(Le Pays 05/05/2010)
Le 15 mai, sauf changement de dernière minute, le Rassemblement des jeunes pour la démocratie (RJDP) battra le pavé à Abidjan pour réclamer la tenue des élections, maintes fois reportées. Les Houphouëtistes appellent tous les démocrates du pays épris de paix, de liberté et de démocratie, à les rejoindre dans leur démarche. Il semble bien que la trêve des confiseurs est finie. Les politiciens sont de retour et Laurent Gbagbo, une fois de plus en a donné le ton lors du 1er mai. Ce jour-là, à l’occasion de la célébration de la fête du travail , il a promis la tenue des élections en 2010.
Le meilleur signal de la relance du processus demeure la reprise annoncée du contentieux électoral le 10 mai prochain. On se souvient que cette phase d’identification des électeurs avait provoqué en janvier dernier un clash, savamment exploité par le pouvoir d’Abidjan pour se débarrasser du président de la CEI (Commission électorale indépendante), Robert Beugré Mambé qu’il a soupçonné, à tort ou à raison, de préparer une fraude sur près de 400 mille électeurs potentiels. Ce trophée en poche, le Front populaire ivoirien envisage maintenant le renouvellement des démembrements de la CEI, comme pour la purger de tous les éléments qui ne feraient pas son affaire. Si ce n’est pas une reprise en main de cet organe en charge de préparer l’élection, cela y ressemble fort bien. A moins que cet épisode ne soit inscrit dans le vaste scénario du dilatoire qu’affectionne le clan Gbagbo qui joue permanemment la montre et qui attend le meilleur moment pour organiser et gagner l ’élection. A ce petit jeu, Laurent Gbagbo reste le maître du temps. Jusque-là, on ne voit pas comment quelqu’un pourrait lui forcer la main.
Il exige des listes propres et transparentes, c’est-à-dire nettoyées des électeurs à la nationalité douteuse. Sur les 5,3 millions de personnes présentes sur la liste de la CEI jugée sans problème, le président Gbagbo exige un audit parce que convaincu que de faux Ivoiriens s’y tapiraient. En janvier dernier, ce sont les contestations relatives à la nationalité qui ont conduit aux violences et au blocage du processus de sortie de crise. Ce fut un gros obstacle qui a failli replonger pour longtemps le pays dans la violence. Cependant, rien n’est insurmontable, pour peu que les parties en présence fassent preuve de bonne volonté et de bonne fois. Le contentieux de la liste électorale sera évacué d’une façon ou d’une autre. Mais tout le monde sait qu’après cette étape, le clan Gbagbo posera inéluctablement la question de la réunification du pays comme condition à la tenue d’une élection. Ce sera peut-être un des derniers obstacles à franchir.
Le plus symbolique mais aussi le plus sensible et le plus dur. Connaissant la ruse de l’homme, des obstacles inattendus peuvent sortir à tout moment de son chapeau magique. Le processus de sortie de crise est devenu une véritable course d’obstacles dont Laurent Gbagbo seul connaît le tracé. Une ruse qui devrait obliger les autres acteurs de la sortie de crise à redoubler de vigilance.
Abdoulaye TAO
© Copyright Le Pays
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire