(Afriscoop 16/11/2010)
Analyse. (AfriSCOOP Lomé) — Avez-vous visité le Togo ces derniers mois ou semaines ? Il suffit de quitter à peine les frontières terrestre, aérienne ou portuaire de ce pays pour toucher du doigt la paupérisation sans nom qui y sévit. Le Togo a beau avoir repris ses relations bilatérales et multilatérales avec ses principaux bailleurs de fonds, mais cette donne ne se ressent toujours pas dans le panier de la ménagère. Jusqu’à quel seuil cette hécatombe voulue et soigneusement entretenue, de toute vraisemblance, aura-t-elle cours ?
« Patientez encore pendant quelques semaines ; nous sommes presque au bout de nos peines » : voilà en résumé le contenu des rengaines que servent depuis des longs mois, interminables, les dirigeants togolais à leurs compatriotes. Le taux général de pauvreté en terre togolaise s’élève à 62 % (alors que la moyenne est de 40 % en Afrique sub-saharienne) ; mais pais besoin d’être un observateur original pour se rendre compte que le Togolais lambda souffre amèrement à l’heure actuelle.
« Les clients hésitent de plus en plus à mettre la main à la poche », crient par ici les bonnes femmes du marché. « Nos passagers sont devenus des adeptes de la demande de réduction des tarifs », font remarquer par là les conducteurs de motos-taxis et taximen togolais. Pendant ce temps, comme depuis de lancinantes années, le cri du cœur des fonctionnaires demeure le même : « Nous voulons une hausse hic et nunc du niveau de nos salaires ». Une doléance à laquelle le gouvernement semble répondre en promettant un léger mieux, dès l’année prochaine, à travers « l’adoption de la loi de finances gestion 2011 » en conseil des ministres. Une petite augmentation, c’est bien, mais cet acte constitue un crime déguisé quand on refuse de faire mieux ; alors qu’on en a les moyens…
Gestion sincère des finances et dialogue franc avec l’Opposition : le Rpt s’en moque
Depuis la signature de l’Apg (Accord politique global du 20 août 2010), un certain nombre de réformes institutionnelles recommandées par ce fruit de marchandages politiques ont été traduites dans la réalité. Formellement, ces institutions existent, mais matériellement, aucun significatif résultat à leur actif n’est à brandir… C’est le lot de la Cour constitutionnelle remaniée qui a avalisé dans des conditions contestables la réélection de F. Gnassingbé en mars dernier. Et de la Cour des comptes qui est censée faire la lumière sur la gestion des finances étatiques chaque année. Pour l’heure, ses membres inaugurent tout simplement des chrysanthèmes. En tout et pour tout. Les responsables des principales régies financières de l’Etat (que sont les impôts, la douane et le port) peuvent donc continuer à gérer comme ils l’entendent les importantes recettes qui rentrent chaque jour dans leurs caisses.
Devant ce statu quo économique, les hommes forts du Togo (ses dirigeants) trouvent le moyen de continuer à entretenir la pagaille politique, grâce à Gilchrist Olympio et son « Accord de gouvernement signé avec le Rpt ». « Si le régime en place au Togo le veut réellement, en l’espace de quelques semaines, nous pouvons trouver un consensus autour des principales réformes institutionnelles et constitutionnelles prévues par l’Apg », aime à souligner le président du Car (Comité d’action pour le renouveau), Me Dodji Apévon. Un point de vue qui rejoint celui d’une majorité de Togolais. Des points de vue justes et légitimes, car les rentrées financières attendues dans les prochaines semaines par Lomé ne connaîtront pas une utilisation saine et idoine, tant que la tension politique survivra dans le pays. A cette allure, c’est le vocable « Togolais » qui risque de renvoyer dans les prochains mois à des insultes dégradantes ; car il sera synonyme dans la sous-région ouest-africaine d’incapable notoire… Pauvres Togolais. Et dire qu’ils avaient accédé à leur autonomie en avril 1958. Bien avant le « non » historique des Guinéens à la France en septembre 1958.
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