lundi 7 mars 2011

Le Cameroun restera-t-il un îlot de stabilité dans la région après les élections de 2011 ?

(Camer.be 07/03/2011)

Alors que l’élection présidentielle de 2011 se rapproche et que les tensions liées à la succession du président s’accroissent inévitablement, une question s’impose : le Cameroun restera-t-il un îlot de stabilité dans la région ?
Flou constitutionnel et légal, rivalités entre les barons du régime, tentatives du gouvernement pour contrôler le processus électoral, rupture du contrat politique entre gouvernants et gouvernés, importante paupérisation et nombreuses insatisfactions de la population auxquels s'ajoutent le niveau élevé de la corruption ainsi que les frustrations d’une grande partie de l’armée ; voilà la situation qui inquiète certains observateurs du Cameroun.
L'Africa Report, N°160 et N°161 des mois de Mai et Juin, publié par l'International Crisis Group, fait un constat : le Cameroun est dans « une situation de grande instabilité potentielle… ».
Le Cameroun est dans une grande instabilité potentielle.
Concentrant son analyse sur les facteurs d’instabilité les plus importants et examinant la situation actuelle au Cameroun, ce rapport révèle qu’à moyen terme, les dissensions internes du régime, les fractures au sein des forces de sécurité, ainsi que la colère et la frustration ressentie par la population sont susceptibles de causer une transition chaotique. Exagération, qui peut le dire ? Seulement ledit rapport indique après analyse de la réalité sociale, que c’est très probable ; et donne à la suite sous forme de recommandations, la voie à suivre pour éviter de sombrer dans un climat d’instabilité à l’occasion de l’organisation des élections de 2011.
Le régime en place n’est solide que d’apparence.
Le rapport considère le régime comme « un système puissant mais qui manque de légitimité ». Situation qui peut se traduire par l’accumulation des divisions. Le régime Biya aurait un important handicap : il n’a pas de légitimité populaire. Le lien des députés ou des maires avec leur base semble tout aussi ténu, en raison du manque de fiabilité du processus électoral. Beaucoup de barons du régime se sont aussi discrédités à cause de leurs liens troubles avec les milieux économiques et d’affaires. A titre d’exemple, l’actuel ministre du Commerce est également le PCA du plus gros exportateur de bananes du pays, filiale d’une entreprise française… » De plus, parmi ces ministres, rares sont ceux qui ont une légitimité populaire.
Difficile de compter totalement sur les forces de sécurités qui sont fragmentées.
L’omni présence des forces de l’ordre n’est pas un élément rassurant. Africa Report N°161 relève qu’elles sont divisées. Les forces de sécurités sont fragilisées et il règne au sein des corps l’indiscipline, les vols et la criminalité ; le conflit de générations aux postes de commandements, notamment celui de général. L’armée, la gendarmerie, la police sont fragmentées, avec d’un côté des forces régulières peu équipées, en partie tribalisées, et de l’autre, des « unités spéciales » qui bénéficient d’un régime de faveur. Une partie d’entre elles a aussi développé des liens avec le monde des affaires ou des milieux criminels. En cas de crise, il serait difficile de parier sur la réaction des forces de sécurité. Certains seront soucieux de « préserver leurs privilèges et leurs intérêts, rendant toutes les options possibles, y compris celle d’une prise de pouvoir. »
La rue est un chaudron de mécontentement qui se remplit.
La rue est souvent le siège des grandes tensions sociales. Les opérations « villes mortes » en 1991, puis en février 2008 les émeutes dites de la faim, ont causé la mort de plusieurs camerounais. Le Cameroun s’est enflammé et donne de penser que la rue est une bombe à retardement. « La rue est un chaudron de mécontentement qui se remplit ». Aux revendications des transporteurs contre l'augmentation du prix du carburant, s’est superposées la colère de la population contre la cherté de la vie mais aussi contre le projet de Paul Biya de supprimer la limitation constitutionnelle du nombre de mandats présidentiels. Des jeunes ont marché et sont arrivés jusqu’aux portes du palais présidentiel, Créant la panique dans l’appareil sécuritaire de l’Etat. « Aujourd’hui, l’hypothèse qu’une autre explosion de violence se produise est toujours très forte, la situation n’ayant pas changé depuis 2008. La population n’a toujours pas de réponses à ses frustrations ni d’espace pour les exprimer, le climat de corruption et de misère reste propice à ’instrumentalisation, l’absence totale de perspectives donne à beaucoup de jeunes le sentiment qu’ils n’ont plus rien à perdre. »

© Source : Écrit par 237online.com
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