L'alliance électorale prévue entre le chef de l'opposition guinéenne Cellou Dalein Diallo et l'ex-dirigeant de la junte militaire Moussa Dadis Camara était mercredi bien accueillie par des opposants, faisant primer l'intérêt politique sur d'éventuelles considérations morales.
M. Diallo, chef de l'Union des forces de Guinée (UFDG) et ex-Premier ministre, a annoncé dans la nuit de lundi à mardi une prochaine alliance électorale avec Dadis Camara, après l'avoir rencontré la semaine dernière au Burkina Faso, où il est en exil depuis 2010.
"Cette alliance est discutable sur le plan moral mais, sur le plan politique, c’est un bon coup", a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'opposition Aboubacar Sylla, rappelant que "Dadis n'a pas été inculpé de quoi que ce soit, il jouit de tous ses droits".
"Les élections à venir vont se jouer sur les jeux d'alliances et puisque Dadis a encore une grosse influence en Guinée forestière, sa région d'origine, il peut faire basculer la majorité de l’électorat du Sud dans le camp de son choix", a souligné M. Sylla, de l'Union des Forces Républicaines (UFR).
Cellou Dalein Diallo avait été blessé lors de la répression d'une manifestation d'opposants à la candidature à la présidentielle de Moussa Dadis Camara, le 28 septembre 2009 au stade de Conakry (au moins 157 morts, dont de nombreux partisans de l'UDFG, et 109 femmes violées).
Selon Faya Millimono, président du Bloc libéral (BL, opposition), cette alliance "est une très bonne chose".
"Nous sommes en train de sauver le pays d’une nouvelle dictature", a-t-il affirmé à l'AFP, en allusion au président Alpha Condé, estimant que ce rapprochement entre l'opposition, largement soutenue par l'électorat peul, et le capitaine Camara, "va atténuer la souffrance des populations victimes de la division ethnique entretenue depuis un certain temps dans ce pays".
D'autres leaders et analystes politiques ont préféré attendre que cette alliance se concrétise pour la commenter.
L'ex-chef de la junte, qui a annoncé en mai son intention de rentrer en Guinée pour se présenter à la présidentielle du 11 octobre a été entendu à Ouagadougou comme témoin et la justice guinéenne souhaite désormais l'inculper, selon des ONG.
L'opposition accuse le pouvoir de préparer des fraudes à la présidentielle en insistant sur le renvoi des élections communales après ce scrutin et dans sa conduite de la révision des listes électorales.
Le gouvernement rejette ces accusations et a engagé un dialogue avec l'opposition qui a abouti à l'annulation de la date de mars 2016 pour les communales.
africatime.com
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