(L'Express 15/11/2010)
La Guinée reste dans l'attente des résultats complets du second tour de l'élection présidentielle du 7 novembre, que la commission électorale devait proclamer avant la mi-journée, et la tension monte à Conakry.
HEURTS À CONAKRY
Des affrontements ont opposé les forces de l'ordre à plusieurs centaines de jeunes, tandis que l'ancien Premier ministre Cellou Dalien Diallo, candidat de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UDFG), dénonçait des fraudes.
Alpha Condé, son adversaire du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG), figure historique de l'opposition, s'est quant à lui dit convaincu de sa victoire.
La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) avait promis de communiquer les résultats du second tour de la présidentielle avant midi, heure locale (12h00 GMT), conformément à la loi qui prévoit leur publication dans les 72 heures suivant la récupération des urnes.
"Nous sommes pour le moment en séance plénière. Nous y travaillons", a répondu Pathé Dieng, directeur des opérations de la Ceni, prié d'expliquer pourquoi aucune conférence de presse n'avait été convoquée et l'absence de résultats sur le site internet de l'organisme.
Les observateurs internationaux ont jugé le scrutin, censé parachever la transition vers un pouvoir civil, libre et équitable mais beaucoup craignent que le perdant n'en accepte pas l'issue.
Les heurts qui ont éclaté lundi se sont produits dans deux quartiers considérés comme des bastions de Cellou Dalein Diallo.
"Nous sommes parvenus à disperser la manifestation", a dit un responsable de la police. Un habitant a fait état de deux coups de feu.
"TOUT LE MONDE CONNAÎT LE RÉSULTAT"
Selon un décompte effectué par Reuters sur la base des résultats confirmés par la commission électorale, Diallo a recueilli 50,6% des voix contre 49,4% pour son rival.
Dimanche, dans la soirée, l'UFDG a suspendu sa participation au dépouillement en dénonçant des fraudes.
"Tout le monde connaît le résultat. Comment pourrais-je remporter quatre des cinq circonscriptions de Conakry, toutes les préfectures de Basse-Guinée à part Boké, toutes celles de Forêt et de Haute-Guinée et ne pas gagner cette élection?", s'est interrogé Diallo, lors d'une conférence de presse.
Des violences à caractère ethnique avaient déjà éclaté dans l'entre-deux tours. Dimanche après-midi, des éléments des forces de sécurité en tenue anti-émeutes se sont déployés dans les rues de Conakry, la capitale.
Dans la soirée, la télévision nationale a annoncé que le gouvernement interdisait toutes les manifestations politiques et avait ordonné aux forces de sécurité d'arrêter toute personne qui enfreindrait cette interdiction.
Au premier tour, le 27 juin, Diallo, membre de l'ethnie peule, était arrivé largement en tête avec près de 44% des voix contre 18% pour Condé, opposant historique et membre de l'ethnie des Malinkés.
En négociant le soutien de Sidya Touré, troisième du premier tour, Diallo avait abordé le second en position de force. Mais le décompte dans les bastions de Sidya Touré tend à montrer que ses électeurs ne se sont pas reportés sur l'ancien Premier ministre, dont l'avance n'a cessé de décroître au fur et à mesure de la publication de résultats.
La Guinée n'a jamais eu de président issu de la communauté peule, bien qu'il s'agisse de la plus importante ethnie du pays. Ses membres représentent 40% environ des quelque dix millions de Guinées.
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