lundi 19 novembre 2012

Election à l’UMP: l’Afrique doit-elle en rire ou en pleurer?

Ainsi, le duel entre Jean-François Copé et François Fillon pour décrocher la présidence de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) est plus fratricide que jamais. Au soir du dimanche 18 novembre, les urnes ont renvoyé à la France et au monde une UMP divisée, martyrisée, sans véritable boussole. L’élection qui aurait dû tout régler et redonner à la première force politique de l’opposition française tout son mordant et son unité, l’a profondément écartelé. Au moment où j’écris ces lignes, on cherche toujours la vérité des urnes pour départager enfin les deux protagonistes de cette compétition électorale.
Chacun dans son coin sur le ring de l’UMP, Jean-François Copé et François Fillon ne lâchent rien. Et donnent presque coup pour coup. Au-delà du fait que chacun revendique la victoire de ce pugilat électoral, les soupçons de tricherie, de fraude donc, qui ont émaillé le scrutin finissent de décrédibiliser un exercice électoral à haut risque. Et l’on se rend seulement compte que l’élection de dimanche dernier à la présidence de l’Union pour un mouvement populaire est aussi le premier vrai exercice d’apprentissage démocratique interne au parti cher à Nicolas Sarkozy. Elu, et non plus désigné par acclamation, le président de l’UMP devrait donc gagner son fauteuil de haute lutte, au prix d’une campagne réussie et d’une adhésion conséquente des militants à sa vision, à sa capacité à mener au mieux les mutations du moment.Seulement voilà! Personne, sans doute, n’avait compté avec cette fracture. Alors que tous les sondages – les fameux sondages! – sympathisaient avec une élection facile de François Fillon à la tête du parti, les militants, eux, ont décidé de jouer les trouble-fête dans les urnes en amenant Jean-François Copé à hauteur de son challenger. En renvoyant ainsi dos à dos fillonistes et copéistes qui, depuis la nuit dernière, s’arc-boutent chacun sur leurs chiffres, les électeurs ont-ils voulu disqualifier les deux duellistes de cette bagarre qui rythme le quotidien de l’UMP depuis plusieurs mois? A présent que l’on compte et recompte les bulletins pour savoir qui a raison, on peut au moins avancer sans risque de trop se tromper que les stigmates de cette fracture se dissiperont difficilement, quels que soient par ailleurs les résultats finaux qui s’imposeront à tous.Cependant, bien qu’elle ne soit que partisane, cette élection n’est pas moins regardée en Afrique comme un contre-exemple de la vertu démocratique que ceux de l’Occident sont enclins à vouloir imposer sur le continent noir. Quelle leçon Jean-François Copé peut-il encore nous donner demain sur une quelconque bonne conduite électorale? En s’autoproclamant président de l’UMP sans attendre les résultats officiels, le chantre de «la France décomplexée» - qui aura toutefois montré, alors qu’on le donnait significativement battu à tous les coups, qu’«il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué» - a perdu une occasion de faire grandir l’UMP.
Et même si la Commission d’organisation et de contrôle des opérations électorales (la fameuse Cocoe dont on attend qu’elle fasse enfin s’élever dans le ciel embrumé du paysage politique français la fumée blanche de la vérité) lui donne finalement raison, il aura commis le péché de la précipitation. Reste à savoir, dans les conditions actuelles, si sa main tendue sera franchement saisie par un François Fillon, sans doute amèrement déçu de n’avoir pas réglé son compte au jusque-là secrétaire général de l’UMP, au sortir des urnes, proprement et indiscutablement.Mais la bagarre franco-française de l’UMP constitue également un bon miroir pour l’Afrique qui s’étonne et/ou se réjouit de ce que même en France, on sait bourrer les urnes, s’autoproclamer vainqueur et/ou ne pas reconnaître sa défaite. Il n’y a plus rien à dire, dans ce village qu’est devenu notre monde, chaque voisin copie sur l’autre. Espérons toutefois qu’au plus profond du désespoir, force reste aux institutions, qui proclament et imposent la seule vérité des urnes, pour que, foi de Barack Obama, les hommes prétendument forts débarrassent le plancher… Partout!
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