lundi 5 décembre 2011

Sénégal - Benoo Siggil Senegaal : Le choc des égo

(Afriscoop 05/12/2011) Le scénario est quasi immuable en Afrique, et les météorologistes politiques font souvent “bingo”.
Le Sénégal a confirmé la règle : à l’image des nombreuses oppositions du continent, Benoo Siggil Senegaal, la Coalition anti-Wade, a arpenté la rue à l’unisson, a fait de la mauvaise publicité au pouvoir.
Mais au seuil de l’isoloir, c’est la désunion : en effet, le vendredi 2 décembre 2011, à l’issue d’une réunion houleuse, le principal regroupement de l’opposition sénégalaise n’a pu faire l’unanimité autour du nom du champion qui portera ses couleurs à la présidentielle du 26 février 2012.
Sur les 33 formations politiques qui composent Benoo Siggil Senegaal, 19 ont voté pour Moustapha Niasse, président de l’Alliance des forces du progrès (AFP), au détriment d’Ousmane Tanor Dieng, patron du Parti socialiste (PS). Le comité mis en place pour choisir l’oiseau rare, a donc tranché, provoquant ainsi un branle-bas de combat au sein de ce conglomérat de partis.
Les partisans du fils spirituel du président Abdou Diouf y voient “complot et clanisme”, estimant que le vote en l’espèce est contraire à l’esprit de Benoo. “Niasse n’est pas le candidat de l’unité et du rassemblement”, éructe-t-on du côté du PS, tandis que, chez les pro-Niasse, on prévient qu’”aucune autre personne ne pourra se prévaloir d’être le candidat” de Benoo. Si ce n’est pas la guerre, ça y ressemble !
On avait pourtant espéré que si le duel intra-Benoo Siggil Senegaal était inévitable, la sagesse et surtout la volonté de conquérir le pouvoir suprême seraient plus fortes que tout et feraient taire le choc des égos. Ce n’est pas le cas. Moustapha Niasse (5% à la présidentielle de 2007), fort de sa longue expérience, de sa fortune, mais qui a une partie de son avenir politique derrière lui, devait-il s’éclipser pour laisser son cadet Tanor compétir ? L’enfant terrible de Mbour (13% en 2007), qui hérite de 40 ans de gestion socialiste du pouvoir, est-il vraiment l’homme idéal pour Benoo Siggil Senegaal ?
En tout cas s’il y a bien une personne qui ne peut que se réjouir de ces fissures, même s’il ne sait pas à quoi va ressembler cette présidentielle de trop pour lui, c’est bien Abdoulaye Wade, qui a d’ailleurs lâché sur ce sujet : “On ne tire pas sur une ambulance” ; comme pour dire qu’il n’a pas besoin de combattre ses adversaires, qui font le travail eux-mêmes pour lui. Si on ajoute à ce combat interne des éléphants de Benoo, le fait que d’autres candidats, tels Macky Sall (APR) ou Idrissa Seck (Rewmi) sont sur la ligne de départ, on est enclin à croire que ce scrutin promet. La post présidentielle aussi,en crise ?

Par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
L’Observateur Paalga

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