(Grioo.com 20/12/2011)
Si Omar El-Béchir doit être jugé, il faut que ce soit en Afrique, conformément aux recommandations de l'Union africaine (UA), a estimé le président tchadien, Idriss Déby Itno, en réponse aux demandes incessantes de la Cour pénale internationale (CPI) de se faire livrer le président soudanais. "Je suis certes signataire du statut de Rome, mais je suis aussi membre de l’Union africaine, laquelle a une position divergente sur cette affaire. J’ai choisi de suivre l’avis de l’UA : il n’est pas question qu’El-Béchir, s’il doit être jugé, le soit ailleurs qu’en Afrique", déclare notamment le chef de l'Etat tchadien dans une interview parue ce lundi dans le magazine Jeune Afrique.
La Chambre préliminaire de la CPI, dans un communiqué rendu public, a informé le 13 décembre 2011 le Conseil de sécurité des Nations unies et l’Assemblée des Etats parties de la non-coopération du Tchad quant à l’arrestation et la remise d’Omar El-Béchir à la CPI lors de sa visite au Tchad en août dernier.
Pour la Chambre de la CPI, 'il n’est pas possible pour les Etats parties, ainsi que pour l’Union Africaine, de se fonder sur l’article 98-1 du Statut de Rome afin de refuser d’exécuter les demandes de coopération adressées par la Cour aux fins de l’arrestation et de la remise de M. Al Béchir'.
Outre le Tchad, Djibouti, le Kenya et le Malawi ont été indexés par la Chambre de la CPI pour non coopération lors de visites effectuées par le président soudanais sur leurs territoires.
"S’il veut que la paix revienne au Darfour et s’il veut sécuriser sa frontière est, le Tchad n’a pas d’autre choix que d’avoir les meilleures relations possibles avec le Soudan, quel que soit le régime en place à Khartoum' explique Idriss Déby Itno, se voulant pragmatique. 'Nous avons un vaste projet commun d’interconnexion avec le réseau ferroviaire soudanais, qui permettra de relier Abéché à la mer Rouge : c’est cela qui nous importe", ajoute-t-il.
Le 4 mars 2009, rappelle-t-on, la CPI avait délivré un premier mandat d’arrêt à l’encontre de El-Béchir, considérant qu’il y a des motifs raisonnables de croire que ce dernier avait a engagé sa responsabilité pénale pour cinq chefs de crimes contre l’humanité et de deux chefs de crime de guerre. Un second mandat d’arrêt avait été délivré à son encontre le 12 juillet 2010, pour trois chefs de crime de génocide.
Cependant, si le président Idriss Déby est contre le transférement d’El-Béchir à la CPI, il n’a pas été choqué par celui de Laurent Gbagbo car, a-t-il fait remarquer, comme pour l’ex-président libérien, Charles Taylor, qui y est déjà, 'l’Union africaine a eu sur ces deux cas une position sans ambiguïté : cela procède de la volonté des Ivoiriens, il n’y a donc aucun problème'.
Mais le président tchadien a averti "qu’il serait bon que la CPI ne s’en tienne pas qu’aux Africains dans son combat contre l’impunité", parce que, selon lui,"l’Afrique ne l’accepterait pas". Concernant le cas de l'ancien président tchadien, Hissène Habré, réfugié depuis plus de dix ans au Sénégal, Idriss Déby Itno estime que la meilleure solution serait de le faire juger au Rwanda, ce pays s'étant proposé pour organiser son procès.
Par Panapress
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