lundi 29 novembre 2010

Oléoduc Tchad/Cameroun : des revenus de transit juteux

(Le blog finance 29/11/2010)
Quoiqu'on en dise, les revenus du pétrole continuent d'offrir une somptueuse (?!) manne pour les pays disposant de cette ressource convoitée mais aussi intervenant dans sa chaîne de transit. La Société nationale des hydrocarbures (SNH), organisme pétrolier public camerounais a ainsi annoncé jeudi que le Cameroun avait perçu depuis 2003 "57,98 milliards de FCFA" (88 millions d'euros) de droit de passage de l'oléoduc le reliant au Tchad.
Construit entre 2000 et 2003, le pipeline, long de 1.070 km, relie les champs pétrolifères de Komé, dans le sud-ouest du Tchad, au terminal maritime camerounais de Kribi.
L'exploitant de l'oléoduc - la Cameroon oil transportation company, Cotco - verse depuis 2003 - date de mise en service - un droit de transit correspondant à une "redevance" perçue par le pays en raison du passage du pipeline sur son territoire.
"Du 1er janvier au 31 octobre, 36,75 millions de barils ont transité par KK1 (terminal Komé-Kribi 1), contre 35,53 millions de barils pour la même période de l'année précédente", indique également le communiqué de la SNH. "Ces quantités exportées ont généré pour le Cameroun un droit de transit de 7,49 milliards de FCFA" (11 millions d'euros).
Rappelons toutefois que l'existence elle-même du pays est largement controversé, et ce depuis de nombreuses années.
Ainsi, en juillet 2009, quatre ONG américaine, camerounaises et tchadienne ont estimé que l'oléoduc construit entre le Tchad et la côte camerounaise avait appauvri les populations riveraines de l'ouvrage, les mesures prises par la Banque mondiale ne changeant semble-t-il rien à l'affaire.
"Les moyens de subsistance" des populations ont été "durablement hypothéqués en de nombreux endroits" le long de l'oléoduc "sans réparation efficace", avaient ainsi affirmé Environmental Defense (Etats-Unis), Public Interest Law Firm (Tchad), le Réseau de lutte contre la faim et le Centre pour l'environnement et le développement (Cameroun).
Financé en partie par la Banque mondiale, le projet s'était notamment fixé pour objectif de réduire la pauvreté au Tchad, pays où plus de 80% de la population vit avec moins d'un dollar par jour. Mais en 2008, la banque s'était retirée du projet au Tchad en vue de protester contre la violation par N'Djamena des accords prévoyant notamment l'octroi d'une partie des revenus pétroliers "aux générations futures".
Si le Tchad a gagné en cinq ans plus de trois milliards d'euros grâce au pétrole, "la multiplication des puits pétroliers" dans le sud prive "les communautés de terres fertiles, accentuant ainsi la pauvreté rurale dans cette région" soulignaient alors les ONG. Selon elles, la mise en oeuvre des mesures prises pour limiter les impacts sociaux et environnementaux du projet "est restée des plus limitées".
Sources : AFP, SNH, Reuters
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