lundi 1 mars 2010

Le Président Wade à l’émission La Tribune: «Je ne vois pas dans mon entourage quelqu’un qui maîtrise mieux l’argent que Karim»

(Le Quotidien (Sn) 01/03/2010)
A l’émission «La Tribune», face aux confrères de Canal Infos, de radio Océan et du quotidien
«La Sentinelle», le Président Wade est revenu sur plusieurs sujets, économique, politique, social et éducationnel, entre autres. Sur beaucoup de sujets, il n’y a pas à vraiment dire de grandes révélations ; ce sont, pour la plupart des positions connues que Wade a réchauffées.
A l’émission «La Tribune», face aux confrères de Canal Infos, de radio Océan et du quotidien
«La Sentinelle», le Président Wade est revenu sur plusieurs sujets, économique, politique, social et éducationnel, entre autres. Sur beaucoup de sujets, il n’y a pas à vraiment dire de grandes révélations ; ce sont, pour la plupart des positions connues que Wade a réchauffées. Nous avons choisi certains thèmes qui paraissent plus importants dont l’un concerne «l’intelligence» de Karim Wade dont son Président de père considère qu’elle est supérieure à celle des gens de son entourage, du moins pour ce qui est relatif à la maîtrise de l’argent.
Propos sélectionnés ar Astou Winnie BEYE

BASES MILITAIRES FRANCAISES
«C’est une erreur que de dire que je veux vendre le terrain des bases militaires françaises. Si je voulais vendre un bien de l’Etat, j’aurais vendu beaucoup de choses, car tout appartient à l’Etat. Ce qui est important, c’est que c’est Senghor qui avait signé un accord avec les Français pour qu’ils aient leur base ici. Ensuite, Senghor avait établi des dispositions de telle sorte que si le Président a des problèmes, l’Armée française intervient aussitôt. Si on cherche à le renverser, l’Armée française intervient. C’est moi qui ai tout annulé, quand je venais d’arriver, car je n’ai besoin d’aucune Armée pour me protéger et si mon Armée n’a plus confiance ou ne peut plus me protéger, eh bien c’est tant pis ! Dès le premier jour, j’avais dit qu’on enlève toutes les dispositions sur les accords. Si on m’attaque d’ici ou d’ailleurs et que mon Armée ne peut pas me défendre, alors ce n’est pas la peine. Ensuite, Sarkozy était parti en Afrique du Sud pour dire qu’il allait retirer tout ce que la France a comme bases en Afrique. Quand je l’ai vu, je lui ai dit que je ne suis pas d’accord avec la manière dont il l’a dit, car la France n’a pas de bases en Afrique du Sud. Je lui ai dit qu’il aurait dû venir ici au Sénégal ou au Gabon où il peut trouver des bases françaises, mais parler en Afrique du Sud comme si c’est parce que Thabo Mbeki avait dit qu’il faut chasser les Français d’Afrique et qu’il fallait rétorquer. Mais puisqu’il avait déjà parlé, je lui ai dit qu’on allait négocier et on l’a fait. Mais Sarkozy m’a dit qu’il allait me mettre à l’aise en me disant qu’il allait nous donner toutes les bases et c’est notre Etat-major qui les avait établies. Ensuite, on nous a donné un projet en nous disant qu’on pouvait le modifier comme on voulait. Mais je leur ai dit qu’il y’a des choses complexes dans ce projet, car ce sont eux qui avaient laissé ici des bases qu’ils avaient gardées, et je leur ai dit de tout me remettre. Puis, ils ont dit que la France veut signer des accords militaires avec tous les pays de l’Afrique de l’ouest et en même temps avoir des facilités dans un pays. Il n’y a que le Sénégal qui a cela en Afrique de l’ouest, car il y’a ici la marine, l’aviation, etc. Je lui ai dit : «Alors, nous pouvons signer un accord de facilité ; nous vous remettons vos bases, mais vous prions de nous laisser réparer nos bateaux sans aucun problème.» Mais, il ne s’agit pas de base navale, puisque nous leur avons tout remis. Deuxième facilité, c’est qu’ils ont demandé de leur laisser la piste de notre base aérienne ; si nos avions partent, qu’ils puissent garer à leur place. Troisième facilité, c’est que Bel Air est un joli camp que je connais bien. J’y jouais étant petit et je leur ai demandé de nous le remettre ; ils ont accepté. J’ai dit à mon Etat-major qu’on allait travailler dans deux directions ; la première, c’est de faire un papier où la France va accepter de nous remettre les bases, pour ensuite le signer. Donc, si je voulais vendre quelque chose, j’aurais l’embarras du choix.»
MONUMENT DE LA RENAISSANCE AFRICAINE
«Il y’a eu du bruit et c’était inéluctable. Mais avant la construction, je suis allé voir des oulémas qui s’y connaissent et je leur ai expliqué mon projet afin qu’ils me disent ce qu’en dit l’Islam. Ils m’ont fait savoir que ce qui est prohibé par la religion, c’est construire des statues en forme humaine pour ensuite les adorer comme des dieux, mais si c’est pour embellir la ville ou transmettre un message, ce n’est pas grave (…). J’ai ensuite demandé à mes ambassadeurs qui sont dans les pays musulmans, s’il y avait des statues dans leur pays de résidence ; ils m’ont clairement dit qu’il n’y en a pas en Arabie Saoudite, mais qu’il y en avait dans les autres pays. Tout le monde sait que la statue de la Renaissance n’est pas faite pour être adorée. La statue montre au monde que nous sommes libres maintenant (…). Thabo Mbeki avait dit qu’on doit se battre pour la Renaissance africaine. Lui, Obasanjo et moi avons voulu faire une statue pour cela ; donc, cette statue appartient à toute l’Afrique. Je suis musulman pratiquant et je ne fais pas ce que le Prophète interdisait. La Tour Eiffel a suscité beaucoup de bruit chez les savants, les écrivains et les architectes, et pourtant ce monument n’a aucune importance, de même que la statue de la Liberté aux Etats-Unis. Mais le monument de la Renaissance africaine a un sens.
Pour le pourcentage dans la fondation que j’ai créée, les 100% iront à la Case-des-Tout-petits et à l’Education. Si un Président me succède, il ne pourra pas l’enlever pour l’amener à l’agriculture et autre (…)»
TIVAOUANE
«Junior (Abdoul Aziz Sy) a été désigné comme médiateur pour le dialogue entre le pouvoir et l’opposition ; je ne suis pas contre. Mais dans la vie, pour établir la paix entre des gens, il faut de l’expérience. Moi, c’est en 1974 que j’avais dit que les partis politiques forment un gouvernement. Le Pds n’entend pas gouverner tout seul et j’aurai pu ne pas le dire, mais les gens disent que c’est parce que je suis fatigué que je lance un appel. Moi, je gère un régime solidement et ils (les opposants) auraient dû venir au moins voir de quoi il s’agit, mais dire que je suis fatigué et qu’ils ne vont pas venir, moi je suis toujours là, comme en l’an 2000. Iba Der Thiam m’a dit que j’en suis à mon 19e appel. Peut-être que c’est le dernier et qu’ils accepteront. Quand le marabout a parlé, je lui ai relancé en lui disant que je suis d’accord pour travailler avec eux, mais ils ne peuvent pas tout prendre. Ce n’est pas possible ; on doit se concerter. Beaucoup pensaient que le gouvernement allait tomber et qu’ils prendraient le pouvoir. Ici au Sénégal, il ne peut y avoir de coup d’Etat, mais si on entend des coups d’Etat au Niger et dire que c’est possible ici (…). Pour faire de la politique, il faut avoir l’intelligence politique. Ici au Sénégal, aucun régime ne peut prendre le pouvoir sans élections.
A Tivaoune, j’ai dit qu’à partir de la semaine prochaine, qui veut dialoguer avec moi peut venir ; il n’y a aucun problème et on se concertera, mais qui ne veut pas aller avec moi, je partirai seul. En venant, l’opposition doit savoir que c’est moi le chef de l’Etat ! Ma porte est donc ouverte ; le jeu est ouvert. Tout est possible à condition d’être correct, sans invectives.»
KARIM WADE
«Bush père n’est pas plus intelligent que moi et ce qu’il a fait pour mettre son fils à la tête du pouvoir, moi je le sais, et il ne le cachait pas. Bongo non plus, ni Eyadema. Alors moi, si je ne parle pas de la succession de Karim, c’est parce que je n’y pense pas ; je ne dis pas que c’est impossible, mais je n’ai pas l’intention d’en faire le Président et le jour venu, je vous le dirai. S’il est dans le gouvernement, c’est parce qu’à Londres, il travaillait dans une banque où il n’y avait pas beaucoup de Noirs et quand j’ai lancé mon appel aux Sénégalais cadres de l’extérieur, lui et Sindiély m’ont dit qu’ils vont rentrer au pays. Au départ, j’ai dit à Karim : «Il est vrai que l’appel est valable pour tout le monde, mais toi, retourne à ta Banque !» Quand il voulait quitter la banque, ses collègues le retenaient en lui disant qu’un fonds va être créé, etc. Moi, je lui ai confié un domaine qu’il maîtrise ; c’est-à-dire l’argent et je n’ai pas encore vu dans mon entourage quelqu’un qui le maîtrise mieux que lui. C’est un financier et ce n’est pas n’importe qui qui peut aller chercher de l’argent. Même dans l’opposition, si quelqu’un me demande de lui donner un mandat pour qu’il aille chercher de l’argent, je le ferais tout de suite. Puisque Karim est un financier et il a de la volonté, je lui ai confié ce ministère qui n’est pas petit, car il faut être intelligent pour pouvoir le gérer. Même mes petits ministères, j’étais obligé de les couper en deux pour les confier à plusieurs personnes. Il fut un temps, je n’avais besoin que de six ministres et chacun un adjoint, mais ce n’est pas facile d’avoir quelqu’un qui peut gérer quatre ministères en un seul. Cela demande de l’intelligence et une formation qui est rare ici. Le diplôme universitaire ne suffit pas ; il faut aussi de l’intelligence et de l’expérience.»
VICE PRESIDENCE
«Cela a suscité beaucoup de bruit. Ma conviction est que ce que les hommes peuvent apporter à ce pays, les femmes en sont aussi capables. C’est pourquoi je parle de la parité. Ce que je veux, c’est que la parité existe dans toutes les institutions et je ne vous cache pas que je travaille sur cette question au moment où je suis et je vais l’amener au Conseil des ministres pour en discuter. Parité absolue, à l’Assemblée nationale, au Sénat, Conseil économique et social et même dans les tribunaux, dans les Conseils municipaux et ruraux. Je veux un pays équilibré. Les hommes n’ont pas prouvé qu’ils ont plus de capacité. Sans le bruit, j’aurai nommé une vice-présidente depuis longtemps, mais j’y pense toujours.»
CASAMANCE
«Quand j’étais ministre d’Etat sous Diouf, il avait envoyé un état-major pour me dire que j’étais le seul à pouvoir régler le problème de la Casamance et qu’on veut (me) le confier. Mais au dernier moment, Habib Thiam et Tanor ont créé des complications et j’ai dit que j’abandonne. Ils ne voulaient pas qu’on me donne de l’argent pour que j’en fasse de la politique. C’est quand ils ont amené des problèmes d’argent que je me suis retiré. Moi, je n’avais pas demandé d’argent. Quand j’étais ministre d’Etat, j’ai dit à Diouf de libérer les 800 prisonniers indépendantistes dont Nkrumah. Mais entre temps, c’est moi qui recevais les indépendantistes chez moi jusqu’à deux heures du matin ; donc, ce capital de confiance je l’ai avec les indépendantistes.
Diouf voulait libérer tout le monde, sauf Nkrumah, car il a tué quelqu’un. Je lui ai dit que libérer 800 personnes sauf un pourrait gâcher son travail et que l’amnistie existe. La paix de la Casamance vaut bien de faire une amnistie. C’est comme cela qu’il les a libérés. Mais après cela, aucun ministre ne les a aidés, car ils disaient que c’est Wade qui les a libérés. Je suis le seul à avoir fait un meeting en Casamance pour dire que je suis contre l’Indépendance de la Casamance. On n’a jamais été plus près de la paix pour la Casamance. Abdou Diouf a dépensé énormément d’argent et cela n’a pas ramené la paix. Moi, je ne ferai pas comme lui.»
Stagiaire
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