lundi 7 mars 2011

BENIN - Manœuvre pour mettre à terre la démocratie béninoise: L'opposition veut demander un nouveau report

(L'Option Infos 07/03/2011)

L'opposition ne se satisfait pas du report de la présidentielle. Le report au 13 mars ne l'empêche pas d'être dans l'incertitude quant à la possibilité de respecter les délais. Elle accuse la mouvance de tout faire pour faciliter la réélection de son chef.
Dans ses staffs de campagne, on se dit satisfait de ce nouveau report, mais on s'interroge : ce délai d'une semaine sera-t-il suffisant pour assurer une élection crédible ? De sources dignes de foi, on apprend qu'elle s'apprête à demander un nouveau report. Et cela ne peut en être autrement vu l'échec de ses nombreux plans de sabotage du processus.
Depuis le début du processus électoral, l'opposition rivalise d'ingéniosité pour faire traîner inutilement les choses. Elle ne manque pas d'imaginations pour faire échec à ce processus, afin d'empêcher la tenue à bonne date des élections. L'adoption de la loi portant enregistrement des personnes oubliées pour le compte de la Lepi est encore un autre scénario de sa part pour parvenir à cette fin. La loi dérogatoire votée ce vendredi à l'Assemblée Nationale pour prendre en compte les exclus de la Lepi en dit long sur la volonté manifeste de cette opposition à ne pas aller vite aux élections.
Pour des observateurs avertis de la scène politique nationale, cette loi est un piège évident tendu au processus électoral. Ni plus ni moins. Et pour cause, les dispositions de cette loi seront difficiles à mettre en œuvre, voire impossibles. L'article 1er de cette loi stipule clairement que «dans le cadre des élections de 2011, la Cps, la Mirena et la Cena sont habilitées à prendre toutes mesures utiles visant à assurer et à faciliter aux citoyens en âge de voter, l'exercice de leur droit constitutionnel de vote». Le paradoxe, c'est qu'il ne prévoit pas les mécanismes de mise en œuvre.
La Loi est muette sur la question. Malgré leur bonne volonté, la Cps, la Mirena et la Cena ne pourront rien faire pour les exclus de la Lepi. Car, elles ne disposent d'aucun moyen adéquat pour faire ce travail supplémentaire.
Les 5 jours accordés pour les opérations de ratissage ne suffiront pas pour «assurer et faciliter aux citoyens en âge de voter, l'exercice de leur droit constitutionnel de vote»; encore qu'en temps normal, aucun pays du monde n'a réussi à faire voter tous ses citoyens en âge d'exprimer leur droit civique. Cette opération concerne cinq catégories de personnes: les non recensées, les recensées non enregistrées, celles qui ont leurs cartes mais ne savent pas où voter et les enregistrées qui n'ont pas retrouvé leurs noms pour avoir leurs cartes d'électeur.
En cinq jours, même si les moyens sont disponibles, il sera très difficile de prendre en compte ces diverses catégories de personnes. Les députés avaient la possibilité de voter une loi plus simple à appliquer sur le terrain.
Mais ils ont préféré compliquer la tâche aux organes chargés de l'exécuter. Sur Canal 3 Bénin hier, le coordonnateur au matériel de la Cena, Garba Yaya, a conforté cette position, estimant que la loi dérogatoire ne pourrait pas être exécutée en l'état. Piège L'autre traquenard de l'opposition pour demander un nouveau report, c'est l'audit international de la Lepi avant les élections. Selon Me Adrien Houngbédji, il faut au moins quatre jours pour évaluer la Lepi. A six jours du scrutin, cet audit est-il encore faisable?
Assurément pas. Avant de vider cette question d'audit, il faut d'abord finir avec les points qui fâchent et qui divisent sur la Lepi déjà disponible. Or, à ce jour, les contestations continuent au point de faire perdre de vue l'essentiel. C'est pour ainsi dire que le miracle n'aura pas lieu s'agissant de la mise en œuvre des recommandations issues de la médiation Zinsou -Soglo. On a comme impression qu'un camp politique est de mauvaise foi et ne veut pas des élections.
Et cela ne peut en être autrement. L'opposition dans son ensemble, depuis le début du processus électoral, est restée constante dans ses prises de position. Sa position sur les questions électorales n'a pas changé et ne changera jamais. Les problèmes créés de toutes pièces qui sapent le processus électoral ne sont pas un fait de la Lepi.
L'opposition est décidée à torpiller tout simplement le processus. On le voit si bien, il s'agit d'une stratégie pour empêcher que les élections se tiennent dans les délais constitutionnels. L'opposition est disposée à traîner les pieds pour parvenir au vide juridique le 6 avril en vue d'exiger par conséquent le départ de Boni Yayi.
Et pour le faire, elle n'aura besoin que de la majorité absolue dont elle dispose déjà. La loi dérogatoire, l'audit international de la Lepi et même le report sont donc un piège de l'opposition au président Boni Yayi. Il revient à ce dernier d'user de tous ses pouvoirs constitutionnels pour faire échec à tous ces plans machiavéliques. Sinon, lentement mais sûrement, nous allons vers un troisième report du scrutin. De toute façon, le peuple béninois n'est pas dupe. Il laisse le temps au temps pour siffler la fin de la récréation.

Léonce HOUNGBADJI
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