dimanche 14 novembre 2010

Togo - Mainmise insolente du Rpt sur le pays

(Afriscoop 13/11/2010)

(AfriSCOOP Analyse) — Depuis la subite insurrection populaire en 2005 (dans la plupart des villes du pays pour décrier le hold-up électoral qui a porté au pouvoir F. Gnassingbé) réprimée brutalement dans le sang, les Togolais semblent avoir perdu le goût des contestations spontanées. Les répressions de manifestations sociales ces dernières semaines ne sont pas non plus étrangères à la quasi “indifférence” qu’affichent désormais les compatriotes de Faure Gnassingbé devant des incongruités dans la gouvernance de leur Etat ; dans tous les domaines.
Le Togo n’est pas près de cesser d’étonner négativement le monde ! Après avoir inauguré le cycle des coups d’Etat post-indépendance en Afrique en 1963, cet Etat d’Afrique occidentale a offert au continent noir un autre record macabre, à travers l’organisation à la hussarde d’une élection présidentielle hyper meurtrière : 500 morts au minimum. Nous étions en 2005. Après l’époque des nouveautés électorales, voici celle des inventions constitutionnelles.
Le 04 novembre dernier en effet, le Comité de suivi de l’Accord de « gouvernement entre le Rpt et l’Ufc » s’est réuni pour la 4ème fois. Sous la houlette de Gilchrist Olympio, ce Comité a proposé l’institution « d’un régime présidentiel tempéré ». Une nouveauté à la Togolaise qui n’est en réalité qu’une resucée du régime présidentialiste appliqué à l’heure actuelle en terre togolaise. Trop d’incongruités en si peu de temps pour un petit pays qui refuse d’embrasser le développement.
Quant l’Etat est en danger, le Togolais a peur du Rpt
Durant de nombreuses semaines qui ont suivi la proclamation contestable et contestée des résultats de la présidentielle du 04 mars 2010, des milliers de ceux qu’on a appelé des « chemises jaunes du Togo » ont battu le pavé pour décrier la gouvernance Rpt en général. Cette longue contestation atypique au Togo n’a pris forme que parce que le pouvoir en place a bien voulu fermer les yeux sur son organisation. La preuve, quand la crise au sein de l’Ufc (Union des forces de changement) a été portée sur la place publique, le régime de Lomé a vite fait de sortir son appareil de répression, en prenant fait et cause au passage pour le camp Olympio, au détriment du camp Fabre. Conséquence, les milliers de partisans de l’opposition sont dispersés comme de petits lapins chaque fois qu’ils tentent de manifester leur ras-le-bol dans les rues togolaises. Une fois de plus, le bras de fer a de nouveau tourné à l’avantage de Faure Gnassingbé et de ses proches collaborateurs.
La facilité avec laquelle les tenants du pouvoir à Lomé imposent leur conception de la gouvernance à leurs gouvernés ne serait pas déconcertante si elle se limitait uniquement au monde politique. Il y a quelques semaines, des organisations de la société civile ont lancé un mot d’ordre de « débrayage national » pour exiger une meilleure application des clauses du dialogue social, tenu au Togo en 2006. Bon nombre de Togolais n’ont pas trouvé nécessaire de se sacrifier pendant 24h leurs activités pour exercer une pression sur le gouvernement. Par ailleurs, depuis la proposition venant d’une autre époque de M. Olympio et compagnies, il n’y a que la presse locale qui s’en est saisie… La classe politique est restée presque attentiste. De même que la société civile. Alors même que l’exécutif a déjà entrepris la publicité autour de son projet de « régime présidentiel tempéré ».
Au total, tous les ingrédients sont de nouveau réunis pour le Rpt pour diriger le bateau « Togo » au-delà de 2015, sans craindre une quelconque pression populaire en cours de route. A moins que la psychologie du Togolais ne change brusquement d’ici là. Que peut en réalité un paupérisé devant un nanti ?

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