(Le Monde 12/12/2011)
Le président sortant de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, a estimé lundi 12 décembre que la crédibilité de l'élection présidentielle du 28 novembre ne pouvait pas être mise en doute. Il a cependant reconnu que "des erreurs" avaient émaillé le scrutin.
La mission d'observation du Centre Carter, chargée de surveiller le processus électoral dans le pays, avait pour sa part jugé samedi que l'élection "manquait de crédibilité". Dans un communiqué, elle faisait part d'"irrégularités graves", notamment dans la compilation des résultats, mais qui ne remettent "pas en cause l'ordre du résultat" selon elle. Joseph Kabila a vivement réagi à cette annonce, estimant que le centre Carter "a été trop loin". "La crédibilité de ces élections ne peut pas être mise en doute", a-t-il martelé.
"NOUS DEMANDONS AUX CONSTESTATAIRES D'INTERJETER APPEL"
Mais les déclarations du président n'ont pas réussi à faire taire le feu des critiques. L'archevêque de Kinshasa, le cardinal Laurent Monsengwo, a déclaré lundi que les résultats de la présidentielle ne sont "conformes ni à la vérité ni à la justice." "Mais puisque les résultats sont provisoires et doivent être confirmés par la cour suprême de justice (CSJ), nous demandons aux constestataires d'interjeter appel, de recourir aux voies de droit et de ne pas se livrer à la violence", a demandé l'archevêque, dans une déclaration à la presse.
De son côté, M. Tshisekedi a qualifié les résultats de "véritable provocation" et a fait savoir qu'il se considérait comme le président élu de la RDC. L'opposition congolaise a aussi l'intention d'organiser des marches pacifiques en début de semaine à travers le pays pour protester contre la réélection de Joseph Kabila.
RISQUE D'AFFRONTEMENTS
Selon la Commission électorale indépendante (CENI), le président sortant a remporté près de 49 % des voix contre plus de 32 % pour l'opposant Etienne Tshisekedi. Mais les irrégularités relevées – notamment dans la région de Monono, où la participation atteint ainsi 100,14 % et où M. Kabila récolte 99,98 % des voix – font craindre un affrontement des partisans des deux camps. Un responsable de la CENI a annoncé que la commission allait enquêter sur certains résultats, ajoutant néanmoins qu'il fallait s'attendre à un large soutien en faveur du chef de l'Etat sortant.
Le scrutin, le premier organisé par les autorités congolaises depuis la guerre civile de 1998-2003, qui a fait plus de cinq millions de morts, devait permettre de ramener la stabilité dans le pays. Selon l'ONG Human Rights Watch, au moins dix-huit personnes ont été tuées dans des violences liées au processus électoral.
LEMONDE.FR avec Reuters
12.12.11
13h27 • Mis à jour le 12.12.11
15h21
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