(L'Avenir Quotidien 29/11/2010)
Il a été annoncé que le leader de l’Udps rentre au pays au mois de décembre prochain. Il serait précisément attendu le 1er décembre de cette année. Avant son retour au pays, le leader de l’Udps s’est fait la conviction qu’il n’y a pas de pouvoir à Kinshasa ou ailleurs en Afrique qui n’aurait pas, pour exister, la caution de l’Occident. Cette conviction, le leader de l’Udps l’avait exprimée clairement dans son interview à France 24. Il avait même déclaré que l’Occident ayant abandonné Joseph Kabila, il était très sûr lui, d’être élu. Cette logique bâtie sur des prémices fausses, est loin d’être compréhensible. Le lien entre le soutien à l’extérieur et l’élection par les Congolais, n’est pas perceptible. Mais c’est sur base de cette profonde conviction que Etienne Tshisekedi a insisté de se faire recevoir à l’Elysée. On renseigne qu’il n’est pas la première personnalité congolaise à être reçue par le conseiller de Nicolas Sarkozy en charge de l’Afrique. La liste d’audience indique que Vital Kamerhe est passé par là, y compris le président de la chambre haute du parlement congolais, Léon Kengo wa Dondo. Etait-ce également à la demande ces derniers ? On précise seulement pour le cas de Etienne Tshisekedi qui aurait sollicité et obtenu cette audience. Son souhait, selon les milieux proches de l’Udps Europe, aurait été d’être reçu par le président Nicolas Sarkozy ou par le Premier ministre français.
Reçu par André Parent
Mais, il a eu droit à une audience lui accordée par le conseiller du Chef de l’Etat français en charge de l’Afrique. Comme on dit, quand on ne peut voir le père, on peut se contenter de l’ange, surtout lorsqu’on sait que l’ange pourra rendre compte. Etre reçu, c’est normal. Mais, on peut s’interroger, comment les Occidentaux se substitueront- ils aux Congolais pour installer le leader de l’Udps au pouvoir. Jusque-là, rien n’est révélé sur les entretiens entre André Parant et Etienne Tshisekedi. Apparemment, comme le signalent ses propres propos à France 24, Etienne Tshisekedi est allé informer le locataire de l’Elysée de son retour au pays. Courtoisie oblige. Mais, l’enjeu serait au-delà d’une simple visite de courtoisie. Le leader de l’Udps est allé solliciter le soutien de Paris. En quels termes ? Seuls André Parant et Etienne Tshisekedi le savent. C’est ainsi que, n’en déplaise à ceux qui interdisent toute analyse des propos de Tshisekedi, tant que ce dernier aspire à diriger le Congo, ce qu’il dira et fera nous intéresse, autant qu’il s’intéresse aux autres. On peut se poser beaucoup de questions. La première concernerait toute la diabolisation dont Louis Michel a été l’objet dans les milieux congolais de l’Udps. Le tort de Louis Michel aurait été d’avoir imposé Joseph Kabila (sic). C’est d’ailleurs en partant de ces fausses prémices que les milieux de l’Udps tiraient des conclusions sur les élections organisées en Rdc en 2006.
A quoi rime le soutien recherché
Maintenant que les Congolais se préparent aux élections de 2011, la recherche par Tshisekedi du soutien de Paris devient suspecte. Le leader de l’Udps entend-il lui aussi bénéficier des élections injustes ? On est étonné que dans la classe politique congolaise, les valeurs ne soient pas absolues. On les relativise selon les intérêts personnels. Etienne Tshisekedi entend également contacter les dirigeants sud-africains. Selon les sources proches de l’Udps, Tshisekedi entend également rencontrer les dirigeants de Luanda. Bref, il entend sarcler tout ce qu’il suppose être le soutien de Joseph Kabila. Quel discours tient-il ? Quels avantages propose-t-il à ses interlocuteurs pour les convaincre d’abandonner joseph Kabila ? On semble se retrouver à l’époque où des individus sont allés solliciter les pays voisins pour les mettre au pouvoir. Conséquence, le pays a été écartelé. Il avait fallu négocier avec les différents chefs de guerre pour refaire l’unité du pays. Avec l’organisation des élections, processus auquel l’Udps et son leader adhèrent, on pensait qu’il n’y aurait plus d’autres sources du pouvoir que le peuple congolais qui s’exprime par les urnes. En allant chercher le pouvoir auprès des puissances étrangères, Etienne Tshisekedi se moque du peuple congolais. Il en fait un figurant dans le processus de la désignation des dirigeants congolais.
Supprimer le 2ème tour ?
Etienne Tshisekedi, selon les sources proches de l’Elysées rapportées par Jeune Afrique, a accusé Joseph Kabila de chercher à supprimer le deuxième tour de la présidentielle. Ce qui est un mensonge qui démontre que Etienne Tshisekedi est très mal informé sur le discours politique actuellement sur le terrain. Par conséquent, il n’a pas une idée très claire des acteurs politiques qui l’attendent sur terrain dans la nouvelle configuration politique. Il ne comprend pas que le pays est déjà sorti du cadre de l’opposition d’individu à individu comme il l’avait fait contre Mobutu, sans succès du reste. C’est pourquoi, Tshisekedi vise Kabila alors qu’il y aura plus d’un candidat à la présidence de la République. Il se prépare à un face-à-face avec Kabila oubliant les autres candidats. Est-ce pour cela le deuxième tour serait la planche de salut ?
En ce qui concerne la suppression du deuxième tour, outre le fait qu’il n’est pas dans la préoccupation de Joseph Kabila, cela ne relève pas de la présidence de la République. L’éventuelle révision de la loi électorale ne pourra se faire qu’au parlement. Si telle est la volonté de la majorité des élus du peuple, on ne voit pas comment Sarkozy ou un autre président du monde contredirait la volonté des élus du peuple congolais. Cela ne veut nullement dire qu’il n’y aurait pas de Congolais qui pourraient être d’avis contraire. La France nous en a donné l’exemple. La rue a beau gronder, la réforme sur la retraite est passée, votée par le parlement et promulguée par le Chef de l’Etat. C’est cela la démocratie.
Toujours au sujet de l’éventuelle suppression du deuxième tour, il n’est pas à ce jour la préoccupation du clan politique qui soutient Joseph Kabila. La preuve, le mot d’ordre qu’on entend partout, c’est de faire élire Joseph Kabila au premier tour. Est-ce cela que Tshisekedi comprend comme suppression du deuxième tour ? Tout ce qu’on sait, c’est que dans certains milieux, on avait émis le souhait de réviser la loi électorale au sujet du mode de scrutin. On souhaiterait le système majoritaire. Dans un cas comme dans l’autre, il serait étonnant de préjuger que le vote à un seul tour serait essentiellement à l’avantage de Kabila. Il en est de même du mode de vote. Tshisekedi aurait-il ainsi peur à ce point ?
Shaah G.
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