(L'Observateur Paalga 26/11/2012)
Hier Laurent, aujourd'hui Simone Gbagbo ; ce n'est donc pas pour demain la fin du calvaire des anciens dignitaires ivoiriens, contraints depuis la chute du palais de Cocody, le 11 avril de l'an 2011, à la clandestinité ou aux tristes réalités des maisons carcérales, et pour cause.
A quoi les disciples pouvaient-ils, en effet, s'attendre si le "messie" de Mama, lui-même, déchu de son trône dans la pire des humiliations, rumine, depuis le 30 novembre 2011, son règne tumultueux entre quatre murs, à mille lieues de sa Côte d'Ivoire natale à la Cour pénale internationale (CPI).
La grave crise postélectorale poursuit l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, qui ne sera certainement pas le seul à en répondre devant le tribunal de la Haye, tant ils sont une foultitude, les acteurs de la scène aujourd'hui suspectés de crimes contre l'humanité, de génocide et autres viols.
Grande ne fut donc pas la surprise d'apprendre, ce jeudi 22 novembre 2012, qu'après avoir mis le mari hors d'état de nuire, la Cour pénale internationale du nouveau procureur, Fatou Bensouda, a désormais dans le viseur l'ex-première dame de Côte d'Ivoire, la bien-nommée Simone Gbagbo, contre qui un mandat d'arrêt international a même été lancé.
Sauf erreur ou omission, c'est la première fois qu'une femme est recherchée par cette fameuse Cour.
Simone le doit-elle à son ancien statut de dame de fer qui faisait trembler plus d'un depuis l'accession, en 2000, de son illustre époux à la magistrature suprême ?
En tous les cas, même un homme aurait frémi à l'énoncé de ses chefs d'inculpation. Mais depuis la descente aux enfers de l'ancien couple présidentiel ivoirien, nous sommes sur des sentiers battus qui ne sont pas sans conforter le sentiment d'injustice d'une partie des Ivoiriens. Gbagbo et les siens sont-ils, en effet, les seuls diables à hanter les rives de la lagune Ebrié ?
Pas sûr, tant ils sont rares, les protagonistes de la crise ivoirienne dont les mains ne seraient pas tachées de sang.
Que celui qui y a brandi une rose à la place de la tristement célèbre kalachnikov lève le doigt !
Difficile de ne pas croire à une chasse aux sorcières au royaume de Ouattara vu que, dans le même temps, certains anciens bandits armés, qui, hier encore, semaient la mort dans leur longue marche sur le palais de Cocody, sont aujourd'hui gratifiés de strapontins s'ils n'ont pas simplement reçu l'absolution suprême.
La fatwa de la Cour pénale internationale, si elle est mise à exécution, ne pourra donc que militer contre la consolidation de l'œuvre de réconciliation nationale et de cohésion sociale, si chères à Alassane Dramane Ouattara ; heureusement que le gouvernement ivoirien, même dans sa croisade contre l'impunité, a toute la latitude d'accéder ou non à la requête de Fatou Bensouda.
Mais pourra-t-il seulement opposer une fin de non- recevoir aux pressions de la Cour internationale, qui ne cesse de fustiger le balbutiement de la justice ivoirienne, en même temps qu'Amnesty international, elle aussi, fait des pieds et des mains pour que Simone soit transférée à la CPI sans délai afin de permettre une pleine coopération dans l'enquête de l'instance judiciaire internationale ?
Rien n'est moins sûr.
Et si, d'aventure, Simone Gbagbo, après sa réclusion à Odienné dans le nord ivoirien, devait porter sa croix jusqu'à la Haye, on est bien curieux de savoir si le règlement de la prison de Scheveninger permet de mettre un couple, présidentiel soit-il, dans la même cellule.
Ne séparez pas ce que Dieu a uni, nous enseignent les Saintes- Ecritures ; en réclamant la tête de l'épouse à la suite de celle de l'époux, la Cour pénale internationale voudrait-elle alors réunir dans ses geôles l'ex-couple présidentiel ivoirien pour le meilleur et pour le pire ?
Bernard Zangré
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