Elu, entre autres, sur la base de son
engagement à vaincre Boko Haram, le général Muhammadu Buhari peine
visiblement à sonner le rassemblement de ses troupes pour aller à
l’assaut de la citadelle de Maiduguri, fief de la secte islamiste où il a
juré de déposer son paquetage pour en faire la base du centre de
commandement des unités mobilisées dans la lutte contre les insurgés
islamistes. Quand on connaît toute la symbolique que représente cette
ville qui passe pour être le bastion de la secte, l’on comprend pourquoi
la déclaration du président Buhari semble avoir décuplé la colère de
son chef, au point de faire de Maiduguri, la ville souffre-douleur
d’Abubakar Shekau et sa bande de criminels qui semblent impatients d’en
découdre avec le nouveau maître d’Abuja. Sans doute pour jauger leurs
forces par rapport au prédécesseur de Buhari, Goodluck Jonathan, qui a
fait preuve d’une mollesse criarde et d’une impuissance inqualifiable
devant l’ennemi. Seulement, à force d’attendre un adversaire qui
n’arrive pas, Boko Haram semble se vouloir se donner du grain à moudre.
Ce, de la façon la plus diabolique qui soit, comme elle sait le mieux
faire : par des attentats kamikazes calculés, pour faire le maximum de
victimes.
Aussi les Nigérians
sont-ils impatients de voir se traduire en actes, les déclarations de
leur nouveau président, d’autant plus que depuis cette annonce, Boko
Haram multiplie les attaques dans cette région. La dernière en date est
ce double attentat meurtrier qui a frappé la ville symbole, le lundi
dernier, dans un marché, à une heure de haute fréquentation,
occasionnant encore et hélas, de nombreuses pertes en vies humaines.
Ainsi, par rapport à sa promesse d’installer le centre de commandement
de ses troupes à Maiduguri, Buhari semble traîner les pieds. Pendant ce
temps, la secte islamiste continue de massacrer des populations
innocentes. Même le mois béni du ramadan ne semble pas constituer une
raison suffisante pour amener ces fous d’Allah à respecter le don le
plus précieux que ce dernier ait fait aux hommes : la vie. Au
contraire, cette période semble, pour eux, une occasion pour faire
couler encore plus de sang. C’est à se demander au nom de quel Dieu ils
agissent. Qu’attend donc encore Buhari
pour passer à l’action ? Car, plus on perd du temps, plus la liste des
victimes de Boko Haram s’allonge.
Les populations de Maiduguri sont en train de payer le prix fort de la déclaration de Buhari
Certes,
depuis sa prestation de serment, le 30 mai dernier, l’on ne peut pas
dire que Buhari a vraiment eu le temps pour enclencher la riposte. Mais
que gagnait-il à déclarer la guerre de façon aussi tonitruante à Boko
Haram, s’il n’avait pas déjà élaboré le plan de riposte immédiate ? En
bon militaire, il est mieux placé pour savoir que quand on va en
guerre, on ne dévoile pas ses stratégies à l’avance, si l’on veut se
donner des chances de surprendre l’adversaire et d’en venir à bout. A
moins d’être trop sûr de soi ! Ce qui peut tout aussi bien réserver des
surprises. Quoi qu’il en soit, plus Buhari tarde à engager la riposte,
plus il apporte de l’eau au moulin de ceux qui pensent qu’il a commis
une erreur stratégique à travers une déclaration qui ressemble
aujourd’hui à une fanfaronnade. Et cela ne peut que contribuer à
redonner de l’allant à la secte qui, petit à petit, est en train de
reprendre du poil de la bête ; elle qu’on croyait pourtant au bord de la
capitulation. A Buhari de prouver maintenant le contraire, car,
visiblement, les populations de Maiduguri sont en train de payer le prix
fort de sa déclaration, déjà que la ville elle-même n’était pas bien
lotie en matière de sécurité. Peut-être serait-il plus indiqué d’agir
dans la discrétion, à l’image de la pieuvre elle-même, pour ne laisser
parler que les faits sur le terrain. So, President Buhari, where are you ?
Outélé KEITA
http://lepays.bf
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