lundi 31 janvier 2011

Egypte - Moubarak poussé à partir

(La Libre 31/01/2011)
Les manifestations contre le Raïs ne faiblissent pas. Des étrangers sont évacués. L’armée laissera-t-elle tomber Moubarak pour survivre à la révolte ?
Résistera-t-il ? Le président Hosni Moubarak semblait dimanche soir en position difficile, alors que la rue continue à manifester, qu’une partie de ses alliés ne le soutiennent plus -ou plus aussi fermement - et, surtout, que l’armée, dont il est issu, semble ambiguë.
Malgré le couvre-feu de 16h à 8h dans les grandes villes, des milliers de manifestants ont encore défilé au Caire, dimanche, pour clamer "Moubarak dégage!". La Coalition nationale pour le changement, qui regroupe plusieurs formations d’opposition - dont la principale, les Frères musulmans -, a chargé l’opposant Mohamed El Baradeï, ancien patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), de la représenter pour "négocier avec le pouvoir". Négocier quoi? "Chacun en Egypte le dit de manière claire et forte: Moubarak doit partir aujourd’hui", a dit M. El Baradeï sur CNN.
Au cours du week-end, les pressions extérieures sur Moubarak se sont accentuées. Les Américains se sont prononcés pour "une transition en bon ordre" (voir ci-dessous), ce qui suppose, selon certains, que le Raïs ne se présente pas aux élections. Paris, Berlin et Londres ont exhorté Moubarak à "engager un processus de changement".
Samedi, signe de faiblesse, ce dernier a, pour la première fois en 29 ans de pouvoir, nommé un vice-Président: le chef du service de renseignement, le général Omar Suleiman. Et un Premier ministre, le général Ahmed Chafic. Mais cela n’a pas satisfait la rue. "Moubarak dégage!", scandait-elle encore dimanche, quand le président Moubarak est allé chercher un nouvel appui auprès de l’armée en visitant son centre opérationnel. Peu après, des avions de chasse et des hélicoptères survolaient à basse altitude le centre de la capitale, comme pour intimider les manifestants.
L’armée derrière Moubarak, alors ? Ce n’est pas si net. Car, en ville, les militaires fraternisent avec les manifestants. Ils n’empêchent pas ceux-ci de couvrir leurs chars de slogans "à bas Moubarak", "à bas le despote". Ils protègent les installations clés, mais ne font pas appliquer le couvre-feu. L’armée égyptienne serait-elle tentée d’assurer son avenir en se désolidarisant du Raïs qu’elle soutient depuis 29 ans, comme l’armée tunisienne a tiré son épingle du jeu en n’appuyant pas Ben Ali ?
Dimanche, elle n’était en tout cas pas visée par les manifestants - au contraire de la police qui a disparu des rues ce week-end. L’armée a annoncé, dimanche, l’arrestation de plus de 3 000 évadés de prison et fauteurs de trouble. Dans la nuit de samedi à dimanche, en effet, des émeutes ont éclaté dans plusieurs prisons du pays. Plusieurs milliers de détenus se sont évadés de celle de Wadi Natroun (100 km au nord du Caire). A l’est de la capitale, des dizaines de corps abattus étaient visibles sur la chaussée près d’une autre prison - alors que la rumeur courait la ville, selon laquelle la police cherchait à créer le chaos pour justifier le pouvoir fort de Hosni Moubarak. Les Cairotes se sont organisés en comités de quartier pour empêcher les pillages, et remettaient les personnes arrêtées à l’armée.
La tension qui perdure - on déplorerait 125 morts depuis mardi dernier - a poussé plusieurs capitales étrangères à annoncer l’évacuation de leurs ressortissants en Egypte. Ainsi, les Etats-Unis, la Libye, la Turquie et l’Azerbaïdjan (dont un employé d’ambassade a été abattu samedi) devraient débuter ces opérations ce lundi. La Grande-Bretagne, en revanche, n’en fera rien; elle conseille cependant de quitter le Caire, Suez et Alexandrie, les trois plus grandes villes du pays. Le ministère belge déconseille d’aller en Egypte, mais n’envisage pas, pour l’heure, d’évacuer les 750 Belges d’Egypte. Les tour-opérateurs britanniques ne prévoient pas d’évacuer leurs 30 000 touristes actuellement sur les bords de la mer Rouge. Les voyagistes nordiques, eux, évacuent leurs clients, de même que la société belge Jetair (voir article à gauche).
L’aéroport du Caire était bondé, dimanche, des hordes de touristes, d’expatriés travaillant pour des entreprises privées et d’Egyptiens cherchant à quitter le pays. (Avec AFP, Reuters)
Edito: jouer gros (par Gilles Milecan)
Les manifestants égyptiens jouent gros. Ils risquent souvent leur vie. Leurs rassemblements quotidiens sont contenus par des forces de l’ordre qui, les jours passants, seront plus fatiguées, plus nerveuses, plus violentes. Les étincelles seront plus fréquentes, les risques d’incendies plus ravageurs.
Plus de cent personnes ont déjà perdu la vie dans la foulée du tremblement de terre dont les répliques secouent l’Egypte, au départ de l’épicentre algéro-tunisien.
Une issue "à la tunisienne" semble encore peu probable. Car si la plupart des pays occidentaux déconseillent à leurs ressortissants de se rendre sur place, aucune capitale ne demande explicitement le départ d’Hosni Moubarak. Le langage diplomatique se limite jusqu’ici à l’invitation à la "retenue", ce qui devrait être possible tant que l’armée se montre garante de l’ordre public et non comme étant le bras armé du régime. Les Etats-Unis parlent désormais de "transition", mais cette évocation est surtout un appel aux réformes économiques. L’aide accordée par l’Oncle Sam n’est nullement remise en question. Le message pourrait donc se lire de la façon suivante : "Nous pouvons vous aider à réformer le pays tout en vous maintenant au pouvoir mais il faut des signaux clairs en direction de la population. Et ces signaux ne doivent pas se limiter à la symbolique des remaniements ministériels."
Si les Egyptiens jouent gros, c’est pour gagner gros. Le soutien des Etats-Unis autorise encore Moubarak à annoncer des mesures fortes en faveur de la population. S’il n’entame pas les réformes lui-même, la rue ne s’arrêtera de gronder qu’une fois sa mise récupérée.
Appel à la grève, "marche d'un million" de personnes mardi
L'appel à la grève a été lancé à l'origine tard dimanche par des travailleurs de la ville de Suez, une des trois grandes villes, avec le Caire et Alexandrie ayant connu des manifestations et émeutes particulièrement violentes, et soumises à un couvre-feu.
Le mouvement de contestation en Egypte, qui réclame le départ du président Hosni Moubarak, a appelé lundi à une "marche d'un million" de personnes pour mardi, une semaine après le début d'une révolte populaire contre le régime en place depuis 30 ans, selon les organisateurs."Il a été décidé dans la nuit qu'il y aura une marche d'un million de personnes mardi", a déclaré à l'AFP Eid Mohammad, membre du mouvement et un des organisateurs."Nous avons également décidé de lancer une grève générale ouverte", a-t-il dit.
"Nous nous joindrons aux travailleurs de Suez et commencerons une grève générale jusqu'à ce que nos demandes soient satisfaites", a déclaré à l'AFP un organisateur, Mohamed Waked.
Moubarak appelle à promouvoir la démocratie, poursuite des manifestations
De son côté, Mohamed ElBaradei, désigné dimanche par l'opposition pour "négocier" avec le régime, est allé au-devant des manifestants au Caire en promettant "une ère nouvelle".
Dans une déclaration lue à la télévision dimanche soir, M. Moubarak, 82 ans, a réclamé "de nouvelles mesures, durables, pour plus de réformes politiques, constitutionnelles et législatives par le dialogue avec toutes les parties", a appelé le nouveau gouvernement à "rétablir la confiance" dans l'économie et à "lutter de manière décisive contre toutes les formes de corruption".
Après six jours de révolte qui ont fait au moins 125 morts et des milliers de blessés, le gouvernement a ordonné à la police de retourner dans les rues du pays, subitement désertées vendredi. Le couvre-feu en vigueur au Caire, à Suez et Alexandrie a été prolongé d'une heure, de 15H00 (13H00 GMT) à 08H00 (06H00 GMT).
Le président américain Barack Obama a appelé à "transition vers un gouvernement répondant aux aspirations" des Egyptiens. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a toutefois assuré qu'il n'était pas question de suspendre l'aide à l'Egypte, principal allié des Etats-Unis dans le monde arabe.
L'ancien président américain Jimmy Carter, un des principaux artisans de l'accord de paix israélo-égyptien, a prédit dimanche que M. Moubarak serait contraint de démissionner car "le peuple l'a décidé", selon une déclaration faite à Plains (Géorgie, sud-est) diffusée par un journal local.
Pour M. ElBaradei, qui s'adressait par haut-parleur aux milliers de manifestants réunis place Tahrir, dans le centre-ville, le pays est "au début d'une ère nouvelle". "Je vous demande de patienter, le changement arrive", a-t-il déclaré aux manifestants qui scandaient : "Le peuple veut la chute du président !".
Cernée par les chars, la place Tahrir vit depuis mardi au rythme d'une contestation sans pareil depuis l'arrivée de M. Moubarak en 1981. Sur le sol, les manifestants ont peint en énormes caractères : "Va-t-en, espèce de lâche, agent des Américains !".
La chaîne satellitaire al-Jazira a été interdite dimanche en Egypte, une "violation du droit à l'information", a déploré Human Rights Watch.
M. Moubarak a visité le centre opérationnel de l'armée au lendemain de la nomination d'un vice-président, le premier en 30 ans, le chef des Renseignements Omar Souleimane, et du nouveau Premier ministre.
Malgré ces mesures, la Coalition nationale pour le changement, groupement de plusieurs formations d'opposition, dont les Frères musulmans, a chargé M. ElBaradei, ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), de "négocier avec le pouvoir".
Le président de l'Assemblée, Fathi Sorour, a annoncé que les résultats des élections législatives de fin 2010 seraient bientôt "corrigés". Le scrutin avait été boycotté par les principales forces d'opposition qui avaient dénoncé des fraudes.
Dans la nuit de samedi à dimanche, des milliers de détenus se sont échappés après des émeutes et l'armée a annoncé l'arrestation de plus de 3.000 évadés et fauteurs de troubles.
Dimanche, la protestation a paralysé en partie le pays. De nombreux distributeurs de billets étaient vides, les banques et la Bourse sont restées fermées.
Après de nombreux pillages au Caire, des comités de citoyens armés de fusils ou de gourdins surveillaient les quartiers de la métropole de 20 millions d'habitants.
La révolte, entamée le 25 janvier, 11 jours après la fuite de l'ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali sous la pression de la rue, continuait à susciter l'inquiétude.
Washington se prépare ainsi à évacuer d'Egypte dès lundi des milliers de ressortissants par vols charters organisés par le gouvernement, a déclaré dimanche un haut responsable à Washington. Ottawa a annoncé également que des vols seraient affrétés pour évacuer les Canadiens d'Egypte.
Le roi Abdallah II de Jordanie a contacté dimanche le président égyptien pour "s'enquérir de la situation".
Le président vénézuélien Hugo Chavez a appelé à "une solution pacifique" de la crise en parlant au téléphone avec son homologue syrien Bachar al-Assad et le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, qui entretient des relations privilégiées avec M. Moubarak.
De nombreux voyagistes ont suspendu les départs des vacanciers, au plus fort de la saison touristique. L'Arabie saoudite, la Libye, le Liban, l'Inde, la Grèce, la Turquie, l'Irak et l'Azerbaïdjan, dont un citoyen, employé de l'ambassade, a été tué samedi au Caire, ont dépêché des avions pour assurer le rapatriement de leurs ressortissants.
Le groupe français de matériaux de constructions Lafarge a décidé d'évacuer une centaine de personnes et la banque Crédit Agricole organisait le retour des familles de ses employés.
A l'aéroport du Caire, la confusion régnait, des hordes de touristes, d'expatriés et d'Egyptiens angoissés tentant à tout prix de quitter le pays.
L'acteur égyptien Omar Sharif, présent au Caire, s'est dit "solidaire du peuple" égyptien.
En Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a affirmé vouloir préserver la paix avec l'Egypte, seul pays arabe avec la Jordanie à avoir signé un traité de paix avec l'Etat hébreu.
Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a annoncé la fermeture du terminal de Rafah, à la frontière avec l'Egypte, provoquant des craintes de pénuries dans le territoire palestinien.
Au Soudan, des milliers d'étudiants ont bravé les forces de sécurité pour manifester sur le modèle égyptien.
Les Etats-Unis appellent à un dialogue national en Egypte(par Stéphanie Fontenoy)
La diplomatie américaine demande des réformes, mais évite de se défaire trop vite de son allié de 30 ans, Hosni Moubarak.
Correspondante à New York
"USA, nous te détestons pour ton hypocrisie." Ce slogan a été aperçu dimanche par les télévisions américaines au Caire. Aux yeux des manifestants égyptiens, dont beaucoup de jeunes, les Etats-Unis continuent de défendre leurs intérêts en refusant de condamner leur principal allié dans le monde arabe, le président Hosni Moubarak. C’est cette même jeunesse qui avait applaudi, le 4 juin 2009, le fameux discours du Caire de Barack Obama, un éloge du dialogue, de la démocratie et de la possibilité pour les peuples de "s’exprimer et d’avoir une opinion sur la façon dont ils sont gouvernés". L’absence de critiques explicites au régime hôte avait été largement regrettée.
Un an et demi plus tard, alors que la rue se soulève en Egypte, l’administration américaine fait face au même embarrassant dilemme. Comment soutenir les aspirations démocratiques d’un peuple sans pour autant désavouer le régime autoritaire qui l’oppresse, mais qui est également, pour les Etats-Unis, un garant de stabilité dans la région, le seul pays arabe à avoir fait la paix avec Israël et un allié contre l’islamisme radical ? Depuis le début des émeutes, la Maison-Blanche souffle le chaud et le froid. Samedi, alors que les autorités américaines multipliaient les réunions au sujet de la crise égyptienne, la Maison-Blanche a réaffirmé: "Notre priorité est de nous opposer à la violence et d’appeler à la retenue, de soutenir les droits universels et d’appuyer des mesures concrètes qui fassent progresser la réforme politique en Egypte."
Dans les coulisses, les Américains mettent en garde depuis plusieurs années Hosni Moubarak sur les risques d’explosion sociale de son pays. Mise au pied du mur par la rue, la diplomatie américaine cherche la meilleure porte de sortie.
En privé, les diplomates reconnaissent que les jours du dictateur égyptien à la tête de son pays sont comptés. Le message officiel, lui, est plus nuancé. Les Etats-Unis encouragent désormais "le dialogue national" en vue du déroulement d’élections "libres et justes" en septembre. "Nous souhaitons voir une transition en bon ordre. Nous demandons instamment au gouvernement Moubarak, qui est toujours au pouvoir (...), de faire ce qui est nécessaire pour faciliter ce genre de transition", a fait savoir dimanche la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton.
La grande peur des Etats-Unis en cas de renversement pur et simple: le remplacement par un régime plus hostile à leurs intérêts ou, pire, une redite de la révolution iranienne et le glissement du pouvoir vers les conservateurs religieux du mouvement des Frères musulmans.
Consternation en Israël : et la paix ? (Correspondante à Jérusalem Renée-Anne Gutter)
Israël craint pour la coopération sécuritaire avec l’Egypte. Et la contagion... En Israël, c’est la consternation. Et surtout l’inquiétude.
Rares sont ceux, même au sein des services de renseignements, généralement perspicaces, qui avaient prévu la chute possible du régime Moubarak, allié clé d’Israël dans la région. Maintenant, les pires scénarios sont envisagés.
Responsables politiques et militaires tiennent des consultations en continu. Et le Premier ministre Netanyahou a pris le pouls auprès de l’administration de Barack Obama. Mais contrairement aux Américains, qui se sont empressés d’attiédir leur soutien au régime Moubarak, les porte-parole israéliens se gardent de toute réaction officielle. Sur ordre de Benjamin Netanyahou.
Car à la différence des Etats-Unis, Israël est directement concerné par ce qui se passe chez le voisin égyptien, et M. Netanyahou ne veut pas être accusé d’ingérence. Dimanche, dans son seul commentaire public, il a veillé à ne faire mention ni du président Moubarak ni des revendications de la rue égyptiennes, se bornant à souhaiter que la stabilité régionale et les relations pacifiques entre Israël et l’Egypte se maintiennent. Même retenue circonspecte de la part de l’armée et de l’appareil sécuritaire.
Par contre, dans la presse qui suit les événements d’heure en heure, les analystes sont ouvertement alarmistes : quels que soient les remaniements à sa tête, l’Egypte ne sera déjà plus la même qu’avant. Et cela n’augure rien de bon pour Israël.
Car la fin de la dynastie Moubarak risquera de miner le traité de paix israélo-égyptien signé en 1979. Ce qui bouleversera toute la donne géopolitique sur laquelle Israël a construit sa stratégie régionale depuis plus de trente ans.
Beaucoup, en Israël, plaçaient leurs espoirs ce week-end dans le nouvel homme fort du pouvoir, le vice-président Omar Suleiman. Car il est un allié de longue date. C’est lui qui gère la coopération sécuritaire avec Israël, en particulier pour tout ce qui concerne le Hamas et la lutte anti-terroriste autour de Gaza. Mais dimanche, avec la tension persistante en Egypte, le "règne" de M. Suleiman s’annonçait plutôt transitoire.
Les Israéliens craignent donc qu’à long terme, les élections en Egypte n’amènent cette fois l’opposition au pouvoir. Or, aucun courant au sein de l’opposition égyptienne ne porte Israël dans son cœur. Ni les Frères musulmans, ni l’intelligentsia libérale, ni même la nouvelle génération "twitter".
Tous reprochent à Israël son interminable occupation des territoires palestiniens, et surtout l’étranglement de Gaza, et décrient les ambitions particulièrement nationalistes du gouvernement Netanyahou. L’opposition égyptienne, si elle parvenait au pouvoir, n’abolira peut-être pas le traité de paix du jour au lendemain, car celui-ci sert aussi les intérêts économiques de l’Egypte. Mais c’en sera fini de l’entente sécuritaire.
Israël devra donc revoir toute sa conception stratégique. Notamment, réorganiser son dispositif militaire et sa planification opérationnelle, avec l’accent à replacer sur le front sud du pays. Suite au traité de paix qui éliminait la menace de guerre égyptienne, Israël avait redirigé le gros de ses efforts - y compris budgétaires - sur sa frontière nord, face au Hezbollah, et autour de Gaza, face au Hamas.
A moins que ce soit l’armée qui finisse par s’installer durablement au pouvoir en Egypte. Mais, là aussi, les perspectives sont incertaines. Car l’élite militaire égyptienne a toujours gardé un œil méfiant sur la force de frappe israélienne. Si elle s’est pliée au traité de paix, estiment les analystes israéliens, c’était essentiellement pour s’allier le pouvoir en place. Or, désormais, ses allégeances pourraient virer.
Israël craint, par ailleurs, que les remous en Egypte ne fassent tache d’huile et ne déstabilisent son seul autre allié dans la région - le régime hachémite de Jordanie.
L’instabilité ambiante ne réinsufflera pas vie, non plus, au dialogue israélo-palestinien. Et le chaos actuel dans le Sinaï égyptien risque de favoriser l’infiltration d’armes à Gaza, ainsi que l’entrée clandestine de travailleurs africains dans le sud d’Israël.
Pour l’heure, les territoires palestiniens sont restés calmes. A Ramallah, le président Mahmoud Abbas a téléphoné au président Moubarak pour lui exprimer son soutien. Ce dernier, il faut dire, a toujours pris le parti du Fatah et de l’Autorité palestinienne de M. Abbas face aux islamistes du Hamas. A Gaza, au contraire, le gouvernement Hamas s’est dit solidaire de la "révolution" égyptienne, appelant au renversement définitif du régime Moubarak.

Mis en ligne le 31/01/2011
© Copyright La Libre

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire