vendredi 26 juin 2015

TRANSFERT DU CENTRE DE COMMANDEMENT DE L’ARMEE A MAIDUGURI : Buhari parle, Boko Haram agit

Elu, entre autres, sur la base de son engagement à vaincre Boko Haram, le général Muhammadu Buhari peine visiblement à sonner le rassemblement de ses troupes pour aller à l’assaut de la citadelle de Maiduguri, fief de la secte islamiste où il a juré de déposer son paquetage pour en faire la base du centre de commandement des unités mobilisées dans la lutte contre les insurgés islamistes. Quand on connaît toute la symbolique que représente cette ville qui passe pour être le bastion de la secte, l’on comprend pourquoi la déclaration du président Buhari semble avoir décuplé la colère de son chef, au point de faire de Maiduguri, la ville souffre-douleur d’Abubakar Shekau et sa bande de criminels qui semblent impatients d’en découdre avec le nouveau maître d’Abuja. Sans doute pour jauger leurs forces par rapport au prédécesseur de Buhari, Goodluck Jonathan,  qui a fait preuve d’une mollesse criarde et d’une impuissance inqualifiable devant l’ennemi. Seulement, à force d’attendre un adversaire qui n’arrive pas, Boko Haram semble se vouloir se donner du grain à moudre. Ce, de la façon la plus diabolique qui soit, comme elle sait le mieux faire : par des attentats kamikazes calculés, pour faire le maximum de victimes.
Aussi les Nigérians sont-ils impatients de voir se traduire en actes, les déclarations de leur nouveau président, d’autant plus que depuis cette annonce, Boko Haram multiplie les attaques dans cette région. La dernière en date est ce double attentat meurtrier qui a frappé la ville symbole, le lundi dernier, dans un marché, à une heure de haute fréquentation, occasionnant encore et hélas, de nombreuses pertes en vies humaines. Ainsi, par rapport à sa promesse d’installer le centre de commandement de ses troupes à Maiduguri, Buhari semble traîner les pieds. Pendant ce temps, la secte islamiste continue de massacrer des populations innocentes. Même le mois béni du ramadan ne semble pas constituer une raison suffisante pour amener ces fous d’Allah à respecter  le don le plus précieux que ce dernier ait fait aux hommes : la vie. Au contraire,  cette période semble, pour eux, une occasion pour faire couler encore plus de sang. C’est à se demander au nom de quel Dieu ils  agissent. Qu’attend donc encore Buhari pour passer à l’action  ? Car, plus on perd du temps, plus la liste des victimes de Boko Haram s’allonge.
Les populations de Maiduguri sont en train de payer le prix fort de la déclaration de Buhari
Certes, depuis sa prestation de serment, le 30 mai dernier, l’on ne peut pas dire que Buhari a vraiment eu le temps pour enclencher la riposte. Mais que gagnait-il à déclarer la guerre de façon aussi tonitruante à Boko Haram, s’il n’avait pas déjà élaboré le plan de riposte immédiate ? En bon militaire, il est  mieux placé pour savoir que quand on va en guerre, on ne dévoile pas ses stratégies à l’avance, si l’on veut se donner des chances de surprendre l’adversaire et d’en venir à bout. A moins d’être trop sûr de soi  ! Ce qui peut tout aussi bien réserver des surprises. Quoi qu’il en soit, plus Buhari tarde à engager la riposte, plus il apporte de l’eau au moulin de ceux qui pensent qu’il a commis une erreur stratégique à travers une déclaration qui ressemble aujourd’hui  à une fanfaronnade. Et cela ne peut que contribuer à redonner de l’allant à la secte qui, petit à petit, est en train de reprendre du poil de la bête ; elle qu’on croyait pourtant au bord de la capitulation. A Buhari de prouver maintenant le contraire, car, visiblement, les populations de Maiduguri sont en train de payer le prix fort de sa déclaration, déjà que la ville elle-même n’était pas bien lotie en matière de sécurité. Peut-être serait-il plus indiqué d’agir dans la discrétion, à l’image de la pieuvre elle-même, pour ne laisser parler que les faits sur le terrain. So,  President Buhari, where are you ?

Outélé KEITA
http://lepays.bf

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