(La Libre 27/11/2010)
Le Président sortant a repris son discours xénophobe anti-“dioula”. Des incidents violents entre militants ont fait deux morts et des blessés.
Branle-bas de combat, en Côte-d’Ivoire. En cette veille de second tour d’élection présidentielle explosive, on craint, en effet, une résurgence des violences politico-régionales Nord-Sud qui avaient marqué les élections irrégulières de 2000, grâce auxquelles Laurent Gbagbo s’était hissé à la présidence.
Le Conseil de sécurité de l’Onu a décidé, mercredi, d’autoriser le déploiement de 500 casques bleus supplémentaires (soit un total de 10 000) pour un mois, afin d’assurer la sécurité du scrutin et de l’après-scrutin. En effet, "la situation en Côte-d’Ivoire continue à mettre en péril la paix et la sécurité internationales dans la région".
Ce dimanche doit voir s’affronter, par urnes interposées, deux des trois principaux adversaires de la politique ivoirienne, dont la rivalité a déstabilisé le pays depuis la fin des années 90 et a servi de fond à la guerre civile. Le Président sortant, Laurent Gbagbo, 65 ans, arrivé premier au premier tour d’élection, le 31 octobre, avec 38% des voix, espère rester à la tête de l’Etat malgré Alassane Ouattara, 68 ans, qui avait obtenu 32 % des bulletins.
Chacun des deux candidats a tenté de se rallier les voix d’Henri Konan Bedié, arrivé troisième avec 25% des voix. Bédié a fait alliance publiquement avec Ouattara, mais son électorat baoulé (son ethnie) le suivra-t-il? Il a en effet été nourri de discours anti-dioula (ce mot désigne à la fois les Ivoiriens du nord, musulmans, et les ressortissants des pays voisins pauvres du nord) entre 1995 et 2000. En outre, on sait que les paysans baoulés travaillant dans les plantations de cacao (dont la Côte-d’Ivoire est premier producteur mondial) du pays bété (ethnie de Laurent Gbagbo) ont subi de fortes pressions pour "bien voter". Ils craignent, si le vote de leurs villages n’est pas pro-Gbagbo, d’être la cible de violences de la part de leurs voisins bétés, propriétaires traditionnels des terres qu’ils habitent.
La tension est forte. Contrairement à la campagne du premier tour, celle des dernières semaines a donné lieu à la fois à une escalade dans les discours des deux candidats et à la violence physique entre militants à Abidjan.
Gbagbo et Ouattara se sont ainsi mutuellement traités de "putschistes". Car Gbagbo a accédé au pouvoir de manière irrégulière en 2000, en roulant le général Guéi qui avait calibré les élections pour lui-même. Et Ouattara est accusé d’avoir soutenu en 2002 le putsch raté de Nordistes qui voulaient mettre fin à la campagne anti-dioula des pro-Gbagbo, putsch qui a abouti à la partition du pays entre Nord et Sud.
De plus, le Président sortant a renoué avec son discours sur l’"ivoirité", même s’il est plus discret qu’auparavant. L’"ivoirité", concept xénophobe dont M. Gbagbo est l’inventeur, selon le chercheur français Jean-François Bayart, consiste à mettre en doute la nationalité ivoirienne des ressortissants du Nord, sous prétexte que leurs noms et mœurs ressemblent à ceux de pays voisins du nord pauvres - Burkina Faso et Mali - qui fournissent le gros des immigrés économiques en Côte-d’Ivoire. En 2000, le concept avait servi à écarter M. Ouattara du scrutin pour "nationalité douteuse".
Cette fois, si M. Gbagbo ne parle plus d’"ivoirité", il en reprend le thème: "Il y a deux types de candidats", a-t-il répété de meeting en meeting. "Un candidat pour la Côte-d’Ivoire et un candidat pour l’étranger". "Le serpent n’est pas encore mort, ne laissez pas tomber votre bâton", a-t-il harangué le week-end dernier - alors que, la veille, ses militants avaient attaqué avec machettes et gourdins une permanence du parti de Ouattara à Abidjan ; les partisans de ce dernier avaient répliqué en lançant des projectiles. Jeudi et vendredi, deux hommes ont été tués dans des incidents électoraux dans le centre du pays.
Et M. Gbagbo d’ajouter: "Je n’accepterai pas et je n’accepterai jamais" (que Ouattara accède au pouvoir). Ce second tour, "c’est le jour contre la nuit, le bien contre le mal", dit-il. Plusieurs ONG ont appelé les candidats à éviter les discours agressifs.
Mercredi la mission d’observation de l’UE a accusé la Commission électorale ivoirienne d’"obstructions inacceptables" au travail des observateurs, précisé par des accords internationaux. Le chef de la mission, Christian Preda, a indiqué à Reuters que les observateurs avaient été empêchés d’assister à certaines opérations de dépouillement des bulletins au premier tour et étaient tenus à l’écart des préparatifs du second tour.
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votre commentaire sembles vraiment partisans pour un journaliste de carrière car tous le monde sait en Côte d'Ivoire quels sont les partisants qui sont violents. M. Ouattara n'est pas un mal pour la Côte d'Ivoire mais c'est l'idéologie de guerre, de coup d'état et de rebellion armée qui caractérise ses partisant qui font peur aux ivoirien. Je pari que sans cette guerre en 2005 il serait passer haut les main au premier tour d'une élection. Ce n'est pas lui qui est vomi mais les actes criminels de ceux qui hier faisait partis de sa garde rapprochée. Ne parler pas de M. Gbagbo comme d'une personne opposée à la paix, tous on sait aujourd'hui que les rebelles ce ne sont pas les armes qui ont manqué pour les anéantir mais c'est l'opportunité de pouvoir les atteindre sans faire du mal à la population qui ne s'est pas présenté.
RépondreSupprimerQue M. Gbagbo gagne pour une Côte d'Ivoire capable de s'affirmer dans le concert des nations, on va gerer tous les problèmes quand la paix sera défintivement revenu.