mercredi 26 mai 2010

Côte d'Ivoire - Le vrai-faux retour de la Banque africaine de développement à Abidjan

(Liberation 26/05/2010)
Abidjan n'avait pas connu pareille agitation depuis des années. Plus d'un millier de personnes participent, ces jours-ci, à l'Assemblée générale de la BAD (Banque africaine de développement).
Ses travaux se déroulent dans les locaux en cours de rénovation de l'hôtel Ivoire, qui fut jadis le symbole du miracle économique ivoirien, avant de décliner lentement mais sûrement, à l'image du pays. Le chantier a été confié à un homme aussi discret qu'influent sur les bords de la lagune Ebrié, l'architecte Pierre Fakhoury.
Pour les Ivoiriens, cette réunion, la première de cette ampleur depuis la tentative de coup d'État contre Laurent Gbagbo, en 2002, est un signe assurément positif. Si des centaines de responsables affluent de toute l'Afrique, c'est que tout ne va pas si mal chez eux.
Pour les Abidjanais, malgré quelques désagréments, notamment un surplus d'embouteillages, les retombées économiques seront positives, en particulier dans les hôtels (bourrés à craquer) et les restaurants.
Mais une fois que tout ce beau monde aura plié bagage, la Côte d'Ivoire se retrouvera de nouveau face à elle-même. Sans élections.
L'examen des contentieux liés aux inscriptions sur la liste électorale a repris, mais nul ne se hasarde à évoquer une date pour un scrutin sans cesse reporté depuis cinq ans. D'autant que le camp présidentiel répète ces jours-ci qu'il faudra d'abord désarmer les rebelles du Nord avant de convoquer les électeurs. Une condition, sur le papier, de bon sens.
Mais chacun sait ici qu'elle sera difficilement réalisable et qu'il serait possible d'organiser un vote en regroupant les hommes dans les casernes et en déployant des troupes de l'Onu à des endroits clés. Dans les années 90, le Cambodge avait voté alors que les Khmers rouges contrôlaient encore une partie du pays...
Jusqu'en 2003, la BAD avait son siège à Abidjan. Pour des raisons de sécurité, elle a migré à Tunis. Reviendra-t-elle un jour sur les bords de la lagune? «On verra après les élections», confie l'un de ses cadres. Bref, la lagune peut attendre.

•Par Thomas Hofnung (à Abidjan)
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