(Marianne 16/11/2010)
Devant l'Irak, l'Afghanistan, et le Pakistan, c'est la Somalie qui décroche, cette année, le titre peu envié de pays « à plus fort risque terroriste ». Plus grave, de plus en plus, les services de renseignements soupçonnent l'existence de liens entre les milices islamistes et les bandes de pirates.
Pays sclérosé depuis 1991, en proie au désordre politique, économique et social, où l'Etat de droit n'existe pas, c’est un bien peu glorieux titre que vient de décrocher la Somalie, considérée comme le pays à « plus fort risque terroriste » dans le monde devant le Pakistan, l’Irak et l’Afghanistan. La Somalie a bondi en un an de la quatrième à la première place de l'indice, ayant subi 556 « actes terroristes » de juin 2009 à juin dernier, qui ont provoqué la mort de 1.437 personnes, selon Maplecroft, société spécialisée dans l'étude des risques naturels ou humains.
En Europe c'est en Grèce que le risque est le plus important. Classée dans la catégorie risque élevé, la Grèce dépasse aujourd'hui l'Espagne avec 180 attentats en un an.
La France ne bouge pas et arrive en 44e position en raison des attentats non mortels perpétrés en Corse.
Depuis 2006, le groupe djihadiste somalien al-Shabab, qui a fait allégeance à Al-Qaida, ne cesse de monter en puissance malgré l’intervention de la mission de l’Union africaine. Les islamistes qui contrôlent 80% de la Somalie comptent environ 7.000 hommes.
Des liens entre pirates et terroristes somaliens ?
Récemment, c’est surtout le phénomène de la piraterie au large des côtes somaliennes qui a mis le pays au cœur des préoccupations des services de renseignements occidentaux.
« Le niveau de la violence employée par les pirates s’est accru. En revanche, l’efficacité des opérations maritimes s’est améliorée. En outre, les navires qui se conforment pleinement aux indications de l’OMI et aux meilleures pratiques de gestion élaborées dans le secteur des transports maritimes sont beaucoup moins exposés aux attaques des pirates que les autres » estimait encore le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, le 3 novembre.
Terrorisme et piraterie, des menaces contemporaines pas forcément liées mais dont l’éventuelle collusion, si elle était de grande ampleur, pourraient avoir un effet multiplicateur entraînant des conséquences importantes. D'où l’obsession des occidentaux pour la Somalie aujourd’hui.
Si des cas de rivalités entre islamistes et pirates ont été rapportés, le député UMP du Finistère Christian Ménard, qui a rédigé un rapport parlementaire sur la piraterie, affirme que les services de renseignements n'excluent plus l'existence de liens entre des pirates somaliens et le terrorisme islamique. Dans une interview au Télégramme, il déclarait que « récemment encore, l'ensemble des spécialistes de la question s'entendait pour dire qu'il n'existait aucun lien entre pirates et terroristes. Ce n'est plus le cas. Au tout début, les Shababs - les leaders islamiques intégristes de la Somalie - ont lutté contre la piraterie. On se rend compte qu'il existe aujourd'hui des clans et des sous-clans qui très vraisemblablement s'entendent avec les pirates. Une partie des rançons serait affectée à ces ententes. On n'a pas encore de preuves, mais si cela était avéré, ce pourrait être très grave... ».
Régis Soubrouillard - Marianne
Mardi 16 Novembre 2010
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