vendredi 21 janvier 2011

Burkina Faso - PROBLEMES DE GOUVERNANCE AU BURKINA: une impuissance liée à un système

(Le Pays 21/01/2011)
Le Premier ministre, Tertius Zongo, dit ne pas être satisfait du comportement de certains responsables de services publics. C’est, du moins, ce qu’il a laissé entendre lors du point de presse le 19 janvier dernier. En effet, le chef du gouvernement a dit avoir noté comme une grande insuffisance, le manque de courage de certains responsables à assumer leurs responsabilités.
Cette déclaration du Premier ministre ressemble plus, si l’on peut le dire ainsi, à un aveu d’impuissance. En effet, on se rappelle que Tertius Zongo, à son arrivée à la primature en 2007, avait promis des changements. Si aujourd’hui, l’homme affiche une certaine déception, c’est qu’il n’a pas réussi à faire changer les vieilles habitudes de certains responsables comme il l’avait promis. Mais au-delà de cet aveu d’impuissance, il convient de s’interroger sur les causes réelles de ce qu’il considère comme une peur de s’assumer de la part des responsables de services.
Il est certain que si des gens ont peur de s’assumer, c’est que le régime qui les gouverne ne leur offre pas toutes les garanties. N’est-ce pas parce que l’on travaille à faire peur aux gens que certains responsables n’osent pas prendre une quelconque décision sans se référer à leurs supérieurs ? N’est-ce pas aussi parce que certains ont fait preuve de courage et ont été victimes de sévères représailles que d’autres ont peur de s’assumer ? Faut-il le rappeler, certains responsables, et pas des moindres, avaient osé donner leur avis par rapport à certains sujets d’ordre national, mais ils en ont fait pour leurs frais. C’est certainement de peur de s’attirer les foudres du pouvoir, que certains se gardent de toute initiative. A vrai dire, le système de gouvernance y est pour quelque chose dans cette impéritie.
Et comme dit un adage, "qui sème le vent récolte la tempête". Le pouvoir ne pouvait que s’attendre à une telle situation. Cela, au regard de la manière dont sont traités ceux qui osent donner leur point de vue sur certains sujets. L’on pourrait également se demander si cette peur des responsables n’est pas liée à la façon dont ils arrivent à la tête des services. Si les directeurs généraux et autres responsables de sociétés d’Etat étaient recrutés sur la base d’un concours ou d’un test, on en serait peut-être pas là. Il n’est un secret pour personne que certains responsables parviennent à se hisser au sommet de structures grâce à des considérations purement politiques. D’autres s’appuient sur des réseaux ou des parrains pour s’offrir la lune.
Il est difficile pour ces derniers de disposer d’une bonne marge de manoeuvre. Pour tout dire, beaucoup ne sont pas libres car ils ont souvent les mains liées. Toute chose qui ne peut leur permettre d’assumer correctement leurs responsabilités. Dans tous les cas, cette situation montre que la déconcentration du pouvoir n’est pas aussi réelle que l’on veut le faire croire. Elle ne permet pas au pays d’avancer au rythme souhaité, comme l’a reconnu le chef du gouvernement.
Cela, parce qu’un responsable qui a peur d’assumer ses responsabilités ne peut produire de bons résultats. Il est à souhaiter qu’avec les réformes qui s’annoncent, l’on puisse donner plus de pouvoir (et d’autonomie) aux différents responsables, pour leur permettre d’assumer convenablement leurs responsabilités.

Dabadi ZOUMBARA
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