(Les Afriques 26/01/2011)
Après trois années d’activité, la compagnie Mauritania Airways est à bout de souffle. Tunisair veut se désengager. Triste fin pour ce qui était considéré comme un fleuron de la coopération sud-sud.
Le 22 décembre 2010, le Boeing 737-700 et l’ATR 42 de Mauritania Airways envoyés à Tunis pour visite technique sont immobilisés sous le hangar. Il se murmure que les deux avions seront affectés à Sevenair, autre filiale de Tunisair. Le 10 janvier dernier, soit 4 jours avant la révolution du jasmin, le nouveau directeur général de la compagnie, Rida Jmeil, a quitté Nouakchott pour une mission en Tunis. Depuis, et en attendant son retour, le personnel mauritanien de la compagnie, appréhende le pire : le dépôt de bilan. C’est l’une des trois éventualités qui se présentent désormais aux actionnaires qui doivent se réunir incessamment pour un conseil d’administration décisif. Bien avant cette rencontre cruciale, il se murmure que deux autres scénarios sont à l’étude. En premier lieu, la recapitalisation de la compagnie, éventualité qui rencontre pour l’heure le refus catégorique de Tunisair et de l’actionnaire privé mauritanien. La compagnie tunisienne qui entretient des lignes intérieures déficitaires en Tunisie et a porté sur son dos Sevenair des années durant sans un dinar de dividendes reproche à sa filiale mauritanienne de gonfler son déficit. Un «faux prétexte », rétorque cette partie mauritanienne intéressée au dossier et qui rappelle qu’en trois ans la jeune compagnie a divisé son déficit par dix. N’eut été le fâcheux incident d’une sortie de piste à Conakry durant l’automne dernier, Mauritania Airways, à qui Tunisair facture l’assistance technique au tarif plein (d’où une dette non expertisée de 30 millions de dollars), aurait aujourd’hui équilibré son bilan. L’autre éventualité, qui ravirait le personnel, serait de voir une fusion entre Mauritania Airways et la Mauritania Airlines International, qui va être lancé incessamment. L’Etat mauritanien serait plutôt tiède quant à celle éventualité. En effet, Mauritania Airways qui ne dispose virtuellement plus de flotte ni d’actifs conséquents (loyers en location, matériel roulant usager) n’est pas une bonne partie pour une compagnie nationale, pupille de la république, qui héritera des actifs restant de l’ancienne Air Mauritanie, du droit de trafic et de l’assistance du Trésor. La naissance de la nouvelle compagnie mauritanienne reste toutefois conditionnée au retrait de l’autorité mauritanienne de l’aviation civile de la liste noire de l’Union Européenne. Bref, quelque soit le scénario privilégié pour Mauritania Airways (dépôt de bilan, fusion ou recapitalisation), les actionnaires devront mobiliser des fonds pour faire face à leurs engagements vis-à-vis du personnel (226 employés), à l’Etat et aux fournisseurs. Pour rappel, Mauritania Airways est contrôlé à 51% par Tunisair, 10% par l’Etat mauritanien et 39% par un homme d’affaires mauritanien.
A.W
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