Ecrit par Jean de Robert-Colette · mai 30, 2010
Les nouvelles en provenance du Sénégal ne sont pas bonnes pour les opérateurs économiques ivoiriens. Le gouvernement sénégalais continue ses manœuvres contre les huiles produites en Côte d’Ivoire et vendues sur le territoire du pays d’Abdoulaye Wade. Selon La Gazette, un mensuel sénégalais, le gouvernement sénégalais a débloqué la faramineuse somme de 6 milliards de francs CFA afin de subventionner Sunueor. Une subvention destinée à appuyer cette société pour lui permettre de tenir tête aux huiles ivoiriennes. Conséquence, le WEST Africa Commodities(WAFCOM), une société spécialisée dans le conditionnement et la commercialisation de l’huile de palme, n’a pas supporté les pressions économiques et politique menées à son encontre : l’entreprise a été obligée de fermer le 7 février 2010. L’affaire portée à l’arbitrage de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) a suscité une réaction. Depuis le 24 avril, cette organisation d’intégration sous-régionale a tranché. Mais la décision n’est pas encore rendue officielle. « Logiquement, la décision de l’UEMOA devrait nous être favorable », espère le PDG de WEST Africa Commodities, M. Alassane Diouf, selon des propos rapportés par le journal dakarois. Pour l’heure, le personnel estimé à 250 employés est au chômage depuis la fermeture de l’entreprise. Mais derrière WAFCOM, se cache en réalité un objectif visé par Dakar : contenir l’avancée du groupe SIFCA dans sa conquête du marché sous-régional. En effet, les huiles produites par cette société agro-industrielle ivoirienne ont réussi à faire une percée fulgurante dans l’espace UEMOA de sorte que le Sénégal, également producteur d’huiles raffinées, n’a pas manqué de se réfugier derrière des mesures protectionnistes pour pouvoir contenir la concurrence. Dakar avait d’abord imposé une taxe conjoncturelle d’importation de 25% pour protéger les huiles produites au Sénégal, avant de se rebiffer devant la colère de l’UEMOA qui a dénoncé le caractère illégal de cette surtaxe dans un espace de libre échange où l’on peut exporter en franchise de droits. Autre manœuvre, le Sénégal avait émis des doutes sur l’origine des huiles acheminées sur son sol, estimant que les produits vendus par le négociant WAFCOM seraient d’origine asiatique et non ivoirienne. L’argument utilisé est celui-ci : les huiles en provenance d’Asie s’introduisent sur le sol sénégalais après avoir transité par Abidjan pour être labélisées UEMOA en fournissant WAFCOM. L’affaire portée devant la commission de l’UEMOA a été tranchée en faveur de la SIFCA. Dans sa décision en date du 11 septembre 2007, l’organisation sous-régionale demande aux autorités sénégalaises d’admettre « les certificats d’origine émis par les autorités ivoiriennes habilitées, pour l’huile de palme raffinée produite par les sociétés COSMIVOIR et UNILEVER, et à lui accorder le bénéfice lié à l’origine communautaire ».
Des risques pour la sous-région
Les entraves à la libre concurrence et au libre échange dans l’espace UEMOA et CEDEAO font peser des menaces sur le bien-être des populations de la sous-région. En effet, le déficit actuel de l’huile de table est estimé à 150.000 tonnes et pourrait atteindre 300.000 tonnes à l’horizon 2020, voire 750.000 tonnes dans le cas de la CEDEAO. Pour le géant ivoirien, SIFCA, il faut combler ce déficit. C’est ce qui justifie d’ailleurs sa volonté d’investir dans ce secteur des oléagineux. Le groupe prévoit un investissement de près de 75 milliards FCFA sur 5 ans. Dans ce sens, la plus grande raffinerie d’huile d’Afrique dont la capacité de production est estimée à 1500 tonnes par jour sera bientôt ouverte à Abidjan. Ce projet aura pour objectif de faire baisser le coût de revient et d’améliorer la compétitivité de la filière palmier à huile ivoirienne. Une filière qui occupe plus de 30.000 planteurs en Côte d’Ivoire. Si l’objectif recherché par l’intégration sous-régionale est de parvenir à une croissance plus élevée et de réduire la pauvreté de façon plus efficace et plus tangible dans les pays membres dans leur ensemble, les contraintes telles que le refus de certains Etats de respecter les règles communes, le manque de volonté politique et d’adhésion à l’intégration sous-régionale sont de nature à rendre nos économies toujours dépendantes de l’extérieur et à affaiblir le tissu industriel des pays de l’Uemoa. Les mesures protectionnistes menées par le Sénégal sont donc préjudiciables pour les populations vivant dans l’espace sous-régional.
Source : l’inter
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