feu et un décès ont été constatées en quelques jours.
> Jordanie : malgré l’annonce de mesures sociales, ils étaient encore quelque 3 000 manifestants hier à Amman réclamant un changement de gouvernement et des réformes. Des rassemblements ont lieu aussi dans le nord et le sud.
> Algérie : cinq jours d’émeutes contre la vie chère font cinq morts et plus de 800 blessés, début janvier. Le mouvement s’arrête après l’annonce d’une baisse des prix des produits de première nécessité. Mais le 22, la police empêche une manifestation « pour la démocratie » à Alger. Deux décès par immolation et sept tentatives ont été recensés.
> Soudan : des partis d’opposition ont réclamé la « fin du régime totalitaire » du président Omar el-Béchir et la démission du ministre des Finances jugé responsable de la hausse des prix des denrées alimentaires.
> Oman : défilé modeste contre la cherté de la vie, le 17 janvier, mais très rare dans cette monarchie arabe du Golfe.
> Mauritanie : un homme d’affaires mécontent du régime s’immole à Nouakchott.
> Maroc : trois personnes tentent de s’immoler le 21 janvier, une autre le 25. Le pays tente d’éviter des pénuries de céréales pesant sur le climat social.
publié le 29.01.2011 02h01
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