(Guineeconakry.info 02/12/2011)
Les élections en RDC dont les résultats sont aujourd’hui attendus avec une certaine anxiété, offrent l’occasion de se pencher sur une certaine attitude des oppositions sur le continent africain, qui fait que leurs chances de l’emporter sur les pouvoirs en place sont souvent quasi nulles. Aujourd’hui, les camps respectifs d’Etienne Tshisekedi et de Joseph Kabila revendiquent, chacun, la victoire. Dans un tel contexte et vu les insuffisances organisationnelles qui ont été unanimement reconnues, la proclamation des résultats est se fera dans une ambiance électrique. Mais d’ores et déjà, très peu d’observateurs croient à la possibilité d’une alternance politique dans ce pays, à la faveur de cette échéance.
Et si cette chance ne s’offre pas à l’opposition congolaise, elle en est bien la première responsable. Mais au-delà du cas de la RDC, ce sont quasiment toutes les formations évoluant dans l’opposition en Afrique, qui peinent à déboulonner leurs adversaires au pouvoir. Parce qu’à leurs sommets, il y a des opposants qui pensent d’abord ''ego'' et qui ne sont capables d’aucun sacrifice pour leur pays et leurs idéaux. Un nombrilisme que les présidents exploitent à fond. Démonstration.
Si Joseph Kabila était réélu à l’issue du scrutin du lundi dernier, c’est lui qui devrait décrocher son téléphone pour féliciter la dizaine de ses adversaires. Aussi paradoxal que cela le serait, l’éventuelle réélection du successeur de Laurent Désiré Kabila, il la devra à ses adversaires.
Lui, omnibulé par le désir de conserver le pouvoir avait commis l’erreur fatale en janvier dernier, en modifiant la constitution pour ramener le mode du scrutin à un tour. A l’époque, il croyait bien faire, pensant que quoiqu’il arrive, il réussirait à postuler à la première place. Il le faisait parce qu’il ne se faisait aucune illusion, quant à une éventuelle alliance qu’un des partis de l’opposition consentirait à composer avec sa formation, dans la perspective d’un second tour. Alors, pour lui, le remède radical et le plus efficace était le premier tour.
Seulement, n’eurent été la division génétique et l’égocentrisme de l’opposition congolaise, ç’aurait été la plus grosse erreur de sa vie. Si toute l’opposition congolaise avait fédéré ses énergies, uni ses moyens et bâti une véritable synergie, son unique candidat aurait irrémédiablement vaincu Joseph Kabila. Mais malheureusement pour elle, elle y est allé en rangs dispersés et a dispersé de même les voix. Ce dont ne peut que réjouir le camp du président-sortant.
Cependant, si le cas de la RDC est celui qui nous sert de cobaye, il faut dire que ce sont quasiment toutes les oppositions africaines qui sont malades de ce fait. Ainsi, au Cameroun, ce n’est pas que les populations portent leur octogenaire de président dans leurs cœurs. Mais le manque de consensus au sein de l’opposition n’avait rien de rassurant non plus. Alors, elles ont préféré la stabilité du vieux Biya à l’incertitude qu’elles entrevoyaient autour d’une opposition incapable de s’entendre, pour faire triompher des convictions qui sont bizarrement identiques d’un candidat à un autre.
Au Togo, c’est le même virus de la division qui, ayant piqué l’opposition, a permis au fils Eyadema de récupérer le fauteuil laissé vacant par Eyadema père. Succession dynastique ou monarchique, avait-on alors clamé ça et là. A l’évidence, le pouvoir togolais n’est pas le seul responsable.
N’est-ce pas que c’est à ceux qui veulent venir au pouvoir qui doivent trouver les stratégies susceptibles de leur permettre d’arriver à leurs fins ?
Et si tout va bien, c’est le même scénario qui se dessine pour le Sénégal au mois de février prochain. Là également, il n’y a pas à se poser la question de savoir si les Sénégalais ont envie de se débarrasser du vieux Wade.
Mais la vraie question est celle de savoir par qui le remplacer ?
L’opinion avait cru voir un brin d’espoir dans Benno Siggil Senegal. Elle avait notamment pensé que les grosses mobilisations suscitées par le M 23, au cours desquelles se trouvaient les grands partis de l’opposition, avaient offert l’occasion à cette opposition de se mettre au-dessus de certaines querelles. Aujourd’hui, force est de reconnaître que, ce sont ces mêmes querelles qui empêchent le Benno de s’entendre sur le choix d’un candidat unique.
Entre temps, bien entendu, le président Abdoulaye Wade a regagné en confiance. Ce qui n’est pas un moindre atout, quand on aborde une échéance aussi cruciale que celle des élections présidentielles de février prochain.
Ces quelques exemples n’ayant été choisis que de manière tout à fait arbitraire, il faut dire que dans tous les pays africains, le phénomène est le même. A quelques exceptions près ; Siera Leone, Cap Vert, notamment.
Ce qui fait qu’il n’est nullement étonnant, s’il est dit que la mort est très souvent la meilleure occasion d’alternance politique en Afrique. Heureusement que contre cette dernière, la stratégie de diviser pour régner ne marche pas.
Pivi Bilivogui pour GuineeConakry.info
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