lundi 19 décembre 2011

Niger - BONNE GOUVERNANCE AU NIGER: Mahamadou Issoufou tient le bon bout

(Le Pays 19/12/2011) L’exercice du pouvoir est loin d’être un long fleuve tranquille. On a beau avoir un catalogue de bonnes intentions, on est parfois surpris par les événements, dont certains prennent une tournure tragique. C’est cette dure réalité que le président nigérien Mahamadou Issoufou, vient d’expérimenter avec la mort de deux manifestants (une femme et un lycéen), à la suite d’une répression policière. Pour un candidat élu sur la base de la restauration de l’Etat de droit, il faut dire que cette brutale répression tombe mal. Elle pourrait donner une autre image de l’homme qui a toujours fait de la paix sociale et du respect des libertés démocratiques, son credo.
Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. Et, c’est à la réponse qu’un dirigeant apporte à ce genre de crise, que l’on juge de sa volonté à faire appliquer la justice à tous. Ainsi, le président a immédiatement fait prendre des mesures fermes telles que des limogeages et des arrestations parmi les policiers. Il a promis que justice sera faite. Au risque de se mettre à dos l’institution républicaine qu’est la police, le président Issoufou a donc tranché dans le vif. Mais c’est le prix à payer pour un ancrage des forces de l’ordre dans le cadre démocratique.
Comment douter d’ailleurs de la bonne foi du nouveau président élu, qui a inscrit la lutte contre l’impunité et la corruption au fronton de son action politique ? Il a toujours dit que les voleurs de la république seraient traqués sans répit. En tout cas, il en a à nouveau fait le serment, lors de son discours à la nation, à l’occasion du 53e anniversaire de la proclamation de la république. Acte majeur à inscrire dans les annales de la lutte contre les malversations au Niger, le président a même demandé que soit levée l’immunité des députés impliqués dans des affaires de malversations.
Il s’agit sans doute de répondre à la polémique qui s’installe autour de l’affaire dite des fausses factures. Cette affaire pollue le climat politique, puisque le pouvoir est accusé par l’opposition de protéger un député mis en cause. Désormais, personne ne peut plus accuser le président Issoufou de faire obstacle à la justice. Mais au-delà de ce fait conjoncturel, le nouveau régime veut jeter la lumière de la justice dans les rouages sombres de l’Etat. Le Niger doit éviter de s’adonner à la justice spectacle, comme l’a fait Paul Biya du Cameroun avec son opération Epervier. Il lui faut plutôt opérer un travail de fond et durable, l’exécution des rapports d’inspection, etc.
Bref, une vigilance permanente est nécessaire, à l’instar du Mali qui a instauré par exemple un vérificateur général. Bien sûr, on ne peut engager une telle action de salubrité publique sans prendre des risques politiques. Car il se peut que la justice inquiète des alliés et même des proches politiques. Mais le président n’a d’autre choix que d’avancer. Il y va de sa crédibilité, lui qui a promis aux Nigériens de nettoyer les écuries d’Augias.

Mahorou KANAZOE

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