par Richard Valdmanis
ABIDJAN (Reuters) - La population camerounaise est déçue par la lenteur des réformes promises par le gouvernement de Paul Biya et le pays risque de connaître une instabilité croissante d'ici à l'élection présidentielle prévue en 2011, dit un rapport publié par l'ONG International Crisis Group (ICG).
Un conflit interne dans ce pays producteur de pétrole, considéré comme l'un des plus stables d'Afrique centrale, constituerait un revers pour la démocratie de la région et compromettrait des investissements de plusieurs milliards de dollars dans le secteur de l'énergie et des mines.
"L'éventuelle capacité du Cameroun à jouer un rôle positif dans la région et à éviter d'être entraîné dans toutes sortes de conflits transfrontaliers dépend de l'amélioration de la gouvernance et de sa capacité à traiter les sources d'instabilité à l'intérieur de ses frontières", estime Richard Moncrieff, directeur du projet Afrique de l'Ouest d'ICG.
Paul Biya, qui est âgé de 77 ans, est arrivé au pouvoir en 1982. Il s'y est maintenu depuis lors souvent grâce à des élections qui, selon l'opposition, étaient entachées de fraudes.
En 2008, l'introduction d'un amendement constitutionnel supprimant la limitation du nombre de mandats a entraîné de violentes manifestations.
L'opposition camerounaise accuse le président Biya de vouloir confisquer à son profit le scrutin présidentiel de l'an prochain en imposant un contrôle gouvernemental sur la commission électorale indépendante Elecam.
ÉCONOMIE BRIDÉE
La production de pétrole est en baisse. Selon des chiffres publiés mardi, le Cameroun a produit 6,09 millions de barils de brut au premier semestre, soit 13% de moins qu'au cours du premier semestre de l'an dernier.
Alors que le gouvernement Biya a annoncé un plan de triplement de la production d'électricité d'ici 2020, les pannes de courant entravent des projets miniers vitaux pour la diversification de l'économie.
L'économie est bridée par la corruption et l'inertie et la population ne goûte guère aux fruits du peu de croissance enregistrée, principalement grâce à l'exploitation de ressources naturelles, écrit l'ICG.
Le ministère des Communications s'est refusé dans l'immédiat à tout commentaire sur le rapport.
Les pays voisins et les autres acteurs internationaux, souligne l'ICG, doivent exercer une pression financière et politique sur le gouvernement Biya afin qu'il mette en oeuvre des réformes et prévienne des conflits internes tels que ceux qui ont éclaté en Guinée ou en Côte d'Ivoire.
Le "think thank" estime par ailleurs qu'un changement de chef d'Etat ne serait pas exempt de risques, le pays n'ayant connu que deux présidents en 50 ans d'indépendance.
Mais il pourrait aussi permettre le lancement des réformes nécessaires pour assurer la stabilité à long terme du pays.
Nicole Dupont pour le service français, édité par Gilles Trequesser
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