Choux blanc pour les revendications démocratiques, carton plein pour la coopération militaire. François Hollande a achevé vendredi soir à Yaoundé sa tournée africaine express. Après avoir défendu les valeurs démocratiques au Bénin, les avoir reléguées au second plan en Angola derrière les enjeux économiques, le président de la République s'est heurté à un mur au Cameroun. En l'occurrence Paul Biya, 82 ans, au pouvoir dans le pays depuis 1982, et qui n'envisage pas de le quitter, du moins pour l'instant.
«Les élections camerounaises de 2018 sont certaines mais encore lointaines. Nous avons encore le temps de réfléchir», a indiqué Paul Biya lors d'une conférence de presse commune avec François Hollande. «Je ne suis pas a la tête d'un État par la force, je n'ai pas acquis le pouvoir de manière dictatoriale. J'ai toujours été élu par le peuple», a fait valoir le président camerounais qui a brandi une maxime: «Ne dure pas au pouvoir qui veut mais qui peut». Ce qui n'a pas empêché François Hollande de glisser quelques allusions à cette longévité record. «Il ne peut pas y avoir de développement sans démocratie».
Un allié encombrant
Mais le président de la République était en réalité plus préoccupé par la coopération militaire avec le Cameroun face à la menace de Boko Haram. Cette semaine, le groupe terroriste a encore provoqué plus d'une centaine de morts au Nigeria, pays voisin du Cameroun. «La France se tient au côté du Cameroun pour faire face à la menace de Boko Haram», a assuré François Hollande. «Nous ne ménageons aucun effort contre les forces obscurantistes», lui a répondu en écho Paul Biya. Avec l'aide de Paris qui participe à la formation des militaires Camerounais. «Nous sommes devant cette réalité, le terrorisme», a ensuite prévenu François Hollande devant la communauté française en appelant à la solidarité militaire, sécuritaire. «Il faut faire en sorte que nous puissions nous protéger».La menace est en tout cas suffisamment sérieuse pour que le chef de l'État n'hésite pas à s'appuyer sur cet allié encombrant. Et affiche également un profil bas sur la question des droits de l'homme. Avant d'arriver à Yaoundé, il espérait pouvoir obtenir la libération de l'avocate franco-camerounaise Lydienne Yen Eyoum, condamnée à 25 ans de prison pour détournement de fonds publics. Au palais présidentiel, au côté de Paul Biya, il s'en est tenu à une position prudente, laissant son homologue renvoyer à l'indépendance de la justice.
lefigaro.fr
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