vendredi 2 novembre 2012

Santé en Afrique : Awa Marie Coll Seck prône un financement local pérenne et régulier

Written by Ama
Le financement local est la meilleure manière de régler les problèmes de santé en Afrique. Pour ce faire, les pays africains doivent revoir leur système de santé, renforcer la gouvernance, mais aussi et surtout orienter les budgets vers la satisfaction des besoins des populations. Telle est la conviction du ministre de la Santé et de l’Action sociale, Awa Marie Coll Seck. Elle animait, mercredi dernier, une conférence sur les défis de santé en Afrique dans le cadre du colloque international de l’Académie des sciences.

En matière de santé, l’Afrique est véritablement à la traîne. Quelques chiffres pour l’illustrer : avec 11 % de la population mondiale, le continent enregistre 49 % des décès maternels, 50 % des décès des enfants de moins de 5 ans et 67 % des cas de Vih/Sida. En 2011, l’espérance de vie ne dépassait pas 56 ans au moment où, dans les pays du Nord, ce chiffre monte jusqu’à 78 ou 80 ans. Ces statistiques alarmantes ont été données par le Pr. Awa Marie Coll Seck, ministre de la Santé et de l’Action sociale, membre de l’Académie des sciences et technique.
Malgré tout, elle a estimé que, dans l’ensemble, « les populations africaines sont en meilleure santé, même si c’est encore précaire. Car elles vivent plus longtemps qu’en 1990, année de référence des Objectifs du millénaire pour le développement ; l’expérience de vie étant passée de 52 ans à 56 ans en 2011 ». Les causes de ce faible chiffre sont imputables, selon elle, aux nombreux problèmes de santé dans les pays africains, notamment la mortalité infanto-juvénile. « Bien que des progrès aient été réalisés dans les pays africains, seul un nombre limité parmi eux sont en bonne voie pour atteindre les Omd à l’horizon 2015 », a noté Mme Seck. En effet, en Afrique, les écueils pour un système de santé performant ont pour noms insuffisance des ressources allouées à la santé, difficultés d’accès aux services de santé de qualité, aux médicaments et autres produits essentiels, faiblesse du plateau technique et des structures de références, surendettement des hôpitaux de référence, insuffisance du personnel de santé, problèmes de gouvernance, insuffisance de la coordination et de l’harmonisation des interventions des différents acteurs, déficit dans l’encadrement et la capitalisation de l’offre sanitaire privée, faible impulsion de la collaboration multisectorielle et du partenariat… « Ce sont là des défis que les pays africains doivent relever pour pouvoir disposer d’un bon système de santé », a dit le ministre.
Insuffisance des ressources
Mais, de toutes ces questions, celle qui constitue la priorité des priorités à ses yeux, c’est bien l’insuffisance des ressources financières. Pour Awa Marie Coll Seck, le financement des investissements dans la santé demeure un défi majeur, en dépit de tous les engagements de la plupart des gouvernements africains de consacrer 15 % de leur budget à la santé lors de la déclaration d’Abuja en 2001. « Aujourd’hui, seuls deux pays atteignent ce taux. La plupart des pays tournent autour de 10 %, certains sont encore autour de 5 %. Comment voulez vous qu’il y ait une bonne santé des populations ? La santé a un coût », a martelé le ministre. A l’en croire, ces éléments montrent que, au plan financier, les problèmes de santé n’ont pas été bien pris en compte de la manière la plus adéquate possible dans les politiques de gouvernement des pays africains.
Aussi, reste-t-elle persuadée qu’il est important d’assurer la pérennité et la régularité du financement de la santé. Partant de là, Awa Marie Coll Seck juge que la meilleure manière de régler les problèmes de santé dans le continent africain, c’est d’avoir un financement local. « On ne doit pas tout attendre de l’extérieur. Nos pays doivent améliorer impérativement leur système de santé, renforcer leur gouvernance, mais aussi et surtout orienter leur budget vers la satisfaction des besoins des populations », a estimé le ministre.
Couverture médicale
Concernant le Sénégal, dans la perspective de prendre en compte ces différents défis, Mme Awa Marie Coll Seck a rappelé que son département a lancé, en septembre dernier, une concertation nationale qui va s’atteler à identifier les réformes à entreprendre dans le secteur de la santé et de l’action sociale pour renforcer, de manière durable, l’accès aux services de santé de qualité et à la prévention, dans un contexte de gouvernance améliorée et de gestion axée sur les résultats. Mieux, elle a annoncé que le gouvernement du Sénégal, conscient que le défaut d’équité dans l’accès aux soins contribue grandement à l’inefficacité du secteur de la santé, a adopté une politique de couverture médicale universelle et s’est organisé pour son application réussie au profit de toutes les populations. A ce propos, le Sénégal veut suivre les traces du Rwanda. « L’expérience du Rwanda, où le taux de couverture est de 91 %, dont 86 % sont assurés par les mutuelles de santé, constitue un encouragement pour le Sénégal, qui n’est qu’à 26 % de taux de couverture médicale. On a un long chemin à parcourir, mais la volonté politique est là, et c’est l’une des options fondamentales si nous voulons permettre aux populations d’avoir accès aux soins », a affirmé le ministre.
Esperance de vie : Le Sénégal dépasse la moyenne africaine
Au Sénégal, l’espérance de vie dépasse celle de la moyenne africaine. Elle est de 59 ans contre 56 en Afrique. La révélation est du ministre de la Santé et de l’Action sociale. « Dans notre pays, celle-ci est de 59 ans contre une moyenne africaine de 56 ans. Bientôt, on peut arriver à 60 ans », a dit le Pr. Awa Marie Coll Seck.

Elhadji Ibrahima THIAM
Le Soleil Online ©

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