(Cyberpresse 21/04/2010)
L'armée rwandaise a annoncé mardi l'arrestation et la suspension de deux de ses principaux généraux, accusés de "corruption" et de "mauvaise conduite".
Le général Emmanuel Karenzi Karake a été suspendu de ses fonctions "pour mauvaise conduite non conforme aux principes qui régissent la discipline des Forces rwandaises de défense" (RDF), a annoncé le porte-parole de l'armée, le major Jill Rutaremara.
Le général Charles Muhire a lui aussi été "suspendu pour crime grave de corruption et abus de pouvoir", a indiqué le major Rutaremara, précisant que les deux officiers supérieurs avaient été "arrêtés".
"Cette décision a été prise pour renforcer la discipline, le respect et la confiance au sein" de l'armée rwandaise, a-t-il expliqué.
Le général Karenzi Karake, dit "KK", est l'ancien numéro deux de la mission de paix ONU-Union africaine (Minuad), déployée au Darfour dans l'Ouest du Soudan, qui compte un important contingent rwandais.
Ancien chef d'état-major des forces aériennes, le général Muhire avait quant à lui été nommé le 10 avril comme chef d'état-major de la Force de réserve de l'armée.
Tous deux Tutsi anglophones issus de la diaspora ougandaise (comme le président Kagame), ils faisaient partie du cercle très restreint des chefs militaires de haut rang du Front patriotique rwandais (FPR), ancienne rébellion majoritairement tutsi dirigée par Paul Kagame, qui dirige le pays depuis la fin du génocide de 1994 au Rwanda.
Le général Karake en particulier a joué un rôle très important dans l'offensive menée en 1996 en République démocratique du Congo (RDC), au cours de laquelle des dizaines de milliers de réfugiés hutus rwandais avaient été massacrés.
L'arrestation de ces deux généraux intervient alors que le gouvernement a mis en cause ces dernières semaines deux anciens officiers supérieurs, le général Kayumba Nyamwasa (ex-chef d'état-major de l'armée) et le colonel Patrick Karegeya (ancien chef des renseignements extérieurs) dans une récente série d'attaques à la grenade à Kigali.
Autrefois des personnalités clés du régime rwandais, MM. Nyamwasa et Karegeya sont aujourd'hui en fuite en Afrique du Sud. Ils seraient coupables d'avoir fomenté "des actes terroristes" et auraient commencé "à mettre en œuvre des projets de déstabilisation de l'Etat", selon la justice rwandaise.
"Personne (...) ne peut faire un coup d'Etat" au Rwanda, avait mis en garde début mars le président Kagame, qui dirige le pays depuis 1994 et sera vraisemblablement candidat à sa propre succession à l'élection présidentielle prévue en 2011.
La semaine dernière, M. Kagame avait procédé à un vaste remaniement à la tête des armées, et nommé l'un de ses fidèles, le chef d'état-major James Kabarebe, au poste de ministre de la Défense.
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