(L'Observateur Paalga 27/11/2012)
Le bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) dit soupçonner le groupe islamiste Boko Haram de crimes contre l’humanité ayant entraîné la mort de plus de 1 200 civils depuis 2009. La nouvelle intervient quelques heures seulement après l’attaque d’une unité spéciale de la police à Abuja, la capitale fédérale. La veille dimanche, un double attentat suicide contre une église faisait 11 morts et une trentaine de blessés dans une caserne du Nord-Nigeria. Les derniers d’une longue liste de crimes attribués à la secte fondée il y a une dizaine d’années par Mohamed Yusuf.
A ses débuts, le groupe, lequel retient aujourd’hui toute l’attention du procureur de la CPI, Fatou Bensouda, n’était qu’un mouvement religieux antioccidental et contestataire qui, à l’instar de tant d’autres, tentait de combler l’incurie des partis progressistes. En juillet 2009, une flambée de violence oppose ses adeptes aux forces de l’ordre, faisant des centaines de victimes dans les rangs de la secte. Au cours des combats, Mohamed Yusuf est capturé et exécuté. Mais au lieu d’éloigner le danger, la mort du leader aura eu pour seul effet de radicaliser ses ouailles.
Depuis, le géant nigérian peine à contenir la menace croissante que représente la pieuvre Boko Haram. Le monstre à têtes multiples n’a cessé de multiplier attentats et attaques contre les forces de sécurité, les responsables gouvernementaux et les lieux de culte chrétiens : ainsi, entre juillet 2009 et début février 2011 elle a revendiqué 164 attaques, attentats suicide, exécutions et braquages perpétrés jusqu’au cœur de la capitale fédérale. On estime encore que les violences qui lui sont attribuées et la répression qu’elles ont engendrée auraient fait plus de 3 000 morts.
On comprend dès lors la décision du bureau du procureur de la CPI de «passer à la phase 3 de l’examen préliminaire» pour déterminer si les autorités nigérianes mènent des enquêtes contre les personnes qui semblent porter la plus large part de responsabilité pour de tels crimes».
Qualifié par certains de «democrazy» (démocratie folle) à cause des nombreuses convulsions qui ne cessent de le parcourir, le Nigeria aura bien du mal à répondre aux exigences de La Haye. Ainsi, la démarche, aussi louable qu’elle soit, a toute les chances de se heurter à un mur, ou plutôt à la force d’inertie d’un géant handicapé par ses pieds d’argile.
H. Marie Ouédraogo
© Copyright L'Observateur Paalga
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire