(PAPIER GENERAL) (Xinhuanet 14/12/2011) YAOUNDE -- 150e mondial sur 187, le Cameroun figure parmi les 46 pays à développement humain faible du monde, selon le 21e rapport annuel du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) qui, cette année, met l'accent sur les questions environnementales, en perspective de la conférence- événement "Rio+20" en juin 2012 au Brésil.Avec un indice de 0,482 de développement humain (IDH), le Cameroun se situe en-dessous de la moyenne passée cette année de 0, 500 à 0,522. En dépit d'une croissance annuelle moyenne de 1,11% de cet indice au cours des 10 dernières années, les indicateurs sociaux et en particulier environnementaux du pays ont connu peu de progrès.
Démontrée par exemple par une espérance de vie à la naissance estimée à 51,6 ans et une durée moyenne de scolarisation de 5,9 ans ou encore un taux de 19,3% de la population exposée à la pauvreté contre 30,4% de celle vivant dans une extrême pauvreté, cette situation n'échappe guère aux autorités de Yaoundé qui la reconnaissent comme étant préoccupante.
"Ce rapport place le Cameroun dans le groupe des pays à développement humain faible. Le Cameroun occupe la 150e place sur 187 pays classés. C'est donc dire que indicateurs sociaux demeurent préoccupants dans notre pays", a admis le ministre délégué auprès du ministre camerounais de l'Economie, chargé de la Planification, Abdoulaye Yaouba, lors du lancement du rapport du PNUD le 1er décembre à Yaoundé.
"En effet, a-t-il indiqué, l'incidence de la pauvreté reste encore élevée dans notre pays, d'après les données d'ECAM III ( troisième édition de l'enquête camerounaise des ménages de 2004, ndlr). De même, la situation de la mortalité infanto-junévile reste préoccupante. Certaines maladies qu'on croyait jusque-là éradiquées refont surface".
Le Rapport sur le développement humain 2011 établit à 20% le nombre d'enfants d'un an non vaccinés contre la DCT, 26% contre la rougeole, un taux de mortalité de 154 pour 1.000 naissances vivantes des moins de 5 ans, 409 pour 1.000 femmes, 420 pour 1.000 hommes, un taux de prévalence du Vih des jeunes de 15 à 24 ans de 3,9% pour les filles, 1,6% pour les garçons et une espérance de vie ajustée à la santé de 45 ans.
Intitulée "Durabilité et équité : un meilleur avenir pour tous", cette étude décrit pour le Cameroun des indicateurs environnementaux contrastés dont un indice de performance environnementale de 44,6, en-dessous de la moyenne.
"La diminution de la couverture forestière est de l'ordre de 1% par an, tandis que les espèces menacées concernent 11% de l' ensemble des espèces", note le représentant résident du système des Nations Unies au Cameroun, Michel Balima.
Pour celui-ci encore, "en moyenne, 204 personnes sur un million sont victimes des catastrophes naturelles. Environ 15,3% de la population vivent sur des terres dégradées et la pollution de l' air intérieur constitue un facteur de décès de 664 personnes pour un million d'habitants. Au Cameroun encore, si rien n'est fait, les inégalités et la dégradation de l'environnement entraveront très fortement des progrès vers le développement durable".
De son côté, l'économiste national du PNUD Arsène Nkama fait savoir qu'"il y a un indicateur qui résume tout ce qu'on dit en termes d'environnement. L'indicateur résumé nous donne 4.6 de la qualité de l'environnement. Il varie entre 1 et 10, et la moyenne doit être 5. Donc, nous sommes en dessous".
"La satisfaction en termes de la qualité de l'air, nous sommes à 83%. La satisfaction en termes de la qualité de l'eau, c'est 51%, la satisfaction avec les actions du gouvernement pour préserver l' environnement, c'est 44%. La satisfaction vis-à-vis du gouvernement pour réduire les actions des gaz, c'est 15,7%", décrit par ailleurs Nkama.
Le pays pourrait se consoler de n'en être pas un cas particulier sur ce registre, où "tous les pays ont pratiquement une mauvaise note à ce niveau, les pays au Sud du Sahara en dehors d'un cas spécial du Rwanda qui a pratiquement autour de 77% et du Malawi qui est autour de 60%", de l'avis de l'économiste.
A l'évidence, relève Michel Balima, "en dépit de l'importance des efforts accomplis au cours des dernières décennies en matière de développement humain, avec comme point de référence le RDH 2010, les tendances observées demeurent nuancées par trois constats sortis dans le Rapport 2011. Premièrement, la croissance des revenus s'est accompagnée de la détérioration d'indicateurs environnementaux essentiels : émission de CO2, qualité de sols et de l'eau, superficies du couvert forestier".
"En deuxième lieu, poursuit le responsable onusien, la distribution inégale des revenus s'est aggravée, en dépit des écarts décroissants en termes de santé et d'éducation. Troisièmement, le niveau moyen d'autonomisation tend à s'élever, mais sans atteindre les seuils escomptés. Par ailleurs, d'ici 2050, le rapport 2011 mentionne que les simulations utilisées font apparaître un retrait de l'IDH de 8%".
Dans ce constat, déduit-il, le réchauffement climatique apparaît comme le facteur prépondérant. Une nuance toutefois : "A l'échelle régionale de l'Afrique subsaharienne, les dernières tendances sont positives en matière de développement humain régional, puisque l'IDH moyen santé-éducation-revenus pourrait augmenter de 44% à l'horizon 2015".
Pour Balima, "cela est rassurant, parce que dans un contexte de crise financière, cette progression, la plus importante du monde, toutes régions confondues, situerait la majeure partie du continent africain au niveau de développement humain moyen ou élevé actuel. C'est une lueur d'espoir pour le Cameroun qui doit davantage s'investir pour faire partie de ce groupe de pays".
Au moment où se prépare la grande conférence sur le développement durable, "Rio+20", prévue en juin 2012, 20 ans après le sommet mondial de la Terre à Rio de Janeiro au Brésil, le thème du rapport, "Durabilité et équité : un meilleur avenir pour tous", rappelle qu'au-delà des Objectifs du millénaire pour le développement, le monde a besoin d'un cadre de développement durable pour l'après-2015, précise-t-il en coutre.
Pour le Cameroun, pays du Bassin du Congo (deuxième massif forestier du monde après l'Amazonie), le défi réside dans la préservation et la gestion de sa richesse naturelle inestimable, énonce le ministre Abdoulaye Yaouba. Comme actions déjà entreprises, cite-t-il, l'instauration d'une redevance forestière permettant aux communautés des forêts exploitées de bénéficier des retombées témoigne de la gouvernance environnementale.
"Par ailleurs, soutient-il en outre, des audiences publiques sont organisées avec les communautés locales lors des implantations des projets et des études d'impact environnemental réalisées pour préserver certaines espèces et garantir aux populations les ressources nécessaires à leur survie".
Par Raphaël MVOGO
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