L’actualité judiciaire en Guinée Conakry est marquée depuis hier 20 février 2012 par la tenue des assises criminelles. La session de cette année retient particulièrement l’attention, tant en Guinée qu’à l’extérieur, à cause d’un dossier qui est au rôle. Il s’agit de celui de l’attaque, en juillet 2011, du domicile privé du chef de l’Etat Alpha Condé.

C’est le minimum auquel on doit s’attendre pour peu que le procès soit équitable, que les droits de la défense soient scrupuleusement et rigoureusement respectés. En d’autres termes, que les accusés ne soient pas d’office condamnés avant même d’être entendus. Déjà, le fait que ces derniers aient même l’opportunité de se présenter dans un prétoire pour s’expliquer sur un fait aussi grave que l’attaque du domicile du premier des Guinéens est en soi un événement. L’histoire de ce pays regorge de cas de personnes accusées à tort ou à raison – beaucoup plus à tort - de complots contre la sûreté de l’Etat, de coups d’Etat. Elles ont été soit exécutées sans avoir jamais eu la moindre occasion de se défendre soit envoyées au tristement célèbre camp Boiro. Bref, cela c’était une certaine époque, celle de Sékou Touré notamment, avec la « complotite » qui était une épée pouvant s’abattre sur n’importe qui à n’importe quel moment. Etat de droit oblige, il faut donc rompre avec ce passé peu glorieux.
C’est cela aussi le grand acquis de l’Etat de droit dans lequel la Guinée s’est engagée avec plus ou moins de succès. Tout n’est pas encore aux normes souhaitées avec les différentes critiques formulées contre le pouvoir de Condé qui a la lourde charge de remettre la Guinée sur les rails. Le procès de cette affaire sensible est par exemple un test pour la justice qui laisse encore sceptique quant à sa véritable indépendance.
Et cela bien qu’elle ait par exemple inculpé tout récemment un proche du chef de l’Etat dans le cadre du massacre du 28 septembre 2008 au stade de Conakry. De ce point de vue, c’est aussi le procès de la justice qui sera fait à l’occasion de ces assises criminelles. Alors, l’heure de vérité a-t-elle vraiment sonné dans cette affaire d’Etat ? On est bien obligé d’attendre de voir pour se faire une opinion définitive.
Par Séni DABO — Le Pays
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