Trente-huit dirigeants participent à Nice au 25e sommet franco-africain.
Un sommet Afrique-France, est-ce encore utile? La question n'a pas été posée par un observateur impertinent, mais par Nicolas Sarkozy lui-même, lundi à Nice, dans son discours d'ouverture du 25e rendez-vous des dirigeants franco-africains. «Ne faut-il pas y voir, de la part de la France, l'expression d'une forme de néocolonialisme?», s'est même interrogé le chef de l'État en présence d'une quarantaine de chefs d'État et de gouvernement. De sa part, il s'agissait, on s'en doute, d'une clause de style pour mieux souligner le lien «indissoluble» entre la France et les pays du continent. «L'échec de l'Afrique serait le drame de l'Europe», a dit Nicolas Sarkozy en plaidant pour une «nouvelle relation franco-africaine, partenariale et décomplexée.»
Faire mine de questionner la pertinence des sommets visait aussi à mettre en lumière le peu de place réservée à l'Afrique dans la gouvernance mondiale. Un thème de prédilection du chef de l'État, qui figure également parmi ceux débattus à huis clos par les participants du sommet. «On ne peut pas dire qu'il faut associer étroitement l'Afrique au traitement des grands sujets qui touchent à la paix, à la sécurité, à l'équilibre du monde, et ne pas en tirer les conséquences», a répété Nicolas Sarkozy en qualifiant une nouvelle fois d'«anormal que l'Afrique ne compte aucun membre au Conseil de sécurité». Au sein de ce Conseil, l'Afrique ne «peut pas continuer à être la cinquième roue de la charrette», lui a fait écho, lundi sur France Info, le président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou-Nguesso.
La réforme est pourtant dans l'ornière depuis des années, un blocage dont les Africains, très divisés, portent une bonne part de responsabilité. Les pays d'Afrique, qui ne disposent au sein du Conseil de sécurité que de trois sièges non permanents, ont abouti en 2005 à une position commune en réclamant deux sièges permanents avec droit de veto et au moins deux sièges permanents supplémentaires. Mais aucun compromis n'a été encore trouvé entre les «poids lourds» africains (Égypte, Afrique du Sud, Nigeria…) qui convoitent les places. Dimanche soir à Nice, une réunion houleuse de six heures s'est déroulée entre Bernard Kouchner et ses homologues africains.
Débats tendus
Certains très remontés, comme le représentant de l'Afrique du Sud, ont réfuté le projet «intérimaire» désormais proposé par la France pour tenter de faire avancer la réforme. Cette initiative prévoit la création d'un statut intermédiaire entre permanents et non-permanents, avec de nouveaux membres désignés pour dix ans sans droit de veto, préfigurant un Conseil élargi. «Il ne s'agit pas de décider à la place des Africains mais d'essayer de réengager le débat», affirme-t-on dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, pour calmer le jeu. Le sujet a été remis sur la table, lundi, lors du déjeuner entre le président français et son homologue sud-africain, Jacob Zuma, qui est resté sur sa réserve. Nicolas Sarkozy s'est engagé à prendre des initiatives l'an prochain durant la présidence française du G8 et du G20. La tâche s'annonce rude.
par lefigaro.fr
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