Senegal - Présidentielle 2012: Idy demande à Wade de retirer sa candidature

(Walfadjiri 11/11/2010)

Le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, ne doit plus compter sur son ancien Premier ministre Idrissa Seck pour défendre la recevabilité de sa candidature pour un troisième mandat à la magistrature suprême du Sénégal. ‘Mara’ qui, il y a quelques semaines, suggérait la prorogation du mandat de Me Wade jusqu’en 2014, s’est rétracté après avoir constaté - suite aux explications de juristes chevronnés - que la candidature de son ‘père’ était anti-constitutionnelle et irrecevable.

‘Votre candidature à la prochaine élection présidentielle, annoncée depuis plusieurs mois déjà, suscite débats et interpellations dans l’ensemble du pays’, peut-on lire dans une lettre adressée à Wade depuis Paris par Idrissa Seck qui prend le soin de noter qu’il est ‘membre du Comité directeur du Parti démocratique sénégalais’. Puis l’ancien Premier ministre souligne qu’il lui ‘est inutile au préalable de (lui) rappeler les dispositions de notre parti relatives à la désignation d’un candidat à une élection présidentielle’. Le ‘fils’ qui a signé la lettre par son surnom ‘Mara’, rappelle à son ‘père’ que l’article 20 du règlement intérieur du Pds stipule que le candidat à la présidence de la République est investi par le congrès sur présentation de la Convention nationale ou du Bureau politique. ‘Devant le prononcer en ces circonstances exceptionnelles, je me suis instruit de l’avis éclairé des plus grands experts, quant à la conformité de votre candidature avec les dispositions pertinentes de la Constitution de notre pays’, informe toujours Idrissa Seck. Et son constat est sans appel : ‘Les experts que j’ai consultés sont formels : votre candidature pour un troisième mandat est inconstitutionnelle, donc irrecevable. Le terme de votre mandat en cours est 2012 et ne peut être prorogé.’
Idrissa Seck précise que cette opinion est celle du professeur Guy Carcassone, professeur des Universités, agrégé des facultés de droit dont l’avis est joint à la lettre adressée à Me Wade. Il ajoute aussi que c’est l’opinion des professeurs et docteurs en droit, Pape Demba Sy, Mounir Sy et Ababacar Guèye dont les avis ont été rendus publics. ‘J’ai aussi consulté le distingué constitutionaliste, le professeur Serigne Diop, à ce jour le plus ancien dans le grade au Sénégal. Ses fonctions actuelles l’empêchent de donner un avis public sur la question, mais il serait prêt à vous le communiquer si vous lui en faites la demande, dans le cadre d’une audience’, écrit Idrissa Seck dans cette lettre en date du 4 novembre. Une date qui rappelle le 4 novembre 2009, jour de retrouvailles entre lui et son ‘père’ à Thiès lors de l’inauguration de Senbus.
Dès lors, poursuit ‘Ngor Si’, ‘le compagnon de trente ans de lutte politique que je suis, ayant été votre premier directeur de campagne à l’âge de 29 ans, se prescrit le devoir absolu de vous dire que si vous persistez à présenter votre candidature, malgré l’avis unanime de ces éminents spécialistes, vous faites courir à notre parti le risque d’être absent de cette importante compétition électorale’, explique Idrissa Seck. Qui rappelle à Me Wade le contenu de la loi électorale de notre pays. Or, écrit-il, ‘je ne puis me résoudre à l’idée que le Pds puisse être absent d’une compétition électorale aussi importante pour l’avenir de notre pays. Pas plus que je ne puis me résoudre à ce qu’un des inspirateurs du Nepad et défenseur de la Renaissance africaine, l’un des interlocuteurs privilégiés en Afrique des dirigeants du G.8, soit logé à la même enseigne que Mamadou Tandja du Niger.’
Pour finir, Idrissa Seck exhorte Me Wade à inscrire cette question à l’ordre du jour de la prochaine réunion du Comité directeur du Pds, ‘pour que nous puissions en débattre avec nos frères et sœurs de parti’. Et comme pour interpeller la conscience du ‘Pape du Sopi’, Idy lui dit : ‘Vous avez l’impérieux devoir de rester un exemple, à l’image d’un Mandela ou d’un Lula Da Sylva. La possibilité vous est encore offerte de donner une ultime leçon de sagesse à vos compatriotes et au reste du monde. Je vous prie de ne pas la rater…’

Georges Nesta DIOP
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