(Agence Ecofin 21/11/2012)
(Agence Ecofin) - A l’heure du remaniement du gouvernement ivoirien, beaucoup d’observateurs s’interrogent sur la capacité du nouveau pouvoir à mettre de l’ordre dans le système, tant les intérêts multinationaux y ont pris pied. Les informations parues récemment dans la presse ivoirienne sur la soudaine fortune des proches du ministre Charles Koffi Diby laissent entrevoir la pointe de l’iceberg. La réalité est d’un tout autre volume.
Ces derniers jours, l’agence Ecofin a reçu plusieurs informations concernant la gestion du DUS et des finances publiques. Parmi elles, celle-ci émanant d’une source suffisamment fiable pour être publiée :
Relativement aux décotes sur le DUS dans le cadre des anticipations, elles peuvent être assimilées à des frais financiers sur des opérations de prêt.
Les avances sur le DUS peuvent être considérées comme un concours financier.
Pratiquement tous les exportateurs importants ont participé aux opérations d’anticipations de DUS. Il s’agit de Cargill, ADM, SACO, Outspan, Armajaro, Olam, etc.
Le mécanisme des rétro-commissions consiste à accepter des coûts financiers très élevés dans les opérations financières de l'Etat, y compris les intérêts et les commissions anormalement élevés, en vue d’une rétrocession partielles aux décideurs publics.
Les crédits relais remboursés par des obligations cautionnées (OC) font quelquefois l’objet de sur-remboursements, qui sont transférés ensuite sur les comptes privés de certains membres de l’équipe restreinte. Dans les cas des anticipations de DUS ou d’autres recettes publiques, et des diverses émissions, les commissions, frais et débours très élevés sont payés à des intermédiaires, qui rétrocèdent une partie, généralement en cash, aux membres de l’équipe restreinte.
L’équipe restreinte en charge de ces dossiers, coiffée par le ministre des Finances en personne, comprendrait, entre autres, un ancien DG du trésor, un chargé de mission, une conseillère très proche du ministre, elle-même belle sœur d’un autre ministre, un conseiller spécial et oncle du ministre, tous des personnes de « confiance ». Très souvent les opérations de prêt sont traitées par les membres de cette équipe sans que le DG du Trésor en soit informé dans les détails.
L’opération Iroko reste sans doute la plus emblématique : une émission de titres publics placés sur le marché international (à Londres) en 2007-08, en transitant par une grande banque panafricaine. Cette opération, alors que la Côte d’Ivoire n’était autorisée à intervenir que sur le marché régional, a donné lieu au paiement de commissions très importantes ; rien que la commission de transit encaissée par la banque pour un montant de 40 milliards se serait élevée à 1 milliard.
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