Par RFI
Le président sénégalais Abdoulaye Wade a répondu vigoureusement, à la « contribution » de l’ambassadrice américaine Marcia Bernicat publiée vendredi 20 mai 2010 par la presse. A l’issue d’une réunion consacrée à la mission Union Européenne-USA sur les élections, Abdoulaye Wade est revenu sur ce texte intitulé « Le Sénégal et la corruption ».
D’entrée de jeu le président sénégalais prend un air grave. « Je suis affligé, dit-il, par les propos que j’entends toujours et qui mettent en accusation le Sénégal pour corruption ». Abdoulaye Wade rappelle alors son bilan et laisse éclater sa colère contre l’ambassadrice des États-Unis, pendant sept minutes, sous l’œil des caméras.
« Moi, je suis responsable de défense de l’image du Sénégal qui est un pays honorable, poursuit le président. Nous sommes un petit pays mais nous avons notre fierté et notre dignité. Il y a des choses que nous ne pouvons pas accepter. Et, moi, je ne comprends pas pourquoi vous êtes le seul pays, à longueur de journée, à nous traiter de corrompus ».
Abdoulaye Wade interpelle la diplomate : « Vous ne m’avez pas encore désigné un cas de corruption impunie. Arrêtez ces accusations publiques. Parce que je ne peux pas continuer à accepter cela ».
Le président sénégalais précise qu’il ne souhaite pas remettre en cause la coopération entre le Sénégal et les États-Unis, mais termine sur le ton du défi en parlant du MCA, le Millenium Challenge Account. 540 millions de dollars de dons des États-Unis au Sénégal. « Si on ne peut pas avoir la paix avec ce MCA, mais reprenez-le, déclare, d’un ton vif, Abdoulaye Wade. Et emmenez-le dans un pays ou vous pouvez être injurieux, mais pas ici au Sénégal. Vous pouvez le reprendre quand vous voulez et l’amener où vous voulez ».
L’ambassadrice des États-Unis peut enfin répondre. Les caméras tournent toujours. Marcia Bernicat joue l’apaisement. « Je n’ai eu l’intention, dit-elle, ni hier, ni aujourd’hui de faire des accusations ».
« Le Sénégal et la corruption »
A l’origine de ce coup de colère présidentiel très médiatisé, un texte signé de la diplomate, publié vendredi dans une bonne partie de la presse sénégalaise.
Dans cette « contribution » intitulée « Le Sénégal et la corruption », l’ambassadrice des Etats-Unis au Sénégal est restée sur le terrain du principe et réaffirmait la nécessité d’une lutte efficace contre la corruption. Mais en diplomatie, le message est souvent entre les lignes et réaffirmer le principe, c’est suggérer que son respect pose problème.
« Les Etats-Unis investissent beaucoup dans la prospérité du Sénégal », écrivait la diplomate, car selon elle, un Sénégal économiquement prospère est à la fois un modèle et un facteur de stabilité. « Cependant, poursuivait Marcia Bernicat, la corruption, voire même la perception de la corruption ainsi que les politiques exécutées de façon inefficace peuvent facilement ruiner les efforts de développement ». « Un gouvernement responsable, estimait-elle, demeure vital à la prospérité du pays »
Dans ce qui semblait bien être une mise en garde, l’ambassadrice des Etats-Unis rappelait par ailleurs : « Pour bénéficier des fonds du Millenium Challenge Account ou plus important encore pour conserver le fonds alloué, les pays doivent montrer des résultats positifs de leur politique et s’engager dans la lutte contre la corruption ».
par http://www.rfi.fr/
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