(L'Indépendant (cf) 01/03/2010)
En convoquant jeudi le corps électoral pour le 25 avril prochain en vue d’élire le président et les députés, François Bozizé comptait sur l’altruisme de son voisin soudanais.
Selon nos informations, le président soudanais Omar el Béchir a promis à son homologue centrafricain, une enveloppe couvrant tous les frais liés aux processus électoral en cours.
D’après la source, qui parle sous le couvert de l’anonymat, « le budget prévisionnel des opérations de vote, gonflé pour l’occasion parce que tenant compte des marges bénéficiaires du pouvoir, a été transmis au Soudan qui a donné son accord pour décaisser dans les tous prochains jours les fonds nécessaires ».
« Ce n’est pas la première fois que le président centrafricain tente de conduire notre pays les pieds et mains joints dans le giron des sulfureux islamistes », analyse un responsable politique.
La mystérieuse et curieuse mission au Soudan en début de semaine du ministre centrafricain en charge de la sécurité publique, Jules Bernard Ouandé, tend à confirmer cette information. Celui-ci devrait rentrer aujourd’hui à Bangui.
Contacté par L’Indépendant, l’Ambassade du Soudan à Bangui n’a pas souhaité réagir.
Comme le rappelait hier le Coordonnateur de l’Union des Forces Vives de la Nation, Maître Henri Pouzère, « le président de la République ne peut pas ex abstracto convoquer les élections, alors que la CEI [Commission électorale indépendante] n’est même pas encore en place ».
La vitesse et la précipitation de François Bozizé ont désormais une explication : Omar el Béchir. La peur d’un vide constitutionnel à l’issue de son mandat qui s’achève le 10 juin prochain à minuit pousse le président centrafricain et son clan à rechercher des alliances même avec le diable. Pourvu que les élections se déroulent dans le délai prévu par la constitution. « Il ne faudrait pas que l’opposition s’imagine qu’elle aura un gouvernement d’union nationale en cas de vide constitutionnel. Les élections se dérouleront dans les délais », avance un membre du cabinet présidentiel.
Point n’est besoin en effet de rappeler que le président soudanais est recherché par la justice internationale. La cour pénale internationale a émis un mandat d'arrêt contre Omar el Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour le 4 mars 2009.
Que dira la communauté internationale, les États Unis et la France en tête, si c’est cet homme accusé de crime contre l’humanité qui finance les opérations électorales en République centrafricaine ? El Béchir cherche-t-il à se racheter par le biais de la Centrafrique ?
Quoi qu’il arrive, on ne va pas aller aux urnes pour faire la volonté d’un seul homme si les conditions de déroulement d’une bonne élection ne sont pas réunies. Les pétrodollars du Soudan peuvent attendre.
Par ailleurs, nous apprenons d’une source crédible que François Bozizé aurait marchandé à la Guinée Équatoriale, les conclusions du dixième sommet des chefs d’États de la CÉMAC qui se tenait chez lui les 16 et 17 décembre dernier. À en croire la source, le président centrafricain aurait reçu de son homologue équato-guinéen, la coquette somme de 2 milliards de francs CFA afin d’orienter les débats à huis clos en sa faveur. Résultat de la course : la Guinée Équatoriale a raflé au Gabon le poste de gouverneur de la BEAC et son président, intronisé nouveau doyen de la sous région.
Cette recherche effrénée des espèces sonnantes et trébuchantes, traduit la volonté de François Bozizé d’aller vite aux élections et de se proclamer vainqueur contre les aspirations légitimes du peuple centrafricain.
L’opposition démocratique le laissera-t-il faire ? Et la communauté internationale ? La CEI, qui est en pleine effervescence, n’a pas encore procédé aux opérations de base, notamment le recensement du corps électoral qu’on ne connaît point mais qui a pourtant été convoqué.
Chacun doit désormais prendre ses responsabilités.
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