vendredi 9 novembre 2012

La réélection d’Obama vue d’Afrique

La presse africaine n’a pas manqué de commenter la réélection de Barack Obama, dont le père est originaire du Kenya. Quatre ans après son élection historique, le continent attend plus d’engagement de sa part. Morceaux choisis.

Barack Obama « a bien éprouvé de la frayeur », estime le journal Guinée Conakry.info. Selon lui, le président américain réélu est « passé tout près de l’échec » car « moins à l’aise qu’il y a quatre ans... Mais l’essentiel est désormais fait pour Barack Obama », argue Guinée Conakry Info qui salue la victoire « méritée et belle » du dirigeant américain » face au Républicain Mitt Romney. Grace à « cette relative marge de manœuvre, il devrait en faire bénéficier davantage aussi au continent africain », estime le journal.
Le journal souligne également que « l’Afrique en attend beaucoup de Barack Obama ». « Elle voudrait notamment qu’au cours de son second et dernier mandat, le descendant du Kenya qu’est Barack Obama, se montre un peu plus concret dans sa promotion des valeurs démocratiques sur le continent ». Et d’ajouter que « les Africains attendent également de lui qu’il aide un peu plus leur continent à gommer les images stéréotypées de guerres, de famines et d’épidémies qui lui sont souvent associées (...). Ils ne souhaitent plus que l’intérêt que les Etats-Unis leur manifestent soit uniquement guidé par la quête de certaines richesses, par la lutte contre le terrorisme ou encore en raison de la nécessité de contrer le rival chinois ». Et à Guinée Conakry Info de conclure : « Plus que durant le mandat qui s’achève, ils espèrent surtout que Barack Obama saura se défaire de certaines contingences de politique intérieure pour manifester avec un peu plus de fierté son africanité ».
« L’Afrique attend plus d’engagement d’Obama »
Même son de cloche pour le quotidien congolais Le Potentiel qui titre : « L’Afrique attend plus d’engagement d’Obama ». Le journal qui ne mâche pas ses mots affiche sa déception concernant le bilan du chef d’Etat américain sur le continent : « Quatre ans après son élection, l’Afrique se trouve toujours à la case départ. La présence d’Obama à la tête de la première puissance économique et militaire mondiale n’a rien changé sur le sort pitoyable qui continue à s’abattre sur le continent noir ». Le journal souligne notamment que « contrairement au vœu exprimé par le président américain de voir émerger une Afrique des institutions fortes, le continent noir patauge. Pire, il régresse aussi bien en termes de développement que de démocratie ».
Le Potentiel pose la question qui fait « déjà grand débat sur le continent » : « Est-ce que l’Afrique a encore des raisons de croire en son action ? Sera-t-il en mesure de faire ce qu’il n’a pas pu accomplir en quatre ans de présidence ? C’est dire qu’en Afrique, la réélection d’Obama ne soulève pas de vagues. Elle ne crée pas non plus de nouveaux espoirs comme ce fut le cas en 2008. Médusé et presque désabusé, le continent noir observe et attend voir le président américain à l’œuvre », conclut le quotidien congolais. Le Journal du Cameroun, écrit quant à lui qu’il y a « moins de jubilation dans le monde comme ce fut le cas en 2008. Pour Barack Obama, ce sera donc quatre ans de plus, l’espoir en moins ! »
La mort de Ben Laden, une aubaine pour Obama
« Le président Barack Obama a été finalement réélu. Une surprise ? », questionne pour sa part le quotidien algérien El Watan. Réponse du journal : « Oui et non. Oui, parce que presque tous les chefs d’Etat occidentaux ont été balayés par la crise économique mondiale… Sauf Obama ». El Watan ne manque pas de rappeler la mort de Ben Laden, ex-chef d’Al Qaida. « Ce fut, estime le journal, le tournant pour Barack Obama, qui a résolument mis le cap sur le deuxième mandat ». Selon le quotidien algérien, « le coup s’est avéré être un succès spectaculaire. Pour fêter la douleur du dixième anniversaire du 11 septembre, le président Obama a annoncé aux Américains et au monde entier qu’il a tué Ben Laden. Un beau trophée de guerre pour la (re)conquête de la Maison-Blanche ! Mine de rien, le désespéré Obama a pu sortir la tête du désastre de la crise économique. Grâce à Ben Laden, le monde s’est tenu en garde-à-vous devant Obama ».
Toutefois pour El Watan, ses « promesses d’un monde meilleur ne se vérifient pas forcément quatre ans plus tard. Son discours historique du Caire a certes touché les cœurs des Arabes et des musulmans. Mais à l’arrivée, ils ne retiennent que les belles paroles, les formules magiques d’un homme qui sait parler, qui sait respecter ». Le journal poursuit : « Les Palestiniens, à qui il a promis de vivre dans leur Etat indépendant, constatent aujourd’hui le gap qui sépare le discours de la réalité. Bien qu’il ne soit pas le meilleur ami de Netanyahu, Obama n’a tout même rien pu faire pour freiner la machine de guerre israélienne qui s’est acharnée sur Ghaza en 2009… Il n’a pas non plus arrêté la course effrénée à la construction de colonies sauvages sur les terres des Palestiniens ».
« Mais le fait qu’il soit réélu est certainement une très bonne nouvelle pour tout le monde, indique le journal. On sait désormais que le nombre de racistes aux Etats-Unis est nettement inférieur à ce qu’on croyait. Que les Américains partagent majoritairement sa volonté de changer les choses et de rendre son pays plus « humain ». Ils sont aussi conscients qu’il est l’homme qu’il faut pour se départir de cette image détestable de gendarme du monde, qui plus est injuste ». Désormais, selon El Watan, « il reste au président Obama à convaincre le monde, mais surtout les Arabes et les musulmans, qu’ils ne sont pas son passe-temps préféré ». Et à El Watan de conclure : « Barack Obama dispose désormais d’une belle occasion d’entrer dans l’histoire de l’humanité comme le plus puissant pacifique homme au monde. Wait and see. » Une perspective que la presse africaine se chargera de suivre avec attention.

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