(Mwinda 07/03/2011)
Sacré « Jeune Afrique ». Depuis bientôt 20 ans, chaque année, le même journaliste pose toujours les mêmes questions au même homme. Souvent l’entretien est sans intérêt et passe inaperçu. L’interview accordée par Sassou cette semaine au magazine panafricain ne fait pas exception à la règle.
A noter cependant une réponse de Sassou au sujet des révoltes dans les pays arabes.
« Tous les peuples ont besoin de liberté, de démocratie et de justice sociale. C'est une leçon qui vaut pour l'Afrique, sans doute, mais aussi pour tous les pays du monde, y compris les plus développés (…) En toute hypothèse, des mouvements comme ceux que nous avons observés en Afrique du Nord n'émanent pas des politiciens mais du peuple.
Or le peuple congolais a le sens des réalités. Il a connu et payé le prix de la guerre civile. Il est d'autant moins disposé à récidiver que tous les moyens d'expression démocratique sont à sa disposition » a t-il affirmé.
Bref, Sassou affiche la même disposition d’esprit que Kadhafi qui promettait une rivière de sang et une guerre civile dans son pays dès les premières révoltes populaires. L'homme associe tout de suite les manifestations populaires (un moyen d'expression démocratique) à la guerre. Comme Kadhafi. On le voit : le modèle dans lequel il se situe d'emblée c'est celui, tribal, de Kadhafi et ses tueries et non celui de Ben Ali ou de Moubarak qui ont abandonné le pouvoir sans trop de sang versé. La preuve, il menace clairement de déclencher une guerre si le peuple se révolte contre son pouvoir puisqu'il considère que « tous les moyens d'expression démocratique sont à sa disposition »... (1)
Commentaire - Triste contat. Mais quand on a été capable de maquiller un coup d’Etat en « guerre civile », quel Congolais sera surpris d’entendre pareille déclaration ? Bref le gars, qui sait mieux que quiconque que seul 5 % de la population est allé voter lors de la dernière présidentielle, est fidèle à lui-même. Pourtant il n’est pas sûr que ce chantage (2) à la violence (qu'on peut interpréter comme un signe de faiblesse d'un homme inquiet) suffise à arrêter la marche de l’histoire.
Pour le reste, chacun aura remarqué la discrétion de l'Union africaine sur les violences en Libye. L'organisation africaine a néanmoins publié un communiqué condamnant (ne riez pas !) " l'usage excessif " de la violence. Visiblement les chefs d'Etat africains sont très inquiets pour le colonel Kadhafi c'est-à-dire... pour eux-mêmes ! Car si Kadhafi, installé depuis des décennies, plein aux as, armés jusqu'aux dents est vaincu, autant dire qu'un Sassou, un Biya ou un Bongo ne pourront guère peser plus lourd, dans les circonstances actuelles.
(1) Sassou sous-entend que la manifestation populaire n'est pas un " moyen d'expression démocratique ".
(2) Chacun son épouvantail : Kadhafi c'est Al Quaida, Sassou c'est la guerrre...
Prosper Mokabi Dawa au micro de François Bikindou
Ce samedi 5 Mars 2010, François Bikindou reçoit dans son émission " Diaspora " (de 20h à 20h30, heure de Paris) Prosper Mokabi Dawa, fondateur du journal " Le coq ", expulsé de Brazzaville en septembre dernier après avoir passé quelques jours dans une cellule des services spéciaux congolais. Pour suivre l'émission : www.bcbradio.co.uk. Ensuite cliquez sur " Listen live! "
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